Saint-Basile : la Ville veut le 200, rue Principale
Le conseil municipal de Saint-Basile-le-Grand a déposé un avis de motion, le 7 juin en assemblée régulière, afin d’acquérir l’immeuble du 200, rue Principale. C’est à cette adresse qu’avait pignon sur rue le bar Le Huard.
Le projet de règlement n° 1173 déposé la semaine dernière autorise une dépense et un emprunt de 900 000 $. La somme requise pour l’achat du bâtiment.
C’est dans une vision d’augmenter leur offre de services en matière de loisirs et de définir et protéger le noyau villageois que les élus de Saint-Basile-le-Grand ont déposé cet avis de motion.
« On ne peut pas dire une aubaine, mais une opportunité qui deviendra, avec le temps, une aubaine. » – Yves Lessard
Une séance extraordinaire s’est tenue lundi dernier afin que le conseil procède à l’adoption du règlement n°1173, et ce, « afin d’obtenir dans les délais requis l’autorisation du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) ».
En assemblée régulière le 7 juin, le maire, Yves Lessard, a expliqué la démarche : « La somme de 900 000 $ permet de couvrir tous les éléments entourant l’acquisition d’une telle propriété, incluant le coût de la propriété. La démarche constitue une opportunité. On ne peut pas dire une aubaine, mais une opportunité qui deviendra, avec le temps, une aubaine. »
Selon M. Lessard, « rares sont les bâtiments de cette qualité qui deviennent disponibles et qui peuvent constituer un élément structurant du parc immobilier de la Municipalité ». Puis d’ajouter : « Les espaces disponibles se font rares. L’emplacement du bâtiment permettra de revitaliser le noyau villageois et de dynamiser cette artère commerciale, parfois oubliée. Profitons du 150e anniversaire de Saint-Basile-le-Grand pour léguer aux générations futures un autre lieu propice à la tenue d’activités sportives, récréatives, artistiques, culturelles et communautaires favorisant l’épanouissement de l’ensemble de la communauté. »
La Ville deviendrait ainsi propriétaire de ce bâtiment, au même titre qu’elle l’est pour, par exemple, l’édifice Jeannine-Trudeau-Brosseau (le Club de La Gerbe dorée), l’édifice Léopold-Bouchard (le Centre de bénévolat), la Maison scoute Le castor dévoué, le chalet Denis-Germain (la Maison des jeunes La Butte)…
En entrevue avec Les Versants, le maire est revenu sur cette idée d’occasion à ne pas rater. Parfois, il y a de ces opportunités qui ne sont pas saisies, comme celle-ci, il y a plusieurs années. « La Caisse avait offert à la Ville de lui acheter le bâtiment du 206, rue Principale pour une somme de 300 000 $. À l’époque, la Municipalité avait refusé, mais elle a déboursé avec le temps une somme de 615 000 $ en frais de location. Ce n’est pas un reproche au conseil de l’époque, mais ce n’était pas la bonne chose à faire. Aujourd’hui, on se retrouve avec une situation semblable, une opportunité, avec le 200, rue Principale », raconte Yves Lessard.
Celui-ci ajoute que le cœur villageois, dans lequel se situe ce bâtiment du 200, rue Principale, est non seulement voisin de l’hôtel de ville, mais il fait aussi partie d’un « environnement enchanteur ». Il insiste : « Il y a de quoi d’important à faire là. Le conseil en est à réfléchir pour définir l’usage de ce bâtiment afin que sa vocation en soit une inclusive, dynamique et à l’image des besoins de la population. »
Le Service des loisirs, de la culture et de la vie communautaire a proposé divers projets et/ou usages pour la vocation future de cet immeuble. « Ce serait hasardeux d’annoncer quelque chose maintenant parce que les suggestions sont multiples », d’ajouter le maire Lessard.
Pas de valeur patrimoniale
Le journal a aussi questionné Richard Pelletier sur le sujet. Ce dernier est président de la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand. Le conseiller municipal mentionne que le bâtiment du 200, rue Principale, n’a aucune valeur patrimoniale. Il a été construit en 2006. « Mais il est respectueux du caractère du cœur villageois et cet emplacement est très chargé d’histoire, répond-il. Sa grande galerie, à l’ancienne, est invitante. Le commerce en face occupe la plus ancienne maison du cœur villageois. Je peux imaginer plein d’activités d’animation autour du 200. Si le bâtiment n’est pas aujourd’hui patrimonial, il le deviendra au fil du temps. Le patrimoine, c’est ce que l’on souhaite léguer aux générations suivantes. »
Rappelons que la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand a déjà consacré un livre au cœur villageois intitulé Son cœur de village.
Le 200, rue Principale partage un terrain avec la mairie. Puis son stationnement jouxte celui de l’édifice Léopold-Bouchard, une autre propriété municipale. « Il se crée ainsi un grand ensemble municipal… », fait remarquer Richard Pelletier.
Une sorte de pôle civique?
On pourrait presque s’imaginer le fameux pôle civique présenté dans le Plan d’urbanisme de Saint-Bruno-de-Montarville en 2017. Un projet qui n’a encore jamais vu la moindre avancée. Rappelons que dans le Plan d’urbanisme de Saint-Bruno, l’actuel hôtel de ville, le bureau technique et la caserne de pompiers auraient constitué le pôle civique. Celui-ci regrouperait les bureaux administratifs de la Ville et divers services aux citoyens pour constituer une partie du pôle civique proche de l’hôtel de ville. On devait y retrouver aussi une nouvelle bibliothèque et une salle multifonctionnelle. C’est ce qui était présenté pour Saint-Bruno-de-Montarville.
À Saint-Basile-le-Grand, dans le même espace triangulaire, on retrouverait la mairie, la bâtisse du 200, rue Principale, ainsi que le 50, montrée Robert (Centre de bénévolat).
« On pourrait rêver à un cœur villageois différent, évoque Richard Pelletier. Aujourd’hui, ce cœur se définit du côté des bâtiments institutionnels et résidentiels de la rue Principale. Pourquoi ne pas le faire battre aussi sur la montée Robert? Plus un cœur villageois est fréquenté et apprécié, plus fort est le désir d’en protéger le patrimoine. »
Enfin, sur la montée Robert, d’autres bâtiments sont actuellement à vendre. Quand on lui demande si la Ville devrait acquérir d’autres immeubles, M. Pelletier déclare qu’il ne voit pas pourquoi, à moins d’un besoin bien précis. « Les villes ne peuvent pas sauvegarder le patrimoine en se convertissant en gestionnaires de parcs immobiliers. Le 200 est l’occasion de créer quelque chose, d’animer le coin. Le secteur privé suivra », conclut-il.