Saint-Basile : la fin d’une institution 

Le restaurant Le St-Bazile ferme ses portes. L’annonce s’est propagée rapidement dès le 22 février. Deux jours plus tard, les derniers plats étaient servis dans ce lieu de rendez-vous de Saint-Basile-le-Grand.   

« Nous fermons pour des raisons financières et familiales », exprime au journal le propriétaire du Resto Le St-Bazile, Peter Tsalamandris.

Le commerce de restauration, une institution à Saint-Basile-le-Grand, servait la clientèle depuis 46 ans. Sa fermeture rappelle celle du Sun Wah, à Saint-Bruno-de-Montarville, qui, après plus de 50 ans à offrir des mets chinois, avait fermé ses portes en juin 2017. 

« Ce n’est pas une décision improvisée, assure Peter Tsalamandris. C’était une décision très difficile à prendre, que nous avons mûrie longuement. Je sais que c’est triste. Ça fait de la peine à bien des gens. Mais il faut tourner la page. »

Des temps difficiles

Puis, au journal, le restaurateur confie que les affaires étaient de plus en plus difficiles. « Sans dire que ça allait mal, la business allait moins bien. C’est difficile d’avoir un restaurant. Il y a de plus en plus de compétition. »

Les difficultés remontent au temps de la pandémie. Depuis, les coûts ont augmenté. Des salles à manger ont fermé, dont certaines à Saint-Basile-le-Grand. « C’est moins rentable, des commerces de ce genre. Les gens sont attirés vers les chaînes de restaurants », plaide-t-il.

Quand on lui parle des commerces de restauration qui ont poussé en 2018 de l’autre côté de la route 116, à l’intersection de la montée des Trinitaires, Peter Tsalamandris admet que l’arrivée de ces entreprises lui a nui. « Depuis, c’est plus difficile. Mais c’est correct aussi d’avoir différents restaurants, de la variété. Le St-Bazile n’est pas une chaîne, mais un restaurant familial. Rien n’était congelé. Tout était frais. » 

Réactions 

À la suite de l’annonce, le 22 février, et après le message d’au revoir qui a suivi le 24 février, les réactions se sont multipliées sur les réseaux sociaux. « La fin d’une grande tranche de vie », « Merci pour tous les beaux souvenirs. Vous faites partie de nos vies! », « Ce restaurant fait partie de mon enfance », ou encore « Quelle tristesse » et aussi « Tout un chapitre de notre vie se ferme aujourd’hui » ne sont que quelques-uns de la centaine de commentaires qui ont été publiés.

Le 3, rue Savaria était une institution à Saint-Basile-le-Grand. Peter Tsalamandris acquiesce quand on lui en fait la remarque.

« C’est vrai. Pour plusieurs personnes, c’était le restaurant de leur enfance. Le restaurant du village où ils ont grandi. »

Puis, il souligne qu’avant 1995, alors que la population grandbasiloise n’avait pas encore « explosé », le commerce de restauration qui se faisait alors appeler « Le Grec » était le seul restaurant en ville.

Questionné par le journal, le président de la Société d’histoire de Saint-Basile avait ces propos concernant les propriétaires et l’endroit. « Pratiquement toutes les familles grandbasiloises sont allées y manger. On disait que c’était le meilleur restaurant chinois de la région… et le meilleur restaurant italien… et le meilleur restaurant grec, bien sûr », commente Richard Pelletier.

Puis il reprend. « Pendant plusieurs années, on y accueillait le Club Optimiste local, qui en avait fait son siège social au sous-sol. Il y avait d’ailleurs une affiche identifiant le Club à l’entrée. Grégory se joignait généreusement au Club afin d’offrir le petit déjeuner du père Noël aux enfants de la municipalité, accompagnés de leurs parents. La Société d’histoire y a tenu pendant un bon moment ses » Mardis du patrimoine « , accueillant les citoyens dans la salle vitrée, prêtée gracieusement par Grégory. Oui, c’était un restaurant, mais c’était aussi un lieu communautaire à sa façon », raconte-t-il. 

Une vingtaine d’employés  

La fermeture du Resto Le St-Bazile entraîne la perte d’emploi d’une vingtaine de travailleurs. Des étudiants pour la plupart, à statut temporaire ou encore à temps partiel. Annoncer la fin de l’aventure aux jeunes a été très ardu pour le propriétaire. « Nous étions une petite famille. J’avais une excellente équipe. Une génération de 16 à 20 ans, des filles réveillées, à leurs affaires, qui feront de bonnes personnes dans le futur. Elles ont travaillé fort pendant les restrictions de la COVID-19, et je n’ai que des éloges à leur adresser », répond celui qui a pris la relève de son père, Grégory Tsalamandris, en 2017-2018.

Homme de peu de mots, M. Tsalamandris, le père, s’est contenté de nous dire, lorsque nous l’avons rencontré, qu’il allait s’ennuyer des gens qu’il a connus au cours des 46 dernières années.

« Sans dire que ça allait mal, la business allait moins bien. » – Peter Tsalamandris

En entrevue, le fils parle de cette dure épreuve pour son père. L’homme est arrivé de la Grèce dans les années 70. Il a ouvert son restaurant à Saint-Basile-le-Grand en 1979. Avec son équipe, il a servi repas et boissons à des familles jusqu’en 2017. « Mon père prend ça dur. C’était son bébé. Il passait ses jours entiers à travailler, sept jours sur sept. Il faisait 100 heures par semaine. Il connaît juste ça, le resto », raconte Peter Tsalamandris. 

Il reprend, parlant toujours de celui qui a fondé ce qui allait devenir Le St-Bazile. D’ailleurs, Grégory Tsalamandris demeure encore à Saint-Basile-le-Grand. Il est âgé de 83 ans. « Pour un homme de son âge, il est encore très en santé. Mais pour lui, la fermeture, le restaurant qui n’existe plus, c’est comme un membre de sa famille qui disparaît. J’ai grandi là-dedans, j’ai pris la relève. Mais c’est plus difficile pour lui que pour moi », ajoute celui qui aura bientôt 52 ans.   

Le mot de la fin

Dans leur message pour annoncer qu’ils mettaient la clé sous la porte, Grégory et Peter Tsalamandris expriment leur « profonde gratitude » à leurs « fidèles clients », à leurs « incroyables employés qui ont été au cœur de cette aventure » et aux fournisseurs, sans qui rien n’aurait été possible. « Ce fut un véritable honneur de servir notre communauté et de faire partie de vos vies. Merci du fond du cœur pour votre fidélité et votre confiance. Nous n’oublierons jamais ces moments précieux », disent-ils.