Recommandations officielles sur le programme Objectif emploi
Loi sur l’aide aux personnes et aux familles
Le 20 septembre, les directeurs régionaux de la santé publique (DRSP) de Montréal et de la Montérégie ont déposé un mémoire intitulé « Protéger les plus vulnérables, un impératif de santé publique », qui porte sur le projet de règlement du gouvernement du Québec sur la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles.
Ce règlement comporte entre autres choses la mise en place du programme Objectif emploi, sur lequel les DRSP ont émis quelques recommandations. Celui-ci est destiné aux personnes qui déposent une première demande d’aide sociale. Ainsi, les quelques 17 000 nouveaux demandeurs annuels, généralement des jeunes adultes, des personnes seules ou des immigrants, doivent suivre un plan d’intégration à l’emploi selon trois voies: le retour aux études, la recherche d’emploi ou l’acquisition d’habiletés sociales. Si les prestataires n’y participent pas, ils peuvent subir des pénalités pouvant aller jusqu’à 224 $ par mois.
Effets néfastes des pénalités financières
Les DRSP saluent certaines mesures du règlement qui sont plus positives. « L’accompagnement personnalisé, les allocations financières et l’allègement des formalités administratives représentent autant d’éléments positifs du programme qui augmenteront les chances de réussite des participants », raconte Dre Julie Loslier, directrice régionale de santé publique de la Montérégie. Toutefois, les pénalités énoncées les inquiètent. Selon ce qu’ils mentionnent dans leur mémoire, les prestataires qui subiraient ces pénalités n’auraient pas assez d’argent pour subvenir à leurs besoins.
« Nous craignons que diminuer les prestations des personnes jugées aptes au travail qui ne pourraient participer au programme risque d’aggraver les problèmes d’insécurité alimentaire et même d’itinérance » – Dr Richard Massé
Alors que le coût de la vie dans la région métropolitaine est d’environ 900 $ par mois, certaines prestations pourraient être aussi basses que 400 $ par mois. Les DRSP craignent donc que ces pénalités mènent les prestataires à une extrême pauvreté. « Nous craignons que diminuer les prestations des personnes jugées aptes au travail qui ne pourraient participer au programme risque d’aggraver les problèmes d’insécurité alimentaire et même d’itinérance », développe Dr Richard Massé, directeur régional de santé publique de Montréal.
Recommandations pour encourager les participants
Afin d’éviter ces problèmes et les impacts négatifs sur la santé des participants, les DRSP font plusieurs recommandations dans leur mémoire, en plus de réitérer leurs demandes de 2016, qui consistaient à l’indexation des seuils de prestation à la hausse du coût de la vie.
Ils suggèrent d’abord une évaluation sur l’impact du programme sur la santé des personnes participant au programme, comme le prévoit la Loi sur la santé publique. Ils proposent aussi la mise en place de corridors de service pour assurer un accès rapide à ceux qui ont besoin d’une évaluation de leur capacité de travailler. Cela permettrait d’identifier les personnes les plus vulnérables et d’offrir des programmes ou des services adaptés. Les DRSP veulent s’assurer que les emplois offerts ne présentent pas un risque potentiel à la santé ou à la sécurité des participants du programme, que ces emplois leur permettent de sortir de la pauvreté et que les ressources nécessaires soient déployées. À cette fin, ils suggèrent une évaluation de l’implantation des mesures prévues afin de s’assurer qu’elles soient suffisantes.
Finalement, pour soutenir les participants du programme, les DRSP proposent d’offrir les services de garde pour les jeunes enfants et des tarifs réduits pour le transport en commun. Ils croient que ces ajouts augmenteraient l’adhésion et la rétention de ceux-ci au programme.