Récession ou pas
Depuis un certain temps, le mot » récession » est sur toutes les lèvres. Mais quant est-il réellement ?
Plusieurs citoyens des environs expriment leur opinion quant à la situation actuelle et une possible récession prochaine. Un citoyen de Sainte-Julie qui travaille dans le domaine du chauffage et de la ventilation y croit. Il constate des « ralentissements au niveau de la construction, une augmentation des coûts, pénurie de main-d’oeuvre, raretés des produits disponibles, taux d’intérêts en hausse moins d’argent pour des rénovations ou de l’entretien. Et quand la construction ralentie, tout ralenti. » Un citoyen de Saint-Bruno constate une baisse de rendement. « Au travail, je vois une diminution assez importante des importations et exportations. »
Une autre personne croit qu’une récession est de mise. « Pas le choix, c’est cyclique et nous sommes dû. La dernière date de 2008 et en règle général, sa revient au 8-10 ans..» « Avec le resserrement du crédit, le niveau d’endettement plus le fait que plusieurs entreprises boiteuses ont été artificiellement maintenue en vie depuis 3 ans, je crois qu’on se dirige pour une bonne correction de marché », explique un autre citoyen. Les commentaires sont unanimes, il y aura bel et bien une récession. Mais quant est-il réellement ?
Pas de panique
Nous avons parlé avec un expert en la matière, M. Dalibor Stevanovic, professeur des sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal. Selon lui, nous ne devons pas nous inquiéter. Il n’y aura pas de récession. « Ma réponse est non puisque le marché d’emplois est extrêmement tendu. On manque de travailleurs, il y a plein de postes vacants. On ne peut pas avoir de récession si les gens ne perdent pas leur emploi », explique l’économiste. Selon lui, le taux de chômage au Québec est actuellement à environ 4.2 % ce qui est très bas. « Tant et aussi longtemps que le taux de chômage sera aussi bas, il y a pas de problèmes. » Il ajoute, « la pénurie de main-d’oeuvre s’explique par un creux démographique. On a une population vieillissante qui sort du marché d’emploi et on a pas assez de gens qui entrent. »
Selon les prévisions faite par la Chaire en macroéconomie et prévisions de l’École de gestion de l’UQAM, le PIB (produit intérieur brute) du Québec, est et sera en haut de la tendance pour le reste de l’année 2022. « Les taux de croissance seront à environ 3.5 %. C’est pas normal. Historiquement, on a des taux de croissance de 1.5 ou 2 %. Donc, là, on est trop haut. Éventuellement, on va ralentir à 1.8 % d’ici 2024. Pour passer de 3.5 % à 1.8 % il faut que ça baisse. Les gens vont interpréter ça comme un ralentissement ou une récession, mais je ne vois pas ça comme ça. C’est un retour à la normal. »
« Tant et aussi longtemps que le taux de chômage sera aussi bas, il y a pas de problèmes. »
– Dalibor Stevanovic
Selon, l’expert, le taux de croissance actuel de 3.5 % est aussi élevé à cause de la reprise des activités suite à la pandémie COVID-19. « On a tout arrêté pendant la COVID et il y a eu une forte reprise par la suite. On va se stabiliser. »
Taux d’intérêt hypothécaire
« Est-ce que la hausse des taux d’intérêt hypothécaires a une incidence sur les taux de croissance ? À part de la récession au début des années 1980, la politique monétaire n’a pas un grand rôle sur l’économie. Hausser les taux d’intérêt ce n’est pas ça qui amène une récession. C’est arriver une seule fois (dans les années 1980). Mais la banque centrale a changé sa politique monétaire depuis », affirme M. Stevanovic.
« Tant et aussi longtemps que les salaires augmentent et que le taux de chômage est très bas. Même si les taux d’intérêt ont augmenté, les prix vont s’ajuster. Les gens vont recommencer à vendre et à acheter des maisons. L’impact sur le marché immobilier est complètement transitoire. C’est pas ça qui va amener une récession. Le plus important c’est que les gens conservent leur emploi. »
Récession et crise économique
Il s’agit du ralentissement du rythme de la croissance économique, sans qu’il y ait nécessairement de recul du PIB. Plusieurs signaux mesurent ce ralentissement, dont une hausse du taux de chômage, une chute de la consommation. « Pour avoir une récession, il faut que l’économie soit affectée dans son ensemble. Il faut que la production baisse, les investissements baissent, la consommation doit baissée également, l’emploi doit baisser et le taux de chômage augmenté. et ça doit durer quelques trimestres, quelques mois pour qu’on puisse dire que c’était une récession », explique M. Stevanovic.