Quelles sont les risques d’un tremblement de terre dans la région?
La Turquie et la Surie vivent des heures dramatiques après les tremblements de terre qui ont frappé une douzaine de villes dans le sud du pays et au nord de la Syrie. Y a-t-il des risques dans notre région de vivre un tel drame?
Les risques sont présents, mais très modérés, selon Fiona Darbyshire, sismologue et professeure et directrice du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’Université du Québec à Montréal. « Toute la vallée du Saint-Laurent et la région de l’Outaouais sont des zones sismiques qu’il faut prendre en considération. Il n’est pas rare de ressentir, dans la grande région de Montréal, des tremblements de terre de magnitude 3 à 4, ce qui permet de les ressentir. Il est possible qu’il y ait dans la région des risques sismiques suffisamment forts pour causer des dommages. Au 17e siècle, c’est un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter qui a été mesuré à Charlevoix. C’est le plus fort séisme connu à ce jour au Québec », explique la sismologue. Le séisme de Charlevoix a été ressenti sur toute la partie est de l’Amérique du Nord. Il a provoqué d’importants glissements de terrain qui ont modifié le paysage aux environs des rivières Saint-Maurice et Saguenay. En dépit des glissements de terrain, on n’a rapporté que des dommages matériels mineurs et aucune perte de vie.
Plusieurs stations sont associées, partout au Canada, aux réseaux exploités par le Service canadien d’information sur les risques (SCIR). Sainte-Julie en abrite une depuis avril 2019. On y trouve un accéléromètre, un instrument très puissant pour enregistrer les mouvements associés aux séismes dans la région.
Pas pareil
La plus grande distinction à faire, cependant, entre la tragédie turque et syrienne et la possibilité d’un fort séisme dans la région de Montréal, c’est que la configuration géologique des deux endroits est différente. « Le tremblement de terre en Turquie est la résultante d’un pays qui est situé à la frontière de plusieurs plaques tectoniques, alors que le Canada est situé dans une région continentale stable de la plaque de l’Amérique du Nord. »
Cependant, cela n’empêche pas une activité sismique relativement faible. « Néanmoins, des séismes dévastateurs de forte magnitude s’y sont produits dans le passé et se produiront inévitablement dans l’avenir », peut-on lire sur le site Séisme Canada du gouvernement du Canada.
De petits séismes chaque année
Mme Darbyshire confirme au journal que, chaque année, le long du Saint-Laurent, il y a d’une dizaine à une centaine de tremblements de terre enregistrés, mais pas forcément ressentis.
» Au 17e siècle, c’est un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter qui a été mesuré à Charlevoix. C’est le plus fort séisme connu à ce jour au Québec. » – Fiona Darbyshire
Selon Séisme Canada, ce sont annuellement environ 450 séismes qui se produisent dans l’Est du pays. « De ce nombre, quatre, en moyenne, dépassent la magnitude 4, trente dépassent la magnitude 3 et vingt-cinq autres sont ressentis. Au cours d’un cycle de 10 ans, trois séismes, en moyenne, dépassent la magnitude 5. Un séisme de magnitude 3 est suffisant pour être ressenti dans la région environnante et un séisme de magnitude 5 marque, en général, le seuil pour qu’un événement provoque des dommages. Le réseau sismologique de Séisme Canada peut détecter toute secousse dépassant la magnitude 3 dans l’Est du Canada et toute secousse de magnitude 2,5 dans les régions densément peuplées. » Dans l’ensemble du Canada, chaque année, les sismologues détectent plus de 4000 séismes. Là encore, la plupart de ces séismes ont une magnitude inférieure à 3 et ne sont pas perceptibles, selon Ressources naturelles Canada.