Organismes communautaires : à la recherche de locaux

Sur notre territoire, des organismes communautaires ont un local pour accueillir la population ou réunir leurs membres, alors que d’autres font avec les moyens du bord.

« Il y a de gros problèmes de locaux à Saint-Bruno-de-Montarville pour les organismes, reconnaît la directrice générale du Centre d’animation mère-enfant (C.A.M.E.) Saint-Bruno, Aline Desfossés. Nous sommes trop, pour peu d’espace. »

« La difficulté, c’est que nous n’avons pas tous les mêmes besoins. Certains, une fois semaine, d’autres, au quotidien »,  rappelle Aline Desfossés.

Le cas du C.A.M.E. a été abordé par le journal il y a quelques mois. L’organisme à but non lucratif a pour mission d’offrir un répit aux personnes ayant des enfants âgés de 0 à 5 ans. Il n’a pas pignon sur rue, comme Minta, le Théâtre Saint-Bruno Players et bien d’autres. Le C.A.M.E. veut mettre sur pied une maison de la famille. L’organisme loue, depuis des années, cinq ou six locaux par jour au centre communautaire. « Nous n’en avons pas assez. Nous prenons de la place. [Malgré tout], au bout de 40 ans, les gens ne savent pas encore ce que l’on fait et où nous nous trouvons. Nous n’avons pas pignon sur rue, car nous ne pouvons pas nous afficher. Avoir un pied-à-terre est un rêve. Cela changerait tout. Ouvrir l’été sans bris de service, nous afficher, faire de la place à nos activités… »

La directrice générale reconnaît que le coût du loyer est moindre que si l’organisme avait ses locaux dans un bâtiment précis, mais elle est d’avis qu’il faut choisir « entre grandir, prospérer et donner des services à la hauteur de nos citoyens ou rester comme nous sommes avec les désavantages ». 

Le C.A.M.E. espère une ouverture du côté municipal afin de profiter de ses propres locaux et de devenir une maison de la famille. Ce qui lui permettrait d’accueillir les citoyens quand ils le souhaitent. « Avoir pignon sur rue est aussi un plus pour nos donateurs.

Les gens savent où ils peuvent donner lorsqu’on a une visibilité. Idéalement, il faudrait un pôle communautaire afin de regrouper certains organismes. Par exemple, tout ce qui concerne les loisirs et la culture », avance Mme Desfossés.  

Quelque 135 organismes 

Selon le site Internet de la Municipalité, il y a 27 organismes communautaires à Saint-Bruno. Cette donnée grimpe à 60 si nous ajoutons les organismes sportifs et culturels. Il y en a près de 50 à Sainte-Julie et un peu plus de 25 à Saint-Basile-le-Grand.

« Nous n’avons pas de local à notre disposition, répond le président de l’Harmonie Mont-Bruno, Raymond Bédard. Mais la Ville offre de défrayer les coûts de la location du Centre Marcel-Dulude pour nos concerts. »

À défaut d’avoir un local pour l’organisme que son père a cofondé il y a 50 ans, Raymond Bédard entrepose chez lui 400 partitions, quelques instruments de musique, les lampes de lutrins, les archives… « Après 50 ans d’existence, il serait approprié pour l’Harmonie d’avoir un petit local pour au moins entreposer ces éléments », déplore le Montarvillois. 

Les membres du club La Gerbe dorée, à Saint-Basile, se réunissent, depuis 1977, dans l’édifice Jeannine-Trudeau-Brosseau situé au 9, rue des Roses. « Nous sommes choyés, car la plupart de nos activités ont lieu à cet endroit », exprime la présidente de La Gerbe dorée, Carmen Lacombe. 

Visibilité

Pour des activités de plus grande envergure, l’organisme se déplace au centre civique Bernard-Gagnon. « Notre local nous est loué symboliquement depuis plusieurs années. Aussi, il est connu, car il se trouve à côté de la bibliothèque municipale. Grâce à notre local et au prêt de salles au centre civique, nous pouvons offrir plusieurs activités aux membres », mentionne Mme Lacombe. Le bâtiment du 9, rue des Roses loge aussi le Cercle de Fermières de Saint-Basile au sous-sol.

« Il y a de gros problèmes de locaux à Saint-Bruno pour les organismes. » – Aline Desfossés 

Pour la directrice de La Maison de l’entraide de Sainte-Julie, Nathalie Garand, le premier avantage est d’avoir la possibilité d’offrir tous les services sous un même toit et d’accueillir les citoyens dans un endroit discret. « En ayant pignon sur rue, nous pouvons exploiter une friperie pour aider à nous financer, les subventions étant minimes dans notre cas. Les gens ont aussi plus de facilité à nous trouver, nous sommes plus visibles. Le coût de location des locaux est toutefois un désavantage pour des organismes comme La Maison de l’entraide », précise Mme Garand.  

Selon les besoins et les coûts

Il y a quelques mois, la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand a déposé son matériel d’archives (photos, documents, objets…) qu’elle recueille et ses bénévoles dans un local du centre civique Bernard-Gagnon. Selon le président, Richard Pelletier, le besoin de local varie selon la nature des activités proposées.

« Les besoins varient tellement d’un organisme à l’autre. L’idéal est que chacun ait pignon sur rue. C’est très mobilisant, ça renforce le sentiment d’appartenance et ça facilite l’accès aux services. Mais l’idéal a un coût, d’où la nécessité de cibler les besoins. »

Des propos qui font écho auprès du directeur général du Centre d’action bénévole Les p’tits bonheurs, Sylvain Morin. « Ça dépend beaucoup des services offerts, des besoins des organismes et de leur capacité financière. »

M. Morin souligne qu’avoir une adresse précise pour une organisation fait une différence. « C’est un choix que les organismes font. Il ne faut pas qu’un local devienne une ressource mal utilisée. Pour de l’entreposage, c’est intéressant. Mais le coût, l’entretien… c’est très élevé », ajoute Sylvain Morin.      

Richard Pelletier renchérit. « Avec le travail de traitement des archives, souvent réalisé en équipe, l’absence de local devient un handicap majeur et freine la participation bénévole. Depuis que la Société d’histoire a un local propre, des bénévoles s’y activent chaque semaine. La collection d’archives est bien organisée, facilitant la recherche. Le point de rendez-vous des bénévoles est clair : notre local. Nous y accueillons aussi des citoyens désireux de nous poser des questions ou de partager. » 

Le journal était de la pelletée de terre du début des travaux de l’organisme L’Envolée, centre d’action bénévole Sainte-Julie, le 5 mai dernier. L’enjeu de la rareté des locaux pour les organismes a été abordé avec le maire, Mario Lemay. « C’est la raison de cette construction aujourd’hui pour L’Envolée. Le partage de certains locaux avec de petites organisations. Plusieurs organismes voudraient leur bâtisse, commente M. Lemay. Mais c’est difficile d’acheter un bâtiment pour un organisme. Ça les limiterait dans l’offre des services. »

Partage de locaux 

Un édifice partagé entre quelques organismes est aussi une option. À Saint-Basile, La Gerbe dorée partage les lieux avec le Cercle des Fermières. 

« Pour la tenue des rencontres, un local partagé convient très bien. Nous souhaitons toujours un local exclusif, mais il faut comprendre la rareté des lieux disponibles et les capacités limitées des villes. Certains organismes ont besoin d’espace de rangement, pour des équipements ou du matériel de bureau. Là encore, il est possible de considérer un local partagé entre quelques organismes », affirme Richard Pelletier.