Northvolt : assemblées publiques du CAC
Le Comité action citoyenne (CAC), un regroupement de manifestants pour la plupart citoyens de Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, organise des assemblées publiques d’informations avec des experts pour adresser les inquiétudes de certains membres de la population face au projet Northvolt. La première s’est tenue le 30 janvier dernier.
La mission principale du CAC, composé de sept membres, reste de militer pour la tenue d’un BAPE avant l’installation de l’usine à cellules de batteries Northvolt sur le territoire, confirment les porte-paroles. Toutefois, après deux annulations du ministère de l’Environnement pour la tenue d’une rencontre informative avec les citoyens et face à l’absence d’une reprise de l’évènement, le comité décide de faire appel à des spécialistes et organise deux assemblées publiques.
La première rencontre s’est tenue le 30 janvier, à Saint-Basile. L’assistance s’élevait à près de 100 personnes. « Ça veut dire que les gens se questionnent. Ce n’est pas juste une petite poignée de personnes. Ça montre qu’il y a vraiment un intérêt à en savoir plus », déclare Jacinthe Villeneuve, l’une des porte-paroles du CAC. La deuxième assemblée est prévue pour le 8 février, à Belœil.
« On se rend compte que nos inquiétudes sont partagées. » – Jacinthe Villeneuve
Les panélistes
Tous issus du monde académique, les trois invités avaient chacun un domaine d’expertise différent pour prendre en considération les préoccupations de l’assistance sur les plans environnemental, économique et juridique.
Stéphanie Pellerin, professeure en sciences biologiques, a conduit un exposé sur l’importance des milieux humides. Elle notait que le réaménagement de milieux humides est possible, mais qu’il ne pourrait jamais recréer les années de restauration naturelle observées sur le site de Northvolt.
Frédéric Laurin, professeur d’économie et spécialiste en développement régional, effectuait une grosse critique de la filière batterie au Québec. Il voyait l’arrivée de Northvolt, une entreprise étrangère, comme » contreproductif » au développement économique local.
Jean Baril, un avocat retraité et professeur au département des sciences juridiques, expliquait les rouages légaux du BAPE. Lors de sa conférence, il divulguait la date limite après laquelle la tenue d’une audience du BAPE serait impossible selon les délais prévus par la loi : le 22 mars 2024.
À la suite des présentations, Mme Villeneuve confie ses impressions au journal : « On se sent plus entendus. On n’est pas que de simples citoyens qui s’inquiètent, on se rend compte que nos inquiétudes sont partagées. »
L’autre côté de la médaille
Un élu de la Ville de Saint-Basile était mêlé à l’assistance lors de l’assemblée publique du 30 janvier. « Je suis ici en tant que citoyen, mais en tant que conseiller, je trouve ça important d’être à l’écoute de la population », révèle Denis Vézina, le conseiller municipal du district 3.
« Je crois que le mouvement citoyen de ce soir est totalement louable, ça fait partie de la démocratie [et] j’ai une grande fierté de voir les gens se mobiliser. Notre ministère de l’environnement ne nous donne pas des réponses assez rapides », déclare M. Vézina. « Par contre, pour chaque projet, il y a toujours deux côtés de la médaille. On ne peut pas adresser un côté, sans se soucier de l’envers. Ce soir, on a vu un côté très intéressant, mais on ne s’est pas intéressé à l’autre. »
Le conseiller municipal poursuit son discours en apportant des nuances : « Au Québec, on a des objectifs de décarbonisation qui sont importants. [Ça apporte] des enjeux qui sont complexes. Ce n’est pas évident de dire qu’on prend des décisions qui sont entièrement vertes, parce qu’on sait qu’il y a un pourcentage qui va être gris. » Il mentionne que de nombreuses analyses ont été menées afin de voir de quelle façon le terrain, appartenant aujourd’hui à Northvolt, aurait pu être revalorisé.
Acceptabilité sociale locale
Benjamin Gagnon, un Grandbasilois soucieux de rester informé, était présent lors de l’assemblée publique. Il témoigne au journal que plusieurs des personnes avec qui il s’est entretenu lors de l’évènement venaient de l’extérieur de Saint-Basile. Selon lui, plusieurs manifestants ne comprennent pas les enjeux de la Municipalité. Dans sa communauté, il dit qu’un soulagement se ressent face aux retombées économiques envisagées avec l’arrivée de Northvolt. « On le ressent déjà sur notre compte de taxes. » Selon le citoyen, il y a une acceptabilité sociale locale pour le projet Nortthvolt.