Myriam Duquette, la miraculée
Semaine de prévention du suicide du 3 au 9 février
Afin de souligner la Semaine de prévention du suicide, qui se déroule présentement du 3 au 9 février, le journal s’est assis avec une miraculée, une femme qui a tenté à quelques reprises de mettre fin à ses jours. C’était le passé. Aujourd’hui, Myriam Duquette va très bien et pour elle, la vie est belle.
« J’ai un long historique de tentatives de suicide. Disons seulement que la première fois, c’est arrivé quand j’avais 16 ans et que mon dernier essai est survenu il y a deux ans », lance d’entrée de jeu Myriam Duquette. Elle aura 40 ans cette année.
Son premier face-à-face avec le suicide se déroule à l’école pendant les cours. Elle se réfugie aux toilettes et avale un cocktail de Tylenol, de médicaments pour la pression et d’antidépresseurs appartenant à sa grand-mère. « C’était à la suite d’une peine d’amour. J’ai fait un arrêt cardiaque et je me suis réveillée à l’hôpital en colère. Je voulais tuer tout le monde de ne pas avoir réussi », poursuit Myriam.
En novembre 2010, celle qui est aujourd’hui technicienne comptable à Beloeil récidive. Elle tente de mettre fin à ses jours en raison d’une dépression et d’un surplus de travail. « Je n’avais pas de temps pour moi. Ma santé mentale se détériorait à l’extrême. Je n’avais plus d’espoir. Je ne voyais plus la lumière, je n’avais plus d’énergie. Tout était une montagne à gravir. J’en avais assez et je pensais que la seule solution, c’était de mourir. » Pour elle, c’est alors le moment le plus sombre de sa vie, la période où les souffrances psychologiques sont atroces. « J’étais incapable de fonctionner. Tout était noir foncé. »
Le trouble de la personnalité limite
Myriam Duquette souffre du trouble de la personnalité limite, aussi appelé la personnalité borderline. Au Canada, entre 1 % et 3 % de la population en souffrirait, selon le professeur à la retraite à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et psychiatre Pierre Doucet. C’est un trouble de santé mentale et de comportement. « Il s’agit d’un mode de défense que j’ai développé pour me protéger. J’ai subi beaucoup d’agressivité et de violence dans ma vie, au cours de mon enfance et de mon adolescence. J’ai été agressée par un pédophile et je vivais dans un milieu très violent physiquement, psychologiquement, financièrement, mentalement. La totale, quoi! » Le trouble de la personnalité limite rassemble une variété de symptômes qui apparaissent le plus souvent à l’adolescence : problèmes relationnels, incapacité à garder des amis, anxiété, changement d’humeur, impression de tristesse et de vide, accès de colère fréquents et imprévisibles, instauration de relations de type amour-haine, peur de l’abandon, incapacité à gérer ses émotions, image de soi instable, attaques de rage, automutilation.
Il y a un peu plus de deux ans, à la suite d’un rendez-vous annuel chez le médecin, ce dernier recommande à Myriam Duquette de se rendre dans un CLSC parce qu’elle ne va pas bien. Le CLSC l’envoie ensuite à Contact Richelieu-Yamaska, un centre d’intervention de crise en santé mentale, comprenant des services en prévention du suicide et d’itinérance. Le suivi de Myriam s’amorce. « Une fois par semaine, je rencontrais Marie-Claude, une intervenante assez extraordinaire. Pendant deux ans, j’ai fait un travail intensif sur moi-même en thérapie et en cours de relation d’aide. Maintenant, je suis en attente d’une réévaluation pour un diagnostic du trouble de la personnalité limite et aujourd’hui, je dis que je suis en rémission. Ma médication diminue et est sur le point de disparaître complètement. La vie est belle et je vais très bien », indique l’intéressée, qui est aujourd’hui membre du conseil d’administration de Contact Richelieu-Yamaska.
« Je ne regrette pas les secondes de ma vie. Aucune. Mais si j’avais eu de l’aide plus tôt, si j’avais su que ça existait, un tel organisme, je n’aurais pas vécu toute cette souffrance pendant si longtemps. Je suis fière d’être encore en vie », d’expliquer Myriam Duquette.
Pour de l’aide en tout temps, gratuit et confidentiel, n’hésitez pas à communiquer avec Contact Richelieu-Yamaska au 1866 APPELLE. (277-3553). www.contactry.qc.ca.
