Municipalités : les villes se préparent aux tarifs douaniers 

Les municipalités de Saint-Basile-le-Grand, Saint-Bruno-de-Montarville et Sainte-Julie s’efforcent d’identifier les dépenses faites à des compagnies américaines pour prioriser à l’avenir des choix locaux. 

Les préoccupations citoyennes ont déjà fait écho jusqu’aux élus municipaux de Saint-Basile, lors de la séance ordinaire du conseil municipal du 2 février dernier. Certains résidents ont interpellé le maire au sujet des tarifs douaniers américains qui menacent le Canada.

Le 3 février, l’entrée en vigueur des droits de douane de 25 % sur l’ensemble des produits et de 10 % sur les énergies canadiennes a été repoussée de trente jours, soit au 5 mars.

« On sera très attentifs aux décisions de Québec et d’Ottawa », déclare Yves Lessard, maire de Saint-Basile. « Si les États-Unis vont de l’avant avec ces menaces, on a tout de même un mois pour identifier ce que l’on peut faire à cet égard, et cette requête a été faite à la directrice générale, Mme Goyette », explique-t-il. Le 5 février dernier, au moment où M. Lessard répondait aux questions, la directrice avait déjà commencé à regarder, avec les différents services, la provenance des produits achetés par la municipalité.

« Dans tous les services, nous faisons beaucoup d’achats pour diverses raisons. Nous devons être vigilants dans ceux-ci pour favoriser l’achat local. » Le maire mentionne que depuis quelques années, la Ville s’est dotée d’une politique d’achat local, permettant ainsi d’aller jusqu’à 15 % au-dessus d’un prix d’un compétiteur extérieur pour favoriser les entreprises et les services d’ici. » On essaie le plus possible d’acheter à Saint-Basile-le-Grand, mais sinon, dans les municipalités environnantes, comme Saint-Bruno, McMasterville, Belœil ou Saint-Hilaire, par exemple.

« Nous allons être solidaires avec nos entreprises d’ici. » – Ludovic Grisé Farand

Un tournant en 2021

Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno-de-Montarville, a demandé à ses équipes de travailler davantage pour trouver des substituts locaux aux produits américains. « Dès notre arrivée en 2021, on a instigué une révolution de l’achat local au sein de nos différentes divisions pour prioriser l’achat local et nos entreprises d’ici. » Comme exemple, M. Grisé Farand mentionne qu’à la fin de 2023, les achats locaux de la Ville avaient augmenté de 32 % à Saint-Bruno. « C’est vraiment un changement de culture qui avait déjà lieu ici. On fait partie des villes les mieux outillées pour faire face à cette crise-là. »

En 2019, Saint-Bruno-de-Montarville recensait 969 entreprises, selon un rapport de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) publié en 2021. « C’est encore très nouveau et nous allons être solidaires avec nos entreprises d’ici pour la suite des choses », déclare M. Grisé Farand.

La Ville de Saint-Bruno est en communication avec l’organisme Développement économique de l’agglomération de Longueuil (DEL) pour les entreprises d’ici. « Ils sont en train d’élaborer une stratégie. Nous allons nous arrimer avec DEL, mais aussi avec les décisions du gouvernement du Québec et du Canada et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) », mentionne le maire. 

Limitée dans les décisions

Mario Lemay, maire de Sainte-Julie, confirme que la situation n’est pas évidente. « Je pense que pour les quatre prochaines années, on devra subir et s’y faire, aux changements d’humeur et d’idées du président américain. »

Avec ses équipes, il regarde toutefois les produits achetés par la municipalité qui proviennent des États-Unis pour trouver des solutions de rechange, le cas échéant. « Il y a certains produits ou certaines pièces pour lesquels nous n’avons pas de fournisseurs locaux, québécois ou canadiens. Nous avons l’obligation, dans certains cas très particuliers, d’acheter sur Amazon ou à des compagnies américaines », mentionne le maire, qui donne l’exemple de pièces pour réparer certaines machineries de la Ville ou les camions de pompiers.

M. Lemay reste à l’écoute des décisions des différents paliers de gouvernement, de la MRC et de l’UMQ dans les semaines à venir.

« Une Ville est très limitée en termes d’action économique. Tout ce que la loi nous permettra comme latitude, nous le ferons », mentionne le maire, qui a déjà eu des discussions avec certaines entreprises de Sainte-Julie qui s’inquiètent de ces tarifs douaniers. Il faut rappeler que les villes sont obligées de se conformer à la loi des cités et villes du Québec.

Le maire tenait à rappeler que la Ville de Sainte-Julie est dotée d’un règlement sur la gestion contractuelle qui favorise à la fois l’achat local et écoresponsable.