Montérégie: des emplois en jeu si les tarifs douaniers américains perdurent
Trans-Herb e, une entreprise montarvilloise, espère que les tarifs ne perdurent pas, sans quoi la possibilité de supprimer des postes pourrait être envisagée.
Karine Pomerleau, directrice générale chez Trans-Herb e, est en communication constante avec ses clients américains depuis que des tarifs douaniers sont annoncés. Une proportion de 25 % du chiffre d’affaires de l’entreprise familiale canadienne provient des États-Unis.
Au moment de l’entrevue avec la directrice générale, les tarifs douaniers américains étaient entrés en vigueur. Après avoir menacé d’imposer au Canada des tarifs douaniers de 25 %, les États-Unis ont accordé, le 3 février, un sursis d’un mois. Ils sont entrés en vigueur le 4 mars. Une partie des tarifs infligés au Canada a été suspendue jusqu’au 2 avril. Un autre 25 % doit s’ajouter, le 1er avril, sur l’aluminium et l’acier.
« Nos partenaires américains maintiennent leur relation avec notre entreprise et ils sont collaboratifs pour l’instant », mentionne Mme Pomerleau.
Garder espoir
La gestion des répercussions d’une telle mesure est au cœur des préoccupations de l’entreprise. « Jusqu’au 4 mars, on se croisait les doigts et on espérait que ça ne passe pas. Malheureusement, ce n’est pas le cas », mentionne-t-elle.
La directrice générale souhaite que les tarifs tombent d’ici quelques mois. Cette option permettrait à l’entreprise de garder tous ses employés. « C’est certain que si nous avons moins de ventes, des postes pourraient être abolis », explique-t-elle. Karine Pomerleau espère que de nouveaux clients viennent compenser la perte potentielle de partenaires américains et ainsi stabiliser ses revenus et conserver ses employés. C’est notamment par le travail des communications qu’elle souhaite y parvenir. Depuis quelque temps, Trans-Herb e met de l’avant qu’il s’agit d’une entreprise canadienne afin de courtiser de nouveaux clients potentiels. « On doit se soutenir mutuellement entre les entreprises canadiennes », déclare Mme Pomerleau.
Une PME sur deux
L’entreprise Trans-Herb e ne sera pas la seule à connaître des difficultés avec cette mesure. L’application des tarifs douaniers pourrait affecter plus d’une PME sur deux, selon un sondage publié par le Développement économique de l’agglomération de Longueuil (DEL).
Au fil de ce dernier, mené le 10 février, soit quelques semaines avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens, 55 % des PME ont répondu exporter leurs biens aux États-Unis. Plus de 50 % de ces entreprises réalisent entre 10 et 50 % de leur chiffre d’affaires sur ce marché.
Le sondage, réalisé auprès d’une centaine d’entreprises, révèle les conséquences appréhendées quant à ces mesures sur l’exportation, l’importation, l’emploi et l’investissement. Ce sont 32 % des PME répondantes qui estiment que les nouveaux tarifs entraîneront des suppressions de postes. Près de 75 % d’entre elles s’attendent à réduire entre un et cinq postes. Plus de la moitié des répondants prévoient reporter des investissements majeurs en raison des incertitudes économiques engendrées par les tarifs.
Les entreprises locales explorent plusieurs pistes d’adaptation, dont l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement (52 %) et la diversification des marchés afin de diminuer leur dépendance aux États-Unis (58 %).
Favoriser les entreprises québécoises
Pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud, des mesures essentielles doivent être mises en place pour favoriser les entreprises québécoises dans les contrats publics. C’est l’un des points importants, en plus de renoncer à hausser les tarifs d’électricité pour les industriels, d’éliminer rapidement les barrières au commerce entre les provinces canadiennes, de moderniser et de bonifier les crédits d’impôt à la RS&DE et de réduire le taux d’imposition québécois sur le revenu des sociétés de 11,5 % à 10 %.
« Le secteur manufacturier, qui représente 17 % du PIB en Montérégie, est un pilier économique majeur de notre région, notamment dans les secteurs de l’aviation/aérospatiale, de la construction et de la transformation/distribution alimentaire. Plus spécifiquement, la Rive-Sud joue un rôle stratégique dans la chaîne logistique québécoise en raison de sa proximité avec les frontières américaine et ontarienne, ce qui en fait un carrefour incontournable pour le commerce et l’exportation », soutient Jean-François Lévesque, président-directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud.