Montérégie: des craintes chez les transporteurs scolaires
Des transporteurs scolaires de la Montérégie craignent de ne plus avoir la capacité financière pour exploiter leur flotte d’autobus électriques à la suite de l’annonce du gouvernement du Québec de diminuer le soutien financier pour l’entretien de ces véhicules.
Pour Pascal Charbonneau, vice-président, transport adapté et collectif chez Transdev Canada, l’intention des exploitants est de continuer à travailler avec le gouvernement et la Fédération des transporteurs par autobus (FTA) pour en arriver à une entente avant la rentrée scolaire 2025-2026. Ils souhaitent trouver un terrain d’entente pour que la réduction du soutien financier annoncée aux transporteurs n’affecte pas l’offre de service.
« Des dizaines de transporteurs ont roulé à perte, durant toute la dernière année scolaire. C’est intenable et ça doit être ajusté avant la rentrée », déclare Luc Lafrance, président-directeur général de la FTA.
316 autobus électriques
Avec l’augmentation des coûts de maintenance des autobus électriques ainsi que la diminution du soutien financier de 12 900 $ à 5 000 $ par autobus, le manque à gagner assumé par les transporteurs pour les 316 autobus est de 2 844 000 $ pour l’année 2024-2025 en Montérégie. « Selon les audits financiers des transporteurs, un autobus électrique coûte 14 000 $ de plus à faire fonctionner qu’un véhicule thermique, d’où un manque à gagner de 9 000 $ pour chaque circuit desservi par un autobus électrique », précise un communiqué de la FTA.
Elle estime un manque à gagner de 3 M$ pour les 26 transporteurs de la Montérégie. Ce sont 316 autobus électriques qui, chaque jour, s’occupent du transport des enfants et des adolescents en Montérégie sur 1 300 circuits empruntés au Québec par des autobus électriques.
Adapter les infrastructures
Les transporteurs ont été obligés, en 2021, de remplacer leurs autobus thermiques par des modèles électriques. Ils ont dû mettre à niveau non seulement leur flotte, mais aussi les infrastructures et les garages pour les accueillir. « Il fallait adapter nos bâtiments à l’électrification, acheter des bornes de recharge », précise M. Charbonneau.
Le gouvernement est aussi revenu sur la décision d’imposer l’achat d’autobus scolaires ce printemps. Certains transporteurs scolaires, comme Transdev, ont déjà de nombreux véhicules électriques. « Nous avions, à l’époque, sauté dans ce virage pour une mobilité plus durable qui fait partie de nos valeurs », mentionne-t-il. Un autobus thermique (à essence ou autre carburant) a un âge maximal de 12 ans, après quoi il doit être remplacé. L’entreprise Transdev, à elle seule, gère 108 autobus électriques.
« Les transporteurs se sentent délaissés. Le gouvernement a changé les règles du jeu en pleine partie », mentionne M. Charbonneau.
Contexte difficile
Ce n’est pas le seul élément qui complique le contexte de l’exploitation de l’entreprise. Dans les dernières années, la pandémie, les difficultés financières de Lion Électrique, l’augmentation du prix de vente et, plus récemment, l’indexation de 0,58 % sur leurs contrats de service sont tous des éléments qui affectent les transporteurs.
L’annonce de la reprise des activités de Lion Électrique est toutefois bien reçue. « Ça nous assure un centre de pièces et d’entretien pour nos autobus électriques », mentionne M. Charbonneau, qui se dit très heureux de cette décision.