Loin d’être terminé

Le journal a rencontré la victime du délit de fuite qui a eu lieu à Saint-Basile-le-Grand, à l’intersection de la rue Jean-Charles-Michaud et de la route 116, le 9 décembre dernier.

Catherine Dumberry prend régulièrement l’autobus pour se déplacer. En provenance de Longueuil, elle doit descendre à un arrêt d’autobus directement sur la route 116. Par la suite, elle doit emprunter la rue Jean-Charles-Michaud pour se rendre dans son quartier. Elle doit traverser six voies de circulation pour y arriver. C’était le cas également le soir du 9 décembre dernier, mais ce soir-là, Catherine ne s’est jamais rendue chez elle. Elle a été happée par un véhicule qui roulait à 70 km/h. Le fautif ne s’est pas arrêté. Il a quitté les lieux sans porter secours à Catherine.

Celle-ci ne se souvient pas de l’accident. Elle se réveille d’un coma artificiel six jours après l’événement. Elle reconnaît le décor typique d’un hôpital, mais elle ne comprend pas ce qui lui est arrivé. Sa famille lui explique l’accident. Diagnostic : une cheville, une jambe et un bras fracturés, des côtes cassés, un pneumothorax, de microfractures au bassin et aux cervicales. Sans compter les abrasions qu’elle avait un peu partout sur le corps. Heureusement, sa tête n’a pas été touchée. Aujourd’hui, deux mois après l’accident, Catherine ne peut toujours pas marcher. Elle a, tout récemment, obtenu le droit de mettre du poids sur sa jambe. Après avoir passé plus d’un mois à l’hôpital, elle se trouve maintenant dans un centre de réadaptation. Cela prendra encore plusieurs mois avant qu’elle puisse retourner chez elle. « La douleur est toujours présente, mais je récupère graduellement », a-t-elle expliqué. Elle devrait guérir complètement, mais rien n’est certain. « On ne sait pas encore de façon définitive, mais n’ayant pas de blessure à la tête, j’ai de bonnes chances. »

Le fautif

L’accusé, Philippe Pelletier-Jacques, 32 ans, originaire de Saint-Basile-le-Grand, a été arrêté le 23 décembre dernier. C’est grâce à une publication sur les réseaux sociaux qu’il a été arrêté. Cette publication décrivait le véhicule recherché, une Toyota Corolla, entre 2008 et 2011, de couleur gris foncé et endommagée à l’avant. C’est un des voisins de l’accusé qui a reconnu le véhicule et qui a contacté le service de police. La Régie de police intermunicipale Richelieu-Saint-Laurent s’est rendue au domicile du suspect pour l’interroger. À la suite de l’enquête, Philippe Pelletier-Jacques a été arrêté pour délit de fuite causant des lésions. À son passage à la cour, celui-ci a plaidé non coupable.

« Je veux qu’il comprenne que ce qu’il a fait, ça ne se fait pas et qu’il y a des conséquences. »
– Catherine Dumberry

Ce plaidoyer a causé tout un émoi à Catherine et à sa famille. « La colère a embarqué quand j’ai appris qu’il avait plaidé non coupable. Il a fait cette gaffe-là et, en plus, il le nie. Je lui en veux de ne pas s’être arrêté. Je lui en veux de ne pas assumer ses actes. C’est une suite d’événements qui n’est pas logique pour moi », affirme Catherine. Sa famille a assisté à la première comparution de l’accusé. Elle a trouvé que celui-ci ne montrait aucun remords, qu’il se montrait nonchalant. « Il avait l’air d’une personne qui s’en fout », a expliqué la mère de la victime. « Comment peut-il agir comme ça après ce qu’il a fait? Là, j’étais vraiment fâchée », explique Catherine.

Nous en saurons plus d’ici le 13 mars prochain. Entre-temps, il y aura une rencontre entre l’accusé et son avocat. Cet entretien a pour but de lire la preuve et ensuite de prendre position dans le dossier. Cette pratique est commune lorsqu’on souhaite changer de plaidoyer. Il faudra attendre le 13 mars pour avoir une réponse officielle. Par la suite, si l’accusé ne change pas son plaidoyer de non-culpabilité, une date de procès sera établie. Le procureur devra présenter la preuve qui permet de démontrer « hors de tout doute raisonnable » que l’accusé est coupable. Si M. Pelletier-Jacques change son plaidoyer à « coupable », il n’y aura pas de procès. Il y aura une audience pour déterminer sa sentence. C’est à ce moment-là que Catherine pourra faire une déclaration et s’adresser à la cour.

Prison

La peine maximale pour un délit de fuite causant des lésions est de 14 ans d’emprisonnement. Un cas similaire avait fait les manchettes en 2020. Une jeune femme avait commis un délit de fuite ayant causé des lésions et avait été reconnue coupable. Sa sentence : 90 jours de prison. Pour ce qui est du cas de Catherine, elle aimerait que le coupable purge plus de deux ans de prison. « J’aimerais qu’il purge une sentence de plus de deux ans. Moi, mes cicatrices vont être là toute ma vie. Je risque d’avoir des séquelles à la main, des douleurs qui vont peut-être rester pour le reste de ma vie. Je ne veux pas qu’il purge 15 ans de prison. Mais reste que deux ans pour ce que j’ai subi et ce que je continue de subir, pour ce qu’il m’a fait vivre, c’est minime. Je veux qu’il comprenne que ce qu’il a fait, ça ne se fait pas et qu’il y a des conséquences. »

La traverse piétonnière

Selon Catherine et d’autres citoyens grandbasilois, cette traverse piétonnière est dangereuse. Il n’y a pas de feux de circulation à cet endroit, l’éclairage le soir ne semble pas suffisant et il n’y a aucune signalisation pour indiquer aux automobilistes que des piétons pourraient traverser. « C’est très mal éclairé, plusieurs citoyens se sont plaints », affirme Catherine.

Soutien

Heureusement, Catherine peut compter sur l’appui du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et sur le soutien de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). De plus, elle est présentement hébergée dans un centre de réadaptation dans le réseau public où elle a accès à divers professionnels, dont un physiothérapeute pour se remettre de l’accident.