L’heure du conte
Sébastien Potvin, professeur de musique au primaire, alias Barbada, offre une activité haute en couleur aux enfants pour l’heure du conte.
Barbada offre une activité de lecture aux enfants âgés de 3 à 8 ans depuis 2016. Elle se rend dans les bibliothèques de la région vêtue en drag queen. L’an dernier, lors d’une activité spéciale, ce sont les élèves de 3e et 4e année de l’école primaire du Grand-Chêne, à Sainte-Julie, qui ont accueilli Barbada. C’est l’enseignante de 4e année de l’école, Catherine Camerlain, qui a eu l’idée de l’inviter.
« Sébastien a été un camarade de travail pendant plusieurs années. Je le connais personnellement. Je lui ai demandé de venir à l’école pour l’heure du conte », explique Mme Camerlain. Barbada a passé plus de deux heures avec les jeunes. « Les enfants ont posé plein de questions, Sébastien a été très ouvert. C’était une activité ludique, amusante, axée sur l’ouverture et l’acceptation de soi », mentionne l’enseignante.
En la voyant passer dans le corridor, les élèves de maternelle étaient émerveillés par le personnage flamboyant de Barbada. Elle a passé un petit moment avec eux en leur parlant notamment de musique.
« Quand les enfants ont vu Barbada, ils étaient encore plus contents que de voir le père Noël. Pour eux, Barbada, c’est un personnage comme la fée des dents », confie Mme Camerlain.
La controverse
Le 2 avril dernier, une manifestation a eu lieu à Sainte-Catherine lors d’une activité animée par Barbada. Les personnes y participant s’opposaient à ce qu’une drag queen fasse la lecture à des enfants. La Ville de Sainte-Catherine a été dans l’obligation de déplacer l’activité dans un lieu secret. Des policiers ont été dépêchés sur place. Trois personnes ont été arrêtées pour avoir troublé la paix.
« C’était une activité ludique, amusante, axée sur l’ouverture et l’acceptation de soi. » – Catherine Camerlain
Barbada était de passage à l’émission Tout le monde en parle, le 9 avril dernier, pour revenir sur les événements. « On n’est pas là pour laver le cerveau des enfants. Les enfants, ça ne se fait pas brainwasher parce qu’ils n’ont rien appris encore. Moi, ce que je veux leur apprendre, c’est l’ouverture, le rapport avec la différence, parce que ces jeunes-là, cette génération-là, plus que nous ici, vont être appelés et confrontés à cette différence-là », a-t-elle expliqué lors de l’émission. Rita Baga, une drag queen originaire de Saint-Bruno-de-Montarville, a également commenté les événements du 2 avril dernier. « On peut préférer une chose à une autre sans sentir le besoin de rabaisser ou de détruire ce que l’on apprécie moins. Parce qu‘au final, derrière nos personnages, nous sommes des êtres humains à part entière. »
Pour ce qui est de l’activité qui s’est tenue à l’école du Grand-Chêne, aucun parent ne s’y est opposé. « On n’a eu aucun commentaire négatif, aucune critique. Au contraire, des parents ont mentionné que leurs enfants avaient eu beaucoup de plaisir », raconte l’enseignante.
Déroulement de l’activité
Barbada débute habituellement par une entrée remarquée. Elle s’assoit et prend quelques minutes pour se présenter, expliquer ce qu’est une drag queen, ce qu’elle fait dans la vie de tous les jours et pourquoi elle a choisi de faire des spectacles de drag. Ensuite, elle demande aux enfants de se présenter en disant leur nom ou un nom inventé. Par la suite, Barbada lit une première histoire, qui dure environ de 10 à 15 minutes. Elle fait ensuite un petit retour sur l’histoire, suivi d’un jeu ou d’une chanson pour faire participer les enfants et leur permettre de se dégourdir un peu.
Barbada demande ensuite à tout le monde de se s’asseoir et lit une seconde histoire, habituellement un peu plus courte que la première. Pour terminer, Barbada fait un petit tirage de quelques articles variés, notamment crayons, casse-tête, jeu de mémoire, etc. La personne responsable de l’activité aura préalablement distribué des coupons de tirage (fournis par Barbada) aux parents. Après l’événement, les enfants et les parents sont les bienvenus à prendre des photos avec elle.