Les raccordements inversés : un sujet chaud

Un sujet chaud à la dernière séance du conseil municipal de Saint-Basile-le-Gand concerne les raccordements inversés. Plusieurs citoyens affectés confrontent la Ville. 

La Ville de Saint-Basile-le-Grand est aux prises avec des problèmes concernant de mauvais branchements sanitaires et pluviaux, aussi appelés des raccordements inversés. Un problème qui pollue la rivière Richelieu. Selon le conseiller municipal du district 2, Martin Leprohon, environ 250 des 6 400 résidences à Saint-Basile sont aux prises avec ce problème.

Citoyens mécontents

« Selon la ligne directrice du gouvernement provincial, la responsabilité des raccordements inversés sont avec les propriétaires privés », mentionne Martin Leprohon. Les citoyens présents à la dernière séance du conseil ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils trouvent la situation injuste et demandent à la Ville d’absorber 100 % des coûts reliés aux travaux. La Ville se dit ouverte au débat. « Nous sommes à l’écoute pour voir s’il y a lieu de faire des modifications à l’approche présentement. Je ne dis pas que l’on va faire des modifications, mais je pense que le débat est bien parti », mentionne Yves Lessard, maire de Saint-Basile. Reste à savoir si la totalité des citoyens grandbasilois voudront payer pour environ 4 % des propriétaires affectés par le problème.

Presque aucune ville environnante ne possède des informations sur le sujet sur son site Internet. La Ville de Sainte-Julie a confirmé faire face au même problème et mentionne que si les raccordements se trouvent sur le terrain privé, c’est le propriétaire qui paie la facture. La Ville de Montréal a, quant à elle, décidé de payer pour tous les travaux.

« C’est un enjeu de collectivité et même un enjeu provincial, puisque le problème affecte tout le Québec. » – Sylvie Lamy

Sylvie Lamy, propriétaire d’un duplex à Saint-Basile depuis deux ans, a soulevé ses inquiétudes au conseil municipal concernant le problème. « Dans les communications de la Ville, j’ai lu qu’il y aurait des tests à la fumée pour savoir s’il y a des raccords inversés. Si de la fumée sort par l’évent de la maison, il est possible qu’elle ait des raccordements inversés. Des tests à la pastille seraient alors à faire. S’il est à son tour positif, des travaux devront être faits à mes frais », a-t-elle expliqué en entrevue avec le journal Les Versants. En projetant de la fumée dans les égouts, la municipalité peut voir les maisons qui ont des raccordements inversés en observant simplement les évents des maisons. Cette fumée est non toxique. Par la suite, à l’aide d’un colorant, la Municipalité teintera l’eau pour s’assurer des maisons concernées. Pour l’instant, la Ville n’a pas encore confirmé quand le test à la pastille serait fait dans la demeure de Mme Lamy. Au micro, au conseil municipal, la citoyenne a affirmé que si sa maison a des raccordements inversés, elle ne paiera pas la facture des travaux. Nous lui avons demandé pourquoi. « Je ne comprends pas pourquoi je devrais payer. Il s’agit d’un problème collectif. Des eaux usées se déversent dans la rivière Richelieu. C’est un enjeu de collectivité et même un enjeu provincial, puisque le problème affecte tout le Québec. Quand une rue doit être réparée, tous les citoyens paient, alors pourquoi ne pas faire la même chose avec les raccordements inversés? », mentionne Mme Lamy. 

Si elle avait été au courant du problème, elle n’aurait pas acheté sa maison. « Du moins, j’aurais négocié le prix en conséquence », explique-t-elle. Sylvie Lamy regrette parfois d’avoir déménagé à Saint-Basile. « Je trouve que la Ville manque de transparence. Il n’y a pas eu de consultation publique, peu de gens sont au courant de ce problème. On ne connaît toujours pas les détails de sa démarche. On dirait qu’elle veut garder ça secret. » Elle ajoute « Je suis déçue de la façon dont la Ville gère cet enjeu ».

Aucune réponse de la Ville

Quelle sera la suite? Le conseil municipal reviendra-t-il sur sa décision? Une consultation publique aura-t-elle lieu? Nul ne sait. Le maire n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Règlement

En fait, seuls les propriétaires de maisons bâties avant le 19 février 1990 auront droit à une aide financière de la Ville [la Ville prendra en charge de 30 % à 50 % de la valeur des travaux]. Pourquoi? Cette date représente l’adoption du règlement EB-31 qui stipule que les branchements de service devaient respecter l’ordre suivant (en regardant la façade de la résidence, de gauche à droite) : eau potable (aqueduc), sanitaire (égouts eaux usées), pluvial (égouts pluviaux). Donc, les propriétés bâties après cette date devraient déjà être conformes.