Les pancartes électorales décortiquées
Pancartes électorales
Toutes les villes en sont placardées, certains les apprécient et les jugent utiles, tandis que d’autres les considèrent comme étant de la pollution visuelle : les pancartes électorales.
Bien qu’elles aient toutes le même but, elles sont toutes différentes, mais qu’est-ce qui constitue une bonne pancarte électorale? Bernard Motulsky, professeur au département de communication sociale et publique à l’UQAM et spécialisé en communication stratégique et gestion d’image, partage avec nous son analyse de celles-ci.
Avant de commenter chacune des pancartes électorales des candidats qui se présentent à la mairie, Bernard Motulsky a tenu à mentionner que c’est très difficile de faire de la publicité qui se démarque. « Quand on regarde de façon générale, ça tourne un peu toujours autour des mêmes choses : des gens souriants, des promesses d’avenir, des slogans, etc. Ce qui est intéressant à regarder, c’est plus s’il y a des éléments qui apparaissent plus efficaces que d’autres, explique-t-il. Ce que je regarde d’habitude, c’est la clarté, car une affiche dans laquelle il y a beaucoup d’éléments, c’est comme s’il n’y avait rien. »
Candidats à Saint-Bruno
La pancarte électorale qui a immédiatement sauté aux yeux du professeur, c’est celle de Bruno Harvey, grâce au slogan « À Saint-Bruno, c’est Bruno! ». « L’humour, c’est une bonne façon de rejoindre les gens », dit-il.
Ensuite, il y a la pancarte de Michel Deslandes qui se compose d’un tableau représentant un poisson mort dans le lac et où on peut lire à l’endos « Sauver le lac ». M. Motulsky l’a trouvée originale et semblait l’apprécier; par contre, en sachant qu’il n’y en avait pas beaucoup, le spécialiste a dû avouer que ça perdait un peu de son pouvoir. « C’est une façon très originale de se présenter et d’avancer une de ses promesses, mais si on veut faire un impact, il faut que le plus de gens possible la voient. Si on se différencie des autres comme ça et qu’on veut faire comprendre aux gens qu’on fait la politique autrement, il faut que le message se rende », poursuit-il.
M. Motulsky a également apprécié la pancarte électorale d’André Besner du Parti Équilibre, notamment grâce à la clarté et au dégagement des éléments. « Il y a un élément qui me frappe : le logo. On voit qu’il y a un effort de se positionner. On ne sait pas exactement quelles sont ses promesses, mais il y a quand même de bons ingrédients. »
« Ce que je regarde d’habitude, c’est la clarté, car une affiche dans laquelle il y a beaucoup d’éléments, c’est comme s’il n’y avait rien. » – Bernard Motulsky
Les pancartes d’équipes
Le spécialiste a trouvé que la pancarte électorale du Parti Montarvillois était très simple, car la disposition des candidats autour du maire est ce qui se fait le plus en politique. La pancarte serait bien, mais ne sort pas de l’ordinaire. « Quand on regarde l’affiche, il y a bien du monde sur l’image, mais à peu près n’importe qui pourrait faire ça, explique-t-il. Il n’y a pas plus clair que ça. »
En ce qui concerne l’Alliance Municipale, où l’on voit les huit candidats qui se tiennent la main devant un décor forestier, le professeur pense que la pancarte est « cute » et plaisante à voir, mais manque peut-être de profondeur. « Ce n’est pas vraiment ce à quoi on s’attend d’une équipe municipale, c’est une façon originale de présenter les gens et graphiquement parlant, c’est bien fait, analyse-t-il. Mais la signature aussi est importante : écouter, comprendre, agir, ça ressort bien, mais ça nous amène où? »
Toutefois, Bernard Motulsky reconnaît que les affiches qui représentent des équipes sont plus difficiles à réaliser. « C’est difficile d’avoir quelque chose de plus parce qu’il y a déjà sept ou huit personnes, ça charge beaucoup une image. C’est toujours une question d’équilibre et avec autant de personnes, on ne peut pas en plus mettre des slogans, des logos et des promesses. »
À Saint-Basile-le-Grand
Bernard Motulsky a commenté deux des trois pancartes des candidats à la mairie de Saint-Basile-le-Grand, soit celles d’André Métivier et du Parti Grandbasilois. Il a jugé celle d’Yves Lessard comme tout à fait normale. Selon le professeur, celle d’André Métivier est très efficace, car elle est épurée, mais tout ce qui est important dans une pancarte s’y trouve quand même.
L’affiche du Parti Grandbasilois a soulevé plus de questions. « Je ne vois pas trop l’objectif de mettre un groupe de personnes devant un terrain de jeu. Celui qui se présente en tant que maire est un peu plus à l’écart, ça pourrait être interprété comme s’il était moins sûr. » Mais il soutient qu’il s’agit quand même d’une preuve d’originalité et qu’il s’agit ici d’une analyse poussée et non de ce que pense chaque citoyen. « On est dans le subtil, les gens qui regardent, ceux qu’on cherche à influencer, ils ne regardent pas les affiches à la loupe et n’accorde que deux secondes à ce qu’ils voient. »
Constat final
Selon le professeur, trois pancartes se sont démarquées lors de ces élections. En première place, celle d’André Besner à cause de sa construction et son aspect géométrique. « Le premier travail d’un outil de communication, c’est qu’il attire l’attention et celui-là fonctionne », justifie-t-il. En deuxième place, deux affiches sont ex æquo, soit celles de Bruno Harvey et d’André Métivier. « Le candidat à la mairie ressort vraiment, car ce qu’on recherche, c’est la notoriété du candidat. Il y a aussi d’autres éléments pertinents bien agencés », explique-t-il.
Le mot de la fin de Bernard Motulsky, qui pourrait servir de conseil pour les prochains aspirants candidats aux élections de 2021 : « Il faut que ce qu’on a à dire, ou ce qu’on veut faire paraître, ne soit pas noyé. Sur une pancarte, si vous avez plus de trois messages, ça commence à devenir un peu compliqué. »