Le travail de rue, une vocation pour Isabelle

Depuis six mois, Isabelle parcourt les rues et parcs de Saint-Bruno afin d’intervenir auprès des gens qui en ont besoin. Sa profession : travailleuse de rue. 
Même si elle savait depuis longtemps que son désir était d’aider les gens, Isabelle a cherché plusieurs années vers quelle profession s’orienter, et ce, jusqu’à ce qu’elle découvre les différentes facettes du travail social. Il lui a fallu peu de temps pour réaliser que le travail de rue était un emploi fait sur mesure pour elle. Elle avoue adorer ce type de boulot qui n’a rien de routinier. « Il n’y a jamais une journée pareille. Je ne sais jamais ce qui m’attend avant d’entreprendre ma tournée de la ville. »
Bien qu’elle arpente plusieurs rues de la municipalité, ses principaux lieux d’intervention sont les parcs et certains commerces de restauration rapide du centre-ville. L’automne et l’hiver, elle se tient proche des établissements scolaires et des centres de sports ou des patinoires. « En fait, je me rends là où il y a des gens. » La clientèle avec laquelle elle travaille le plus est constituée de jeunes de 12 à 25 ans et de gens âgés de 35 ans et plus. « Je dirais que mon temps est partagé équitablement entre ces deux groupes d’âge. Oui, il y a un bon nombre d’ados qui vivent des moments difficiles, mais on a tendance à oublier que les personnes âgées ont aussi besoin d’aide. Plusieurs aînés se retrouvent seuls et souffrent d’isolement. Les taux de suicide sont assez élevés chez ces derniers. »

« Il n’y a jamais une journée pareille. Je ne sais jamais ce qui m’attend avant d’entreprendre ma tournée de la ville. » – Isabelle

Jamais Isabelle ne s’impose auprès des gens. Elle commence par s’asseoir dans un endroit et observer ce qui se passe autour. Lorsqu’elle cible des personnes qui semblent à risque, elle va tenter d’entrer en contact. « Toutefois, si je sens que ma présence n’est pas souhaitée, je vais me retirer. En intervention, il ne faut jamais forcer les choses. Il faut se faire voir, jaser et développer le lien de confiance. »
La travailleuse de rue dit ne jamais s’être retrouvée dans des situations conflictuelles où elle aurait pu se sentir en danger. » Quand je sens que ma présence n’est pas la bienvenue et que cela ne pourrait qu’empirer les choses, je me retire. Franchement, je dois dire que dans ma vie, j’ai plus peur des mouffettes que des gens », lance-t-elle en riant.
Une fois qu’elle a aidé une personne, il est plus facile d’intervenir auprès de ses amis. « Ça fonctionne beaucoup par bouche-à-oreille. Si des gens connaissent une personne auprès de laquelle je suis intervenue et que cela a permis d’améliorer sa situation, ils ont tendance à eux-mêmes venir à moi. Le lien de confiance est beaucoup plus facile à établir. »
La toxicomanie, les problèmes de santé, les séparations et l’anxiété sont parmi les problématiques avec lesquelles la travailleuse de rue compose à Saint-Bruno. « C’est incroyable de voir le nombre de personnes qui souffrent de problèmes anxieux. Cela a beaucoup augmenté au fil des ans. » L’empathie est la clé du succès dans un travail comme celui d’Isabelle. « Je ne juge jamais les gens auprès de qui j’interviens. J’aime comprendre ce qu’ils vivent et chercher le meilleur moyen de leur venir en aide. »
Beau temps, mauvais temps 
Être travailleur de rue, ça veut dire travailleur à l’extérieur, quelles que soient les conditions climatiques. Bien entendu, les jours où le temps est si mauvais qu’il n’y a pratiquement personne dehors, Isabelle en profite pour effectuer les tâches qu’elle n’a en général pas le temps de faire. « C’est au cours de ces journées que je travaille entre autres à la rédaction de mes rapports ou que j’assiste à des formations. »
Avec l’automne qui arrive, il ne faudrait pas s’étonner de voir Isabelle aller dans certaines écoles et des organismes du milieu pour se présenter, parler de son travail et ainsi, mieux se faire connaître. « Plus les gens et les intervenants vont me connaître, plus il sera facile pour moi d’intervenir auprès de ceux qui en ont besoin », conclut-elle.