Le boisé des Tilleuls protégé pour 9,5 millions

La Ville a annoncé vouloir officiellement se porter acquéreur du boisé des Tilleuls pour un montant de 9,5 millions de dollars. 

Cette entente met fin à un litige opposant la Ville au propriétaire du terrain, qui souhaitait réaliser un projet de construction résidentielle de plus de 100 logements. » Conformément à cette entente, la Ville se portera acquéreur du boisé et la poursuite sera terminée en contrepartie d’un montant de 9,5 M$. 

Nous espérons financer ce montant avec 66 % de subventions, mais même sans, nous irions de l’avant « , a indiqué au journal le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé-Farand. 

En juillet 2022, la Ville annonçait déjà avoir trouvé une entente pour la conservation du boisé Sabourin, au sud de la route 116, pour un montant de huit millions de dollars. Le montant déboursé par la Ville avec les subventions reçues en moins est de 3,5 millions de dollars. La Municipalité récidive ici en achetant le boisé des Tilleuls.

Le dernier caillou que traîne la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville dans sa chaussure, concernant la protection de ses boisés, est celui du boisé des Hirondelles. L’affaire est toujours devant les tribunaux après que la Ville a fait appel de la décision de la Cour supérieure du Québec. Celle-ci a demandé à la Ville d’indemniser le propriétaire du boisé des Hirondelles à la suite de ce qu’elle considère comme une » expropriation déguisée « . L’ancienne administration de Saint-Bruno avait voté un règlement interdisant la coupe d’arbres sur l’ensemble des boisés concernés. Un règlement empêchant de ce fait toutes constructions. 

Une promesse électorale

M. Grisé-Farand rappelle au journal que la protection du boisé des Tilleuls était » une promesse électorale. C’est le dernier espace vert à protéger à l’une des entrées de Saint-Bruno depuis que l’ancienne administration a détruit le boisé qui était en face. Il n’y avait pas de sens qu’un projet immobilier s’installe à la place du boisé des Tilleuls en proposant 100 unités d’habitation dans un cul-de-sac « .

Selon le maire, il fallait agir rapidement, car rien n’empêchait le promoteur d’aller de l’avant très vite. » Nous n’avions pas le choix, soit nous achetions le boisé, soit il était rasé dès cet automne. «

» Ce montant n’impactera pas à la hausse le compte de taxes des contribuables, car il sera absorbé à même la marge de manœuvre existante du budget 

de la Ville. » – Ludovic Grisé-Farand.

Un registre

La tenue d’un registre est mis en place, du 3 au 6 avril par la Ville, pour savoir si les citoyens veulent qu’un scrutin référendaire soit tenu pour aller de l’avant dans cette décision.

Pour l’achat du boisé des Tilleuls, la Ville envisage d’emprunter un million de dollars. La somme empruntée aura une répercussion financière par unité d’habitation résidentielle de 6,89 $. 

» Toutefois, ce montant n’impactera pas à la hausse le compte de taxes des contribuables, car il sera absorbé à même la marge de manœuvre existante du budget de la Ville « , précise le maire. Louis Mercier, élu indépendant du district 5, n’est pas en accord avec la vision du maire. Il critique » le manque de transparence financière dans cette transaction où l’on fait un règlement d’emprunt insignifiant pour en minimiser l’apparence de coût pendant que l’on paie comptant le solde de 8,5 M$ (9,5 M$ moins les 1 million d’emprunt). Ainsi, on devra taxer plus tard d’autres projets plutôt que de les payer comptant, ce que l’on ne dit pas, bien entendu. On endort le citoyen et on le roule dans la farine. Et, bien entendu, les commerces et les industries, avec des taux respectivement de 4,8 et 5 fois celui des citoyens, vont en prendre un grand coup. Pourtant, la Ville a créé un comité pour venir en aide aux commerces « , d’indiquer M. Mercier.

Pour le maire, la vigueur du parc industriel de la Municipalité lui permet d’entreprendre ces projets sans en faire porter la charge sur ses citoyens. » Avec le projet immobilier aux Promenades St-Bruno et tout ce qui s’en vient au parc industriel, on peut se permettre d’être la Ville de l’agglomération qui a la plus faible augmentation de taxes pour ses citoyens. Ces projets nous donnent une marge de manœuvre qui nous permettra, même en achetant le boisé des Tilleuls, de réaliser tous les projets qui étaient prévus « , d’indiquer le maire.

La protection de boisés

Depuis 1993, où la Ville a acquis les premiers lots devant former le boisé Tailhandier en 2004, Saint-Bruno a démontré à de nombreuses reprises sa proactivité quant à la conservation des milieux naturels d’intérêt, à haute valeur écologique, et par conséquent son engagement envers la protection de la biodiversité sur son territoire.

Plus récemment, l’acquisition du boisé Sabourin, l’un des principaux boisés présents au sud de la 116, avec ses 19 hectares, soit près de 2 millions de pi2, en est un bel exemple.

Ce faisant, Saint-Bruno contribue à l’atteinte de l’objectif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) de protéger 30 % des milieux naturels sur son territoire d’ici 2030.

» Aujourd’hui, je pense que l’on dépasse nos objectifs. Nous avons un autre petit boisé que nous souhaiterions protéger, collé au boisé Sabourin, mais nous n’avons pas encore entamé les discussions avec les propriétaires. Ce serait le dernier boisé à protéger « , de conclure le maire.