L’article 19 entre en jeu
Projet de La Futaie dans le Boisé des Hirondelles
Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, annonçait récemment son intention d’assujettir le projet de développement domiciliaire « La Futaie », du promoteur et sénateur Paul J. Massicotte, à l’article 19 de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel qui lui permet d’empêcher toute intervention s’il a des « motifs sérieux de croire que cette intervention peut sévèrement dégrader un milieu naturel qui se distingue par la rareté ou par l’intérêt exceptionnel que présente l’une de ses caractéristiques biophysiques ».
Dans l’article du journaliste Charles Côté, intitulé « Projet immobilier : Québec freine les ardeurs d’un sénateur », publié dans le quotidien La Presse le 7 octobre dernier, l’on apprend que le ministère a émis ce préavis « pour protéger le ginseng à cinq folioles, une espèce de plante menacée de disparition », puisque plusieurs éléments du projet seraient de nature à « éliminer en partie le milieu naturel du ginseng à cinq folioles ».
Dans le document ministériel, il est également mentionné le fait que le couvert forestier serait diminué de 40 % et que le sol serait dynamité : le gouvernement estime que ces interventions contribueraient à « dégrader sévèrement ce milieu naturel ».
Rappelons que ce dossier a fait couler beaucoup d’encre dans les médias au cours des dernières années, depuis que M. Massicotte a acheté le terrain de six hectares, situé en bordure du parc national du Mont-Saint-Bruno, en 2006. Dès lors, des citoyens et professionnels des milieux écologique et forestier ont manifesté leurs inquiétudes devant la construction d’une trentaine de résidences à cet endroit.
Réjouissances à Saint-Bruno
La Fondation du Mont-Saint-Bruno et le Parti montarvillois se réjouissent du préavis du ministère. « Ce geste démontre que le ministre reconnaît hors de tout doute le caractère exceptionnel de l’écosystème du Boisé des Hirondelles », déclare la présidente de la Fondation du Mont-Saint-Bruno et spécialiste en écologie forestière, Tanya Handa.
En reconnaissant la rareté et l’intérêt du patrimoine naturel du Boisé des Hirondelles, Mme Handa croit que le ministère pourrait non seulement protéger ce noyau de biodiversité, qui est dans le corridor forestier du Mont-Saint-Bruno et essentiel à l’atteinte des objectifs du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), mais créerait un précédent important pour la sauvegarde de la diversité biologique au Québec, voire dans l’ensemble du Canada.
Quant au Parti montarvillois (PM), il applaudit lui aussi le ministère. Il estime « que M. Heurtel a saisi l’occasion de démontrer à la population québécoise que le gouvernement libéral prend au sérieux la protection de l’environnement et le maintien de la biodiversité, et qu’il entend voir à l’application des différentes lois en vigueur ».
La porte n’est pas fermée
Même si le ministère a assujetti le projet de M. Massicotte à l’article 19 de la Loi, il ne ferme tout de même pas la porte à la construction des résidences. Interrogé par le journalise Côté, le chef de l’expertise en biodiversité au ministère, Jean-Pierre Laniel, a fait savoir que le promoteur avait jusqu’au 1er novembre pour démontrer que son projet « peut être réalisé de façon à ce que les impacts sur le ginseng soient réduits à un niveau acceptable pour le ministère ».
