L'art de communiquer sans tabous!
Winston McQuade, porte-parole de Procure
« Lorsque tu apprends que tu es atteint du cancer de la prostate, ton monde s’écroule. Ta confiance aussi en tant qu’homme peut être fortement ébranlée. C’est ce qui m’est arrivé en 2003, à l’âge de 60 ans. »
Pour Winston McQuade, personnalité publique charismatique, animateur, artiste en art visuel engagé et porte-parole et conférencier pour l’organisme Procure, la pilule fut réellement difficile à avaler lorsque son médecin lui a annoncé le diagnostic de cancer de la prostate. Il n’avait pas vu venir le coup. « Ça brasse la cage, on a mille et une questions qui surgissent et il devient tout à fait normal de se demander si, éventuellement, l’on sera encore capable d’avoir des érections! »
Pas vu venir le coup? Effectivement, plusieurs hommes atteints du cancer de la prostate n’auront pas forcément de symptômes précurseurs. Ce type de cancer, en particulier dans ses premiers stades, peut se développer sans qu’aucun signe ou symptôme ne se manifeste, comme l’atteste la Société canadienne du cancer : « Des symptômes pourront apparaître si la tumeur fait augmenter anormalement la taille de la prostate. Celle-ci exerce alors une pression sur l’urètre, ce qui peut rendre la miction difficile, douloureuse ou plus fréquente. » Mais, dans certains cas, il est important de ne pas confondre avec l’hypertrophie bénigne de la prostate (problème courant chez l’homme vieillissant). Toutefois, les symptômes sont semblables et des analyses seront nécessaires pour poser un diagnostic sûr. Une fois le diagnostic posé, il faut envisager un traitement rapidement.
Au dire de Winston McQuade, il devient fondamental de bien choisir « son » spécialiste (onco-urologue ou urologue) et, quelque part, le « magasiner » afin de bien comprendre les enjeux qui peuvent s’ensuivre, selon le degré d’évolution du cancer et selon son état physique. Dans son cas, après de longues discussions, il a opté pour la prostatectomie (chirurgie qui consiste en l’ablation totale de la prostate). L’opération a très bien réussi, bien qu’au bout de deux ans, lors du test de dépistage routinier, les prises sanguines aient affiché un taux d’APS (protéine appelée antigène prostatique spécifique) à plus de 8 (un taux supérieur à 4 microgrammes/litre [μg/L] pour l’APS est souvent défini comme anormal). Dès lors, il est devenu impératif de compléter le traitement avec de la radiothérapie accompagnée d’hormonothérapie. L’intervention finale a fonctionné, au grand soulagement de Winston. Son taux d’APS a chuté à 0,4 et, depuis 2006, il est demeuré stable. « Je suis suivi régulièrement par mon médecin. Même si j’ai vécu une belle victoire en 2006, je reste prudent, mais j’ai confiance », d’ajouter Winston.
À partir de 50 ans, il demeure primordial de passer le test de dépistage d’APS, accompagné du toucher rectal : ils permettent de voir la santé de la prostate et ainsi de dépister des anomalies à un stade précoce. Il faut penser qu’il y a 1 homme sur 7 au Canada qui sera atteint de ce cancer. Mais rassurez-vous, on ne meurt pas si facilement du cancer de la prostate quand il est diagnostiqué à temps – il n’en reste pas moins qu’il est le cancer le plus répandu chez les hommes au Canada. En général, il évolue lentement et peut souvent être guéri ou traité avec succès. Détectées tôt, 96% des tumeurs sont éradiquées.
Se prendre en main
Lorsqu’il a reçu son diagnostic, Winston McQuade n’a pas lésiné une seconde et a mis toutes les chances de son côté. Il a arrêté de fumer, s’est mis à l’exercice intensif au gym et a modifié son alimentation : moins d’alcool et beaucoup plus de légumes verts! « Je vous assure qu’il est important de se prendre en main! Et ne pas hésiter à suivre une bonne thérapie. Vous savez, ça prend un bon moral et un couple solide pour passer à travers ce genre d’épreuve. D’ailleurs, mon amoureuse à cette époque fut très solidaire dans ma démarche. Je me suis permis bon nombre de thérapies et peut-être est-ce la raison pour laquelle, aujourd’hui, je suis à l’aise d’en parler sans heurt ni malaise. Vous savez, à 70 ans, je considère que je vis une vie affective et sexuelle très satisfaisante! »
En réalité, c’est grâce à Jean Pagé, aussi porte-parole de l’organisme Procure, que Winston a entendu parler pour la première fois de cet organisme. Procure, tout comme Jean Pagé, qui avait déjà vécu l’expérience du cancer, l’a réellement épaulé au cours de cette épreuve. « Mon rôle auprès de Procure? Sensibiliser les hommes, mais aussi les femmes, à la prévention du cancer de la prostate! Les salles sont bien remplies lors des conférences et les gens, quoiqu’encore un peu pudiques face au sujet, sont de plus en plus ouverts à comprendre ce type de cancer. Je m’adresse beaucoup aux conjointes, car on sait que les hommes mettent trop souvent ces sujets cruciaux en dessous du tapis. J’encourage fortement les femmes à pousser leur homme à passer leurs tests auprès de leur médecin. Il ne faut pas se leurrer, c’est la seule façon de savoir si notre prostate est en santé ou non! L’échange lors de ces conférences est très convivial et est fait avec beaucoup d’ouverture et d’humour. Je m’amuse en toute liberté et sans tabous. C’est la beauté de la chose! »
Le Movember
Nous avons tous entendu parler du Movember : « Mo » pour moustache et « vember » pour mois de novembre. Le Movember est devenu le symbole le plus populaire de la lutte contre le cancer de la prostate. Constatant que les hommes sont moins attentifs à leur santé que les femmes, et que les maladies masculines demeurent taboues, ce mouvement d’envergure internationale a pris naissance en Australie dans les années 90. Depuis, il continue sur sa lancée. Selon certains, le Movember sensibiliserait ainsi les hommes à vivre plus d’engagement (grâce à la cause), d’audace (pas toujours évident de porter une moustache quand ce n’est plus « in ») et de volonté (la garder durant un mois). Ce geste de solidarité et de sensibilisation pourrait aider les hommes, d’une certaine manière, à reprendre leur santé en main, ce qui aurait comme avantage considérable de réduire les risques liés au cancer.
Faire la différence
Depuis 2003, avec le soutien de ses partenaires et fidèles collaborateurs, Procure a:
- investi 4 millions de dollars dans la recherche sur le cancer de la prostate par l’entremise de sa Biobanque (outil de recherche très prometteur qui cumule les informations clinicopathologiques et sociodémographiques des participants recueillies par une équipe de recherche oeuvrant sur le terrain au sein des quatre Centres hospitaliers universitaires du Québec);
- répondu à plus de 5000 appels et courriels de personnes atteintes du cancer de la prostate et leurs proches;
- organisé plus de 300 conférences grand public à travers le Québec au sujet de la maladie, de l’importance du dépistage et des traitements.
Pour information: 514 341-3000 ou 1 877 320-9322. Site Internet: www.procure.ca