Interdiction du cellulaire : pour une meilleure socialisation à l’école
Le ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, interdira l’utilisation des cellulaires dans les écoles publiques et privées de la province dès la rentrée scolaire 2025-2026. Un concept que le Collège Trinité, à Saint-Bruno-de-Montarville, a instauré il y a déjà plusieurs mois.
« Le constat demeure. C’est extrêmement positif, une réussite sur toute la ligne! Lorsqu’il n’y a pas enseignement, sur l’heure du midi, nos étudiants sont dehors. Les gymnases sont pleins, la bibliothèque aussi », témoigne le directeur général du Collège Trinité, Jean-François Guay.
Depuis septembre dernier, l’utilisation du cellulaire au Collège Trinité est interdite pendant les heures de cours. À l’arrivée des élèves, l’objet technologique doit être déposé au casier jusqu’en fin de journée. Les montres intelligentes reliées à un cellulaire, les écouteurs et les jeux vidéo en ligne sont aussi proscrits.
L’utilisation du cellulaire au Collège Trinité était déjà restreinte depuis quelques années. Les jeunes avaient la permission de l’allumer uniquement lors de la pause de l’après-midi. Pendant 15 minutes, entre la troisième et la quatrième période, plusieurs avaient les yeux fixés sur l’écran, à répondre à des messages, à regarder des vidéos, à suivre les réseaux sociaux. Depuis septembre, cette exception n’existe plus. Le cellulaire est complètement interdit.
Ce que cette règlementation est venue changer, c’est le volet social. Jean-François Guay se dit ravi de la tournure des événements. « L’objectif avec cette décision était d’avoir un effet direct sur la socialisation. »
« Il faut les orienter vers le sport, la culture. » – Jean-François Guay
Une annonce du ministre
À la suite de l’annonce du ministre Bernard Drainville, le journal a contacté le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) et les directions des écoles de service public. » Pour le primaire, cela n’a pas d’enjeu, puisque nos élèves n’ont pas la possibilité d’utiliser leur cellulaire en tout temps, et ce, depuis toujours « , répond la directrice de l’école Jacques-Rocheleau, à Saint-Basile-le-Grand, Christine Tremblay.
Ainsi, le ministre Drainville a déclaré, le 1er mai, son souhait de bannir les téléphones cellulaires non seulement dans les classes, mais également dans toute l’école, incluant sur le terrain extérieur.
La semaine précédente, la Commission spéciale sur les impacts des écrans recommandait au gouvernement d’interdire partout, tout le temps, les cellulaires dans l’ensemble des écoles primaires et secondaires. Le rapport d’étape de la Commission a été déposé au Salon rouge le 22 avril. À ce moment-là, on ignorait toujours si la recommandation serait acceptée par le ministre de l’Éducation. Il s’était toutefois déjà prononcé sur le dossier en se disant ouvert à l’idée.
« Si les élèves sortent leurs cellulaires, les intervenants les confisquent. Cela arrive très rarement, témoigne Christine Tremblay. Les élèves qui passeront au secondaire l’an prochain seront donc habitués à ce fonctionnement. Je suis en accord avec cette décision. »
La directrice de l’école Jacques-Rocheleau est la seule du service public à avoir répondu à notre demande d’entrevue.
Les directions des écoles secondaires du Grand-Coteau, à Sainte-Julie, et du Mont-Bruno n’ont pas répondu au journal.
L’école secondaire du Mont-Bruno nous a redirigés vers le CSSP. De son côté, ce dernier a décliné notre demande d’entrevue « pour l’instant » et pourrait envisager une entrevue « plus tard, lorsque nous aurons plus de détails sur le règlement ».
En accord, mais…
En entrevue, Jean-François Guay n’est pas contre la recommandation de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et rappelle les trois missions de l’école : instruire, socialiser et qualifier. Il précise. « Pour atteindre la mission de socialiser, il faut leur apprendre à mieux vivre ensemble. Pour cela, ça prend une vie scolaire, étudiante et sportive, riche. Il faut les impliquer à travers des tournois, des équipes sportives, des clubs. »
Il explique que si le cellulaire est en opposition aux activités sportives, c’est certain que chacun des adolescents se tournera vers son téléphone intelligent. « Il faut les orienter vers le sport, la culture… Pour cela, il faut proposer des activités entre eux. Mais si l’offre n’est pas là, s’il n’y a pas d’alternative au cellulaire, des écoles seront démunies sans le cellulaire. Ça prend quelque chose », illustre M. Guay.
Rappelons que depuis janvier 2024, l’utilisation du cellulaire est interdite dans les salles de classe pour tous les élèves.