Historiquement particulier

Des citoyens, exaspérés par le bruit des travaux, interpellent le conseil municipal depuis le début de l’année. En attendant la révision du plan d’urbanisme de la ville, ils souhaitent l’arrêt des nouvelles constructions résidentielles dans leur quartier.

Lors de la dernière séance ordinaire, les inquiétudes des citoyens ont grandi après avoir remarqué la vente de deux terrains dans leur secteur. Martin Leprohon, conseiller municipal du district 2 et responsable de l’aménagement, de l’urbanisme, des immeubles et du génie, s’est toutefois voulu rassurant, affirmant que la Ville n’était au courant d’aucune transaction et qu’aucun permis n’avait été octroyé pour les terrains mentionnés.

Santé mentale

Le quartier, situé dans la zone 214-H, se trouve entre les rues Lafrance Est, Taillon Est, Boileau et Principale. Dans ces rues, plusieurs maisons unifamiliales ont été construites depuis les années 1950, notamment des bungalows parfaits pour accueillir de jeunes familles, comme celle d’Alexia Boileau, qui représente certains de ses voisins devant les élus depuis le mois de janvier.

Selon leurs observations, plusieurs résidents, dépassés par le bruit et la perte d’intimité causés par les nouvelles constructions, décident de vendre leur propriété. Mme Boileau témoigne également que les travaux en cours depuis plusieurs mois sur différents terrains affectent la santé mentale des résidents du secteur. Triplex, condos… les nouveaux bâtiments construits ne sont pas des maisons unifamiliales.

Depuis 1965

Les travaux de démolition et de reconstruction sont tout de même récents, mentionnent les citoyens rencontrés par le journal. La problématique existe depuis un peu plus d’un an et demi. Le quartier est particulier, car certains types de constructions y sont permis alors qu’ils ne le sont pas dans d’autres secteurs. Toutefois, les règles permettant ces travaux sont en place depuis des dizaines d’années.

« Dès le premier plan d’urbanisme en 1965, des autorisations ont été données pour la construction de bâtiments unifamiliaux isolés, jumelés ou contigus, de bifamiliaux isolés ou jumelés et de trifamiliaux isolés », explique M. Leprohon.

« À la dernière séance, je laissais sous-entendre que le secteur aurait pu être ciblé pour de la densification parce qu’on nous l’imposait au niveau d’organismes supramunicipaux. Ce n’est pas le cas, c’est l’historique de la zone qui a toujours permis du trifamilial », précise-t-il.

Au fil des années et des mises à jour des règlements, notamment en 1985 pour autoriser du multifamilial, puis en 2012 et à nouveau en 2015, la construction de trifamiliaux jumelés et de multifamiliaux sur un terrain de plus d’un demi-hectare a été autorisée.

Possibilité d’un gel

M. Leprohon précise que trois actions sont actuellement en cours par le conseil municipal pour répondre aux préoccupations des citoyens.

En premier lieu, la modification de la structure de l’administration municipale pour mieux prioriser la planification et le développement du territoire. Une personne a été nommée à cet égard. En deuxième lieu, une réflexion du conseil municipal sur l’avenir de cette zone, ainsi que d’autres zones similaires, est à venir dans les prochaines semaines. Enfin, la possibilité de tenir une conférence publique sur l’urbanisme est envisagée par les élus.

Kim Méthot, conseillère du district 4, précise que le conseil s’est saisi du dossier. « Nous allons réévaluer, s’il y a lieu, le règlement d’urbanisme. Cela aura pour effet de créer un gel dans le développement, le temps que nous révisions notre règlement d’urbanisme », explique Mme Méthot, précisant qu’avant la prochaine séance publique du conseil, prévue pour le 10 mars prochain, aucun gel n’aura lieu.

Denis Vézina, conseiller du district 3, s’est ouvertement prononcé sur le sujet en précisant qu’il n’était pas un « gros fan » de projets immobiliers qui dérangent les citoyens. « Sachez qu’autour de la table, les opinions sont très équilibrées, ce qui nous amène à avoir des échanges vigoureux entre les élus.

C’est une problématique qui progresse et Laurie-Lyne L’Allemand-Raymond, qui est votre conseillère pour votre district, fait une très bonne représentation de vos préoccupations au sein du conseil », précise-t-il.

Un sujet qui fait réfléchir

La question de la densification ne touche pas uniquement la zone 214-H. Des citoyens s’étaient opposés à un projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI), en décembre 2024, pour le 264, rue Principale. Le projet, abandonné depuis, visait à construire un immeuble de sept logements à l’emplacement d’une maison unifamiliale existante.