Femmes en détresse : quelles sont les ressources?
L’abandon de deux bébés naissants en l’espace de quelques semaines sur le territoire de Longueuil a fait l’actualité récemment. Le journal Les Versants demande si des ressources existent pour éviter de tels drames sur le territoire que couvre le journal.
« Les besoins sont grands, les ressources sont limitées sur le territoire, mais les femmes ne sont pas laissées à elles-mêmes », assure Isabelle Rodrigue, intervenante au Centre de femmes Entre Ailes, à Sainte-Julie.
Le Centre de femmes Entre Ailes est un organisme, mis sur pied et géré par et pour les femmes, qui dessert les municipalités de la MRC de Marguerite-D’Youville ainsi que la ville de Boucherville. Sa mission est d’offrir aux femmes un lieu d’appartenance et de transition, une solution à leur isolement, un réseau d’éducation populaire et d’action.
« La situation particulière survenue à Longueuil, ça nous a bouleversées. Chaque fois que nous apprenons qu’une femme est passée entre les mailles du filet social que nous essayons de tisser, ça nous bouleverse », exprime Isabelle Rodrigue en entrevue.
Elle souligne que ce genre d’événement soulève un sentiment d’indignation à l’égard des inégalités sociales. Elle ne s’explique pas que des femmes puissent se retrouver face à « des choix impossibles » à faire entre des besoins aussi importants que se loger, se nourrir, obtenir des soins de santé…
« Aucune femme ne devrait avoir à traverser cela seule », estime Mme Rodrigue.
Depuis les dernières années, de plus en plus de femmes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir sont venues cogner à la porte du Centre de femmes Entre Ailes. « Il n’y a pas de campement à Sainte-Julie, mais il y a de l’itinérance cachée. Le phénomène existe sur le territoire. Les enjeux de la crise du logement, on en ressent les effets depuis une dizaine d’années. »
Au Centre de femmes, il y a une hausse des personnes à risque d’itinérance, surtout depuis les deux dernières années. « Nous en voyons davantage. »
Lorsque les bénéficiaires se présentent, les besoins prioritaires sont ciblés avec les gens de l’organisme. Selon le niveau d’urgence, ces femmes peuvent être guidées ou soutenues dans leurs démarches vers d’autres ressources.
Des ressources
Il y a le Réseau d’Habitations Chez Soi, du service d’aide à la recherche de logement de l’Office régional d’habitation ou de la Maison Halo, seule ressource d’hébergement d’urgence non mixte pour les femmes en situation d’itinérance sur la Rive-Sud (les autres sont plus loin en Montérégie, notamment à Granby). « Les demandes dans les maisons d’hébergement explosent. Nous peinons à répondre à la demande, mais ça ne veut pas dire que nous les abandonnons. Nous nous entraidons entre organismes », souligne l’intervenante, qui évoque entre autres la Maison Halo, une ressource à Longueuil qui propose de quatre à six lits non mixtes en hébergement d’urgence.
« C’est la même chose pour une femme enceinte qui se présenterait au Centre. Nous parlons avec elle de ses besoins et de ce qui l’amène à venir nous voir. »
Parmi les ressources pour femmes enceintes, notons Grossesse-Secours, la Maison CALM ou encore les organismes communautaires famille du territoire. Dans d’autres cas, c’est plutôt vers l’accueil psychosocial du CLSC que la femme sera dirigée afin d’avoir accès à du soutien dans le réseau.
« Lorsque des femmes traversent des situations difficiles, vivent de la violence, sont en situation d’itinérance ou à risque de l’être, sont enceintes et se posent des questions… nous aimerions qu’elles se rappellent qu’Entre Ailes est là pour les écouter, les soutenir dans leurs démarches et les accompagner à leur rythme, sans jugement. Nous ne pourrons pas toujours faire quelque chose sur le coup, mais nous pourrons certainement offrir une oreille bienveillante et une solidarité sincère et concrète », insiste Isabelle Rodrigue.
Le Centre d’animation mère-enfant
« Deux bébés abandonnés en quelques semaines, c’est triste et c’est terrible. Il n’y a pas de mots. À la base, ces événements ne devraient pas arriver », confie la directrice générale du Centre d’animation mère-enfant (C.A.M.E.) à Saint-Bruno-de-Montarville, Aline Desfossés.
Selon elle, les ressources pour les femmes vulnérables ou en difficulté sont nombreuses sur le territoire. « Saint-Bruno a un pied dans l’agglomération de Longueuil, et un autre dans la Vallée-du-Richelieu. En ce qui concerne l’itinérance, c’est l’agglomération. Pour l’enfance, c’est la Vallée-du-Richelieu », explique Mme Desfossés.
Parmi le soutien offert, elle parle du CISSS de la Montérégie-Est, du CLSC, des policiers communautaires, des églises, des différents organismes communautaires tels que Bonjour Soleil à Beloeil, le CALACS Rive-Sud et la maison d’hébergement Carrefour pour Elle… « La Ville de Saint-Bruno aussi fait partie des ressources importantes. Joséphine et Jacob, à la Ville, travaillent fort avec le Centre d’action bénévole Les p’tits bonheurs au chapitre de l’itinérance » ajoute celle qui déplore qu’il n’y ait jamais assez de ressources, ni assez de financement.
La Montarvilloise reprend. « Entre organismes, nous nous entraidons et nous effectuons du référencement. Nous les voyons, les enjeux. Il ne faut pas échapper personne. »
La Régie intermunicipale de police Richelieu – Saint-Laurent
Du côté de la Régie intermunicipale de police Richelieu – Saint-Laurent, son porte-parole, le sergent sociocommunautaire Jean-Luc Tremblay, évoque la santé publique, les CISSS ou encore les organismes communautaires qui œuvrent auprès de ces clientèles. « Comme service de police, c’est à l’un de ceux-ci que nous ferions appel, en fonction du contexte de l’intervention, si une telle situation se présentait à nous », précise Jean-Luc Tremblay.
Le Service de police de l’agglomération de Longueuil, qui s’occupe des deux cas d’abandon d’enfant, n’a pas répondu à notre demande.
