exo : la ligne 300 mise à l’écart
La ligne d’autobus 300 d’exo a été retirée des circuits lundi dernier, le 23 juin.
« D’une ligne qui nous reliait au centre-ville à une ligne qui nous rabat au Réseau express métropolitain (REM), nous en sommes maintenant à perdre totalement notre accès au centre-ville », déplore un citoyen de Saint-Bruno-de-Montarville qui a contacté Les Versants.
Une demande
Lors d’une séance du conseil municipal tenue au mois de mai, Saint-Bruno avait effectué une demande auprès de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) afin d’autoriser le trajet directement au centre-ville de Montréal pour les lignes d’autobus 160 et 300. « La Ville n’a reçu aucune réponse de l’ARTM à ce jour », confirme la porte-parole de la Municipalité, Manon Lacourse.
De son côté, l’ARTM, à qui le journal s’est adressé, confirme qu’elle a bien reçu une demande de la Ville de Saint-Bruno.
La ligne d’autobus 300, exploitée par exo Vallée-du-Richelieu, et la ligne d’autobus 160, que chapeaute le Réseau de transport de Longueuil (RTL), ne permettent actuellement qu’un accès au terminus du REM, à Brossard.
« Aucune information n’a été diffusée. La ligne 300 est simplement disparue des applications, des plateformes… », insiste l’usager du transport en commun.
exo confirme et assure un retour
Contactée par le journal, l’entreprise exo confirme le retrait de ce circuit, et ce, en raison de la fermeture temporaire du REM, prévue du 5 juillet au 17 août. « La ligne 300 a été retirée de l’horaire d’été en vigueur depuis le 23 juin », répond la porte-parole d’exo, Andréanne Gagnon. Toutefois, exo veut rassurer sa clientèle. « La ligne 300 sera de retour dès le 18 août, avec l’entrée en vigueur de l’horaire d’automne. »
L’ARTM corrobore les dires d’exo. « La ligne 300 a été retirée temporairement pour la période estivale afin de s’adapter à la fermeture complète du REM, prévue pour six semaines. La ligne 300 sera de retour à l’horaire dès la mi-août, à temps pour la rentrée scolaire », nous dit-on.
Un quotidien chamboulé
Le Montarvillois qui a communiqué avec le journal soutient que le retrait de la ligne d’autobus 300 contrariera sa routine puisqu’il travaille au centre-ville de Montréal. « Bien sûr, que ça va changer mon quotidien! La 300 et le REM me conviennent. S’il n’y a plus de 300 et que ce n’est plus possible de prendre le REM, donc, soit je prends le métro Longueuil, soit je prends la voiture. »
Selon cet homme, le retrait du circuit 300 n’est pas à cause des travaux du REM, puisqu’ils ne sont pas encore amorcés.
Des travaux en juillet
En prévision de la prochaine mise en service du REM, les essais dynamiques qui seront réalisés sur l’ensemble du réseau cet été nécessitent sa fermeture complète du 5 juillet au 17 août. L’ARTM a indiqué que des « mesures d’atténuation seront mises en place durant la fermeture complète du REM ».
« Ça ne peut être en raison des travaux du REM. Ils ne sont pas commencés. Et encore, si le REM est en travaux, on aurait pu penser que la 300 nous relierait au centre-ville pendant ce temps. »
Il poursuit. « Il n’y a pas que les étudiants qui prennent cet autobus, ce qui pourrait éventuellement justifier une coupure estivale. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Je dirais que la ligne est surtout utilisée par des travailleurs. »
Selon Saint-Bruno, ces travaux viendront accentuer davantage la pression sur le réseau d’autobus métropolitain et sur les usagers qui dépendent du transport collectif pour se rendre au centre-ville de Montréal.
La position de Louise Dion
« La disparition de la ligne 300 d’exo est une décision décevante », confie la conseillère municipale du district 1 – Des explorateurs, Louise Dion.
Mme Dion siège au Comité consultatif sur la mobilité. Elle est aussi membre du conseil d’administration du RTL. « Supprimer la 300, c’est priver nos citoyens d’une alternative et leur imposer une perte de flexibilité, avec une seule ligne – la 160 – pour accéder au REM. Si l’on justifie cette coupure par une baisse d’achalandage, il faut rappeler que cette baisse est probablement due au rabattement de la ligne.
Ce genre de décision va à l’encontre des objectifs de mobilité durable. À mon avis, la ligne 300 devrait être maintenue jusqu’au centre-ville de Montréal », mentionne Louise Dion.
L’élue de Saint-Bruno indique qu’avant la mise en place du REM, les Montarvillois pouvaient se tourner vers un lien direct au centre-ville, sans transfert, souvent accessible à pied ou par le RTL à la demande. « Aujourd’hui, ce service est remplacé par un détour vers les stations du REM, ce qui complique les déplacements et nuit à l’attractivité du transport collectif. »
Des options
Pour exo, il y a des solutions de rechange à la disparition temporaire de la ligne 300. « La majorité des arrêts de la ligne 300 se trouvent le long de la route 116 et desservent les municipalités de Saint-Bruno, Saint-Basile, McMasterville, Beloeil, Mont-Saint-Hilaire, Saint-Hyacinthe et Sainte-Madeleine. Plusieurs alternatives demeurent accessibles pour les usagers pendant l’été », annonce Andréanne Gagnon.
Elle cite en exemple les lignes 200 et 201 (express) vers la station de métro Longueuil – Université-de-Sherbrooke, la ligne 520, gratuite pendant les travaux du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, et menant à la station de métro Angrignon, ainsi que la ligne de train 13 – Mont-Saint-Hilaire vers la gare centrale, au centre-ville de Montréal.
« Malgré la période estivale, plusieurs départs habituellement suspendus sur les lignes 200 et 201 ont été maintenus afin de répondre aux besoins des clients », ajoute-t-elle.
Notons que les clients détenteurs d’un titre « tous modes » pour emprunter le REM peuvent aussi utiliser le train et le métro avec ce même titre.
La 160
Quant à la ligne 160 du RTL, notre citoyen montarvillois soutient que c’est « la run de lait » et que ce n’est pas un moyen efficace de navette. « S’il faut couper une ligne, c’est celle-là. La ligne directe au centre-ville était ce qu’il y avait de plus efficace, mais elle n’existe plus. Ce qu’il faut, c’est plus de navettes rapides vers le REM, pas moins, et encore moins les abolir. Il en faut à l’heure de pointe, le soir et le week-end pour que la population développe le réflexe de le prendre et en profite pleinement. La ligne 160 ne remplit pas ce rôle. Saint-Bruno est au bout de cette ligne, qui prend 45 minutes pour se rendre à la station Panama. Aucun travailleur ou étudiant ne peut se permettre de passer tout ce temps dans un autobus. »
« Depuis sa mise en service en juillet 2023, le REM assure en exclusivité la desserte sur le pont Champlain, entre certains secteurs de la Rive-Sud et le centre-ville de Montréal. Cette réalité a mené à une refonte complète des réseaux d’autobus du RTL et d’exo. L’entente en vigueur prévoit que l’ARTM et ses partenaires ne peuvent déployer de services d’autobus sur cet axe autrement qu’en cas d’interruption du service du REM, ce qui concerne notamment les lignes 160 du RTL et 300 d’exo », de conclure l’ARTM.