Les études à l'âge adulte

La persévérance scolaire se joue dès la première année; toutefois, il est, en certains cas, difficile de garder l’intérêt tout au long des études. C’est encore plus ardu lorsque ce sont des adultes qui doivent terminer les leurs, et eux aussi font preuve d’une grande persévérance.
Les raisons sont nombreuses pour retourner aux études, que ce soit pour terminer son secondaire ou entamer des études supérieures. Selon Suzanne Barrière, directrice du Centre de formation du Richelieu (CFR), une école d’éducation des adultes, la pression de l’entourage et l’estime de soi sont quelques raisons de retourner aux études, mais la principale motivation, c’est l’employabilité. « Que ce soit pour terminer son secondaire ou pour obtenir des préalables, les jeunes reviennent en vue d’obtenir de bons emplois », affirme-t-elle.
C’est le cas notamment pour Éric, qui a fini son secondaire au Centre de formation Richelieu à McMasterville et qui a alterné entre travail et études pendant les 10 dernières années. Il y a deux ans, il a arrêté son choix sur des études en génie mécanique à l’École de technologie supérieure : « Quand je lâchais l’école, je retournais sur le marché du travail, mais je n’avais pas de bon emplois. Ce qui m’a vraiment motivé, c’est la qualité de l’emploi que tu peux avoir après, car je me disais que si je n’allais pas à l’école, j’allais tourner en rond et continuer à avoir de mauvais emplois. »
Obstacles et stigmatisation
À l’âge adulte, de nombreuses responsabilités peuvent compliquer la scolarité, comme un emploi ou des enfants. « Les étudiants sont beaucoup sur le marché du travail et s’ils ont un choix à faire, c’est l’école qui va écoper; donc nous, nous offrons une flexibilité et des conseillers pour leur donner des outils », développe Gilles Verret, directeur adjoint du CFR de Saint-Bruno.
Pour la plupart des gens, le principal obstacle, c’est de rester centrés sur leur objectif. Par exemple, Éric a lâché le cégep à trois reprises parce qu’il ne sentait pas que ses cours le menaient vers son objectif : « Je me cherchais beaucoup, et si je ne voyais pas le pourquoi et l’utilité de ce que je faisais dans mes cours, on venait de me perdre. » La crainte de l’échec a aussi un impact. « Beaucoup ont une perception négative de l’école parce qu’ils ont eu des échecs et ils hésitent à y retourner parce qu’ils ne veulent pas en vivre d’autres ou parce qu’ils ont perdu confiance en eux », démontre Suzanne Barrière.
Un certain stigma tourne parfois autour des raccrocheurs. Selon Mélanie Duchesne, qui a repris les études après un an sur le marché du travail pour devenir enseignante au primaire, il faut avoir une tête dure pour réussir : « Ce n’est pas à l’école que c’est difficile, c’est de persévérer, c’est plus sur le plan de l’entourage. Tes amis, tes collègues ou ta famille vont te demander pourquoi tu retournes à l’école, pourquoi tu quittes un emploi qui procurait un salaire décent. Donc, c’est comme s’il fallait justifier son choix aux autres. »
Assurer sa réussite
Pour la directrice du CFR, la réussite se joue dans les premières semaines : « Très vite, Il faut que l’étudiant se sente accueilli, peu importe son histoire, et qu’il se sente dans un lieu sain pour développer un sentiment d’appartenance et avoir envie de terminer ses études. » Il faut aussi donner un sens à sa formation. « Il faut se donner un projet pour nous motiver, et même si le parcours peut être long, il faut se rappeler qu’on obtient quelque chose de valorisant à la fin », ajoute-t-elle. Amélie Yale, une infirmière clinicienne originaire de Saint-Bruno, après avoir étudié pendant plusieurs années en photographie, a recommencé à zéro pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui : « Il faut être conscient que ce qu’on fait est important et il faut se rappeler l’objectif visé pour se motiver tout le long. »
Éric renchérit en disant que c’est une question de maturité : « Il faut être prêt à le faire, car si tu retournes à l’école pour être la même personne qui a lâché ses études au départ, c’est que tu n’es pas encore rendu là. »
Aller à la rencontre des étudiants
Pour assurer la réussite de ses élèves, le CFR offre des outils et des ressources qui aident. Cependant, il va aussi chercher les personnes sur le marché du travail ou qui n’ont pas terminé leurs études secondaires, qui ne sont pas dans le système, pour les réintégrer.
De nouveaux projets seront implantés dès le mois de mars, tels que l’escouade réussite, un projet où des conseillers sont envoyés vers d’autres organismes qui travaillent auprès des jeunes afin de les aider à développer leur profil scolaire. Il y a aussi le projet Transition, qui permet aux étudiants qui changent de cycle scolaire à mieux passer d’un cycle à l’autre en travaillant en sous-groupe.