Entre 12 M$ et 15 M$
Annexion de Carignan sur le golf à Saint-Bruno
Au moins 7 M$. C’est le prix (encore très approximatif) que devra payer Saint-Bruno à Carignan si l’annexion des résidents de Carignan sur le golf a lieu, a indiqué le maire René Fournier, à la trentaine de citoyens réunis à l’hôtel de ville en séance d’information, le 11 juin. Avant de faire le grand saut et devenir Montarvillois, les transfuges ont encore des points à éclaircir, dont celui de savoir qui s’acquittera la facture pour cette coquette somme.
«Si vous partez, Carignan recevra une compensation financière. Les coûts seront assumés par Saint-Bruno. Vont-ils faire payer l’ensemble des Montarvillois pour ça ou faire seulement une taxe sectorielle pour les résidents de Carignan sur le golf? On vous invite à bien vous informer avant de prendre votre décision», a lancé le maire de Carignan, René Fournier, en précisant que la compensation exacte n’avait pas été négociée, mais qu’elle pourrait aller jusqu’à 12 à 15 M$.
De leur côté, les résidents, qui ont indiqué que le chiffre de 15 M$ était alarmiste, ont déploré le fait que les deux municipalités n’avaient pas encore négociées. «Faites vos devoirs et revenez-nous avec quelque chose de concret. Faites vos négociations et présentez-nous ce que ça coûte au final», a rétorqué un citoyen.
L’une des instigatrices du projet de sécession, Jessica Leclerc, a aussi rappelé que c’était les citoyens qui avaient fait une demande à Saint-Bruno et non le contraire.
Sentiment d’appartenance et géographie
Même si l’annexion a lieu, il est fort possible que les enfants de ce quartier cossu doivent quand même fréquenter l’école Carignan-Salières puisque les établissements montarvillois dépassent leur capacité d’accueil, a prévenu M. Fournier, les chiffres de la Commission scolaire des Patriotes à la main.
Toutefois, le problème va plus loin, selon les Carignanois. «Je consomme des services à Saint-Bruno comme l’épicerie, les cours de mes enfants, la banque. Quand un livreur vient, je dis toujours, oui j’habite à Carignan, mais attends, c’est à Saint-Bruno. Mon appartenance émotive appartient à Saint-Bruno. Combien cela coûtera de taxes supplémentaires, 100$, 150$? Cela ne me dérange pas. Ma base appartient à Saint-Bruno», a lancé un citoyen, qui a ensuite reçu plusieurs appuis dans la foule.
Le maire a alors confié comprendre le manque de services, mais a ajouté que Carignan était une Ville jeune, qui commençait à se développer. «Vous avez choisi Carignan parce que c’est une municipalité verte, tranquille et paisible», a-t-il confié.
Un précédent
Si une partie satellite de Carignan quitte, d’autres pourraient être tentées de faire de même, a mis sur la table André Mylocopos, conseiller du district qui englobe Carignan sur le golf.
«Ça peut faire un précédent. Il y a des villes qui peuvent disparaître. Ça va plus loin que nous», a continué M. Fournier.
Un précédent qui n’inquiète pas les futurs Montarvillois. «Est-ce qu’on devrait s’empêcher de le faire pour cette raison? Non. Nous on gère notre situation!», a répondu un citoyen dans la salle.
Ce que les citoyens ont dits
«Le cœur du problème, c’est qu’on n’est pas citoyen de la Ville dans laquelle on vit!»
«Le 24 décembre, j’ai appelé une ambulance. Ça a pris 40 minutes pour qu’elle arrive. Elle ne savait pas où elle s’en allait. Je voulais aller à Charles-Lemoyne, mais ils m’ont amené à Saint-Jean. Géographiquement parlant, on n’est très mal positionné. C’est tout. Ça devrait faire longtemps qu’on est annexé!»
«On est loin des services. La pizza arrive froide avec un livreur mécontent. Le bureau de poste est à 25 minutes, à Chambly, quand je suis à cinq minutes de celui de Saint-Bruno.»
«Je veux que ma fille fasse des arts plastiques. Elle passe toujours en dernier, à Saint-Bruno. Au quotidien, ça devient irritant les longs transports pour avoir accès à un loisir. Je veux juste avoir le droit d’avoir accès à des services près de chez moi. On n’a jamais rien nulle part.»
«On a 125 besoins, 125 situations différentes, 125 raisons différentes de vouloir s’annexer. J’ai l’impression de vivre un divorce entre papa et maman qui essaient de convaincre l’enfant que c’est plus beau chez eux.»