Enseignement : quand Trump influence les classes d’histoire
La politique du président des États-Unis, Donald Trump, modifie le contenu de certains cours qui traitent d’actualité à l’école secondaire. Des enseignants témoignent.
« J’ai beaucoup de questions de la part des étudiants », exprime l’enseignant de monde contemporain, Martin Bournival.
Préoccupations et inquiétudes
Les élèves le questionnent pour savoir ce que sont des tarifs douaniers et quelles sont leurs répercussions, et ce que c’est, une guerre commerciale. Ils lèvent également la main pour avoir des précisions sur d’autres sujets.
« J’ai des questions à propos de la diversité aussi. Le président est contre. Les jeunes ont des préoccupations, des inquiétudes. Je sens davantage leur inquiétude maintenant que lors de son premier mandat. Ils se questionnent. Nous, en tant qu’enseignants, nous tentons d’expliquer le raisonnement derrière ces décisions, bien qu’il n’y ait pas toujours un raisonnement logique », commente l’enseignant de 5e secondaire au Collège Trinité.
Populisme
Ce n’est pas de cette année que le président américain force la main à Martin Bournival. Ce dernier a changé le contenu de son cours à la suite du premier mandat du milliardaire. Il a retiré un thème, les coûts de la guerre, pour greffer à son enseignement celui du populisme. « Dès 2016, quand il a pris le pouvoir, et même un petit peu avant, je m’apercevais que le populisme devenait de plus en plus important auprès des politiciens », indique le professeur.
« Les jeunes ont des préoccupations, des inquiétudes. » – Martin Bournival
Il cite ainsi Vladimir Poutine en Russie, Viktor Orbán en Hongrie, Rodrigo Duterte aux Philippines… « Comme ça faisait partie de l’actualité internationale, et que ce n’était pas juste un courant éphémère, que c’était là pour rester, j’avais senti le besoin d’intégrer le thème, d’expliquer le populisme et les dérives vers où ça peut nous amener. En septembre 2020, c’est un thème que j’ai ajouté dans le cours monde contemporain. »
Monde contemporain est un cours qui permet aux jeunes de comprendre l’actualité internationale. À la suite de l’élection de Joe Biden, les références au populisme étaient moins nombreuses. C’est moins le cas depuis quelques mois. « Quand Trump est revenu au pouvoir, là, les élèves pouvaient faire des liens avec ce qui se passe. C’est maintenant de retour », relate M. Bournival, qui qualifie la situation aux États-Unis de préoccupante, en raison de l’impulsivité et de l’improvisation d’un seul homme.
De son côté, l’enseignant d’histoire en 4e secondaire, David Mondou, mentionne que l’actualité est utilisée chaque année dans son cours. « Dans l’actualité, il y a une plus grande part de Trump qui affecte tellement de domaines que par l’effet de bande, on traite de lui. Mais je ne pars pas de Trump pour amener des concepts. On a un concept, il y a l’actualité, le lien est effectué par la suite », note David Mondou.
D’après ses dires, ses élèves ne démontrent pas de préoccupations. « Ils sont plus dans la compassion envers les
Américains. »
Beaucoup de questions
« Le contenu de mon cours reste le même, sauf que mes élèves – particulièrement ceux de 2e secondaire – ont beaucoup de questions et d’inquiétudes. On peut y répondre, mais de façon impartiale, en évoquant des faits d’actualité. Quant aux liens avec notre cours, on peut faire beaucoup d’analogies avec ce qui sort dans l’actualité. Par exemple, en géographie, lorsqu’on analyse un territoire et que l’on explique à quel point la politique et les instances ont un impact, le rapprochement avec l’élection de Trump et les changements opérés s’avère efficace! » souligne quant à elle l’enseignante d’histoire et éducation à la citoyenneté en 1re et 2e secondaire au Collège Trinité, Marie-Christine Bois.
Mentionnons que la direction des écoles secondaires du Mont-Bruno et du Grand-Coteau n’a pas répondu à notre demande pour ce sujet.