Du logement social au bout de Clairevue Ouest?

Le conseil municipal de Saint-Bruno a déposé une demande de modification de zonage à l’agglomération de Longueuil le 17 janvier. La Ville souhaite autoriser la fonction habitation dans la zone multifonctionnelle du boulevard Clairevue Ouest. 

La zone multifonctionnelle du boulevard Clairevue Ouest se situe entre les rues Marie-Victorin et Hocquart. C’est le secteur visé par cette demande de changement de zonage.

Si celle-ci était autorisée, elle permettrait la construction d’immeubles résidentiels au-dessus de commerces. Ce n’est pas le cas actuellement. Une modification au Schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Longueuil avait été effectuée pour rectifier l’affectation des sols afin d’y autoriser les fonctions multifonctionnelles sans la présence d’habitations. C’était en 2019.

« Dans le temps, Saint-Bruno avait modifié le zonage pour accueillir une clinique médicale [en vain]. Le changement avait été fait en excluant la possibilité de logement. Cette fois, on vient en amont effectuer les modifications règlementaires si jamais un projet de logement social nous était soumis », explique en entrevue le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé-Farand. Pour l’instant, aucun projet en ce sens n’a été proposé à la Municipalité, selon ce que nous répond le premier magistrat. « Mais on se donne une marge de manœuvre. On veut maximiser nos options, augmenter les pieds carrés de terrains disponibles, au cas où. »

Trois terrains

Il reste trois terrains disponibles dans la zone multifonctionnelle du boulevard Clairevue Ouest pour construire. Notamment le terrain en forme de L à proximité de l’entreprise Maximus et le terrain que la Ville a acquis récemment de la société Vanderzon. « Ça demeure très limité comme espace », plaide M. Grisé-Farand.

« Dans le temps, Saint-Bruno avait modifié le zonage pour accueillir une clinique médicale. Le changement avait été fait en excluant la possibilité de logement. » – Ludovic Grisé-Farand

Soulignons que la zone multifonctionnelle du boulevard Clairevue Ouest représente une porte d’entrée de la ville. Les principaux usages visent des commerces complémentaires au centre-ville, comme des cliniques médicales et autres activités connexes, qui prévoient entre autres beaucoup d’espaces de stationnement.

En ajoutant la fonction résidentielle, le conseil municipal désire maximiser l’utilisation des sols.

Opposition

Pour le conseiller municipal du district 5, Louis Mercier, cette zone multifonctionnelle est ce que « tout bon Montarvillois appellerait le parc industriel! ». Il s’est opposé au changement de zonage.

L’élu du district 2, Vincent Fortier, s’y est également opposé « parce qu[il] ne croit pas que c’est un milieu de vie extraordinaire ». Il s’est empressé de dire qu’il n’est pas contre le logement social, mais qu’il a seulement une vision différente de celle du maire. Selon M. Fortier, la Ville a d’autres secteurs qui peuvent être développés. « On peut évoquer la crise du logement; elle a le dos large, mais ce n’est pas une raison pour mal faire les choses. Je considère que c’est mal faire les choses en développement urbanistique. On peut avoir une très belle entrée de ville sans aller ajouter du logement. Ce n’est pas un beau modèle de développement, ce secteur-là. »

Recommandation défavorable

Ce dossier de changement de zonage a été présenté en novembre dernier aux membres du conseil municipal. Or, la Direction de l’urbanisme, de l’environnement et du développement durable aurait plutôt évoqué une recommandation défavorable à cette demande de changement de zonage. Celle-ci estime qu’il « est préférable de faire la promotion des terrains à des fins commerciales qui confirment l’entrée de la ville : clinique médicale spécialisée, espaces à bureaux complémentaires, équipements sportifs, caserne d’incendie… ».

Malgré son insatisfaction à la recommandation défavorable, le conseil municipal est allé de l’avant.

Si l’agglomération de Longueuil autorise le changement de zonage, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation devront aussi donner leur aval à la requête.