Du club vidéo à la bibliothèque de quartier
Les bibliothèques publiques ont-elles repris la mission des clubs vidéo? C’est la question que le journal Les Versants a posée aux responsables de nos bibliothèques publiques.
« Pour la Grande bibliothèque, oui, je dirais que c’est le cas. Mais pour les autres, je suis moins sûre. Les gens ont de moins en moins de lecteurs DVD », répond la directrice de la bibliothèque Roland-LeBlanc, à Saint-Basile-le-Grand, France Goyette.
Les clubs vidéo de Saint-Bruno-de-Montarville, de Saint-Basile-le-Grand et de Sainte-Julie ont fermé depuis belle lurette.
Il s’est emprunté 3031 DVD de toutes sortes en 2022 à la bibliothèque Roland-LeBlanc sur un total de 145 500 prêts de documents. Entre octobre 2022 et octobre 2023, ce chiffre grimpe à plus de 3500 locations. La demande est là, et en croissance. Les usagers ont le choix entre 1776 titres, dont 488 films d’enfants, des séries télé, des films québécois, des documentaires, des concerts… « Nous proposons une bonne collection de DVD et nous continuons de la bonifier par des achats de films incontournables, des classiques, des films cultes. Le rôle de la bibliothèque n’en est pas un de conservation, mais de les offrir, tant que la demande est là », explique France Goyette.
Pour le moment, la directrice ne prévoit pas estomper la collection de DVD, et ce, tant qu’il y aura une demande et qu’il sera possible de s’approvisionner.
Ce n’est pas le cas du service de CD. « Nous allons arrêter les achats et éteindre la collection tranquillement. Il y a beaucoup moins de demandes pour la musique sur CD », annonce Mme Goyette.
La bibliothèque Georges-Brossard
Pour la cheffe de division bibliothèque, Olena Bedoieva, les bibliothèques n’ont pas remplacé les clubs vidéo aujourd’hui disparus. « Les bibliothèques n’ont pas pris la place des clubs vidéo. Je dirais plutôt que la location de DVD est un service en complémentarité dans la variété de ce que la bibliothèque propose à la population. Ce sont les plateformes comme Netflix qui se sont appropriées du marché », souligne Olena Bedoieva.
La collection de 554 DVD évolue, mais n’est pas en croissance. La demande n’est pas là. « Nous en ajoutons, mais nous élaguons aussi le bois mort, ce qui ne sort plus ou les DVD abîmés. »
Le DVD était plus populaire il y a 10 ans. « Aujourd’hui, la vague est passée. Il y a des bibliothèques qui n’ont jamais eu de DVD en rayons; elles n’ajouteraient pas ce service aujourd’hui », ajoute Mme Bedoieva.
» Nous proposons une bonne collection de DVD et nous continuons de la bonifier. » – France Goyette
La bibliothèque de Sainte-Julie
La bibliothécaire en chef de Sainte-Julie, Marie-Hélène Parent, est d’avis que les bibliothèques n’ont pas substitué les clubs vidéo. « La bibliothèque permet de découvrir tout ce que la culture peut apporter », entame-t-elle.
Il faut savoir que la bibliothèque de Sainte-Julie offre à ses usagers l’occasion d’emprunter davantage que des bouquins. Il y a bien d’autres choix : télescopes, instruments de musique, films, trousses d’apprentissage, trousses d’art visuel, disques de musique… « Ça dépasse juste le fait d’emprunter des DVD. Non, les bibliothèques publiques n’ont pas remplacé les clubs vidéo, insiste Marie-Hélène Parent. Mais elles servent à développer notre culture cinématographique, notre culture musicale… »
Tout de même, il y a 5000 emprunts DVD depuis le début de l’année 2023 à la bibliothèque de Sainte-Julie. D’après la bibliothécaire, ce chiffre est à la baisse par rapport aux autres années.
Routine
À la bibliothèque Roland-LeBlanc, les usagers ont développé une certaine routine de location de DVD, selon les employés. Les gens ont pris l’habitude d’emprunter des films surtout le vendredi et le samedi, ou encore les jours de pluie et lors des congés scolaires.