Des adoptions forcées

Diane Daniel donne une nouvelle voix, dans son nouveau roman, Secrets de couvent : Murielle, aux histoires de milliers de femmes forcées d’abandonner leurs nouveau-nés au Québec.

Ce livre est basé sur des faits vécus de femmes victimes des pressions abusives de l’Église catholique au Québec.

L’histoire débute avec la mort de la mère de Murielle. Elle rend l’âme en donnant naissance à son neuvième enfant, Murielle.

Après le décès de ses grands-parents, la petite est élevée dans un couvent. À la suite d’une histoire d’amour impossible, Murielle sera contrainte de retourner chez les sœurs à 17 ans, où elle est confrontée aux pressions de l’Église à l’égard des jeunes femmes forcées d’abandonner leurs enfants.

Plus de 600 000 enfants abandonnées

Selon un rapport du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie publié en juillet 2018, ce sont plus de 600 000 nourrissons qui seraient nés de mères non mariées entre 1945 et 1971 au Canada.

L’autrice a fait état d’au moins 600 000 enfants abandonnées ici, au Québec. « Le clergé avait des relations d’affaires avec des avocats pour vendre les bébés au Canada, mais aux États-Unis aussi », explique-t-elle.

« Ce sont de jeunes femmes célibataires âgées de 16 et 17 ans, pour la plupart, qui sont envoyées accoucher ailleurs et qui rentrent à la maison avec le ventre vide », décrit Mme Daniel.

Pendant 10 ans, la Julievilloise a fait un travail de recherche colossal pour recueillir des témoignages de femmes victimes de ces abus de pouvoir. L’une des familles rencontrées a inspiré l’autrice pour le personnage de Murielle. « C’est aussi l’histoire d’autres femmes. C’est l’histoire des religieuses, mais tout est inspiré de vrais faits vécus. »

Des excuses

L’idée d’écrire sur l’histoire des femmes de l’époque mûrit dans la tête de l’autrice depuis une bonne vingtaine d’années.

Avec sa carrière de consultante, formatrice et conférencière auprès des parents et des éducateurs en petite enfance, le temps lui manquait pour se consacrer à ses histoires. « Je souhaite que mon roman soit entendu. C’est un hommage à toutes ces femmes. » Cette page d’histoire sombre de l’Église catholique est peu connue de tous. Longtemps, les faits ont été cachés, raconte Mme Daniel. 

Le rapport du Comité sénatorial demande des excuses publiques du Gouvernement du Canada, au nom des Canadiens, aux mères et aux enfants qui ont été victimes des pratiques en matière d’adoption forcée.

La dernière phrase du roman, dans le prologue, mentionne qu’aucune excuse n’a encore été donnée à ce jour. Pour son prochain roman, l’autrice ne cache pas son désir d’aller rencontrer les enfants victimes.