Denis Desroches laissera sa place
Le journal Les Versants a rencontré Denis Desroches, directeur du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL), qui a décidé de céder son poste à la fin de son mandat.
« Il y a de ces décisions, qui même si elles sont souhaitées et réfléchies, ne sont pas pour autant faciles à prendre. Ainsi, après bientôt 33 ans à titre de policier, dont plus de cinq ans à titre de directeur au SPAL, le moment est venu d’entreprendre un avenir nouveau. En conséquence, je quitterai ma fonction de directeur le 31 décembre », annonçait la semaine dernière Denis Desroches aux policiers qui seront sous ses ordres encore quelques mois.
33 ans
Après 33 ans de service à son actif, le policier a décidé de remiser son uniforme dans le vestiaire. « Je souhaite maintenant profiter de ma famille. »
En entrant dans le bureau du plus haut gradé de la police de Longueuil, aucune image de scène de crime sur les murs ou de piles de dossiers désordonnés d’enquêtes à résoudre sur le bureau. À la place de ces images caricaturales du policier, on est frappé par une image d’une rencontre entre le policier et le dalaï-lama. « J’ai travaillé à la police de Montréal pour la protection des célébrités. J’en ai vu beaucoup, mais le seul qui m’a profondément touché, c’est lui. Il nous avait reçus en petit comité et j’ai voulu garder ce souvenir. »
« Je souhaite maintenant profiter de ma famille. » Denis Desroches
Une autre caractéristique du directeur, c’est de nommer en entretien Thomas Jefferson promouvant la liberté : « Si tu es prêt à sacrifier ne serait-ce qu’une partie de ta liberté pour assurer ta sécurité, tu ne mérites ni l’un ni l’autre. » Il regrette presque qu’au Québec, « un des endroits au monde où l’on est le plus en sécurité, on dépense autant d’argent pour la sécurité. C’est certain qu’avec toutes ces caméras, ces vigiles, ces systèmes de sécurités installés, la police est gagnante pour mettre la main sur la personne qui a commis un délit, mais le revers de la médaille, c’est que si nous n’avons pas 100 % de résultat, nous sommes de suite critiqués. »
La coupe Stanley en 1993
Avec l’annonce de sa retraite, le directeur du SPAL se remémore les moments forts de sa carrière et c’est sans nul doute qu’il se rappelle la dernière victoire des Canadiens de Montréal dans la ville et les émeutes qui ont suivi. « J’ai tout vécu, mais l’un des éléments les plus marquants de ma carrière reste les émeutes de 1993. Il n’y avait plus d’état de droit. Des gens ordinaires sont devenus des voyous. Mon rôle n’était plus de procéder à des arrestations, mais de mettre en sécurité des individus et de venir en aide à des policiers. Il n’y avait plus d’état de droit. Quand le soleil s’est levé à 4 h du matin, je garde encore en mémoire des images de guerre de la rue Sainte-Catherine. »
À l’inverse, l’un des événements récents qui l’a encouragé dans son métier de policier est l’arrestation du suspect dans l’agression d’une joggeuse dans le parc national du Mont Saint-Bruno. « Quand on voit la participation qu’il y a eu des citoyens pour élucider ce crime, cela m’envoie un message d’espoir pour tendre vers le crime 0. Ce qui serait le plus regrettable pour une société, c’est que les citoyens restent indifférents face à la criminalité. »
Jenique Dalcourt
L’affaire de Jenique Dalcourt, une jeune femme de 23 ans, brutalement assassinée en 2014 alors qu’elle marchait sur la piste cyclable qui traverse le Vieux-Longueuil, près du chemin de Chambly, reste encore aujourd’hui un crime non résolu. « Au lieu d’être la critique d’un système policier, la mairesse de Longueuil, Caroline Saint-Hilaire, a cherché une solution pour que cela ne se reproduise plus. Après ce meurtre, il y a eu un balisage des sentiers, et des discussions pour qu’il en soit de même au parc Michel-Chartrand. Nous, on traverse ça en redoublant d’efforts. Le temps joue toujours en faveur de la police et nous ne baisserons jamais les bras dans cette affaire. C’est d’ailleurs l’un des premiers enseignements que l’on donne aux policiers, celui de ne jamais abandonner. »
Remercié lors du dernier conseil d’agglomération par Caroline Saint-Hilaire, mairesse de Longueuil, et Martin Murray, maire de Saint-Bruno-de-Montarville, M. Desroches confirme le bon contact qu’il a eu avec les cinq maires de l’agglomération de Longueuil. « Ils m’ont fait confiance. »
Avant de partir, il donnera ses recommandations aux élus pour les aider à choisir son successeur. Peut-être qu’il leur dira de choisir un nouveau directeur qui « traite les citoyens comme s’ils étaient un membre de la famille », l’un des conseils qu’il avait reçus lorsqu’il est entré en fonction dans la police.