CSSP : incidence sur les élèves dans la politique en éducation
Bien que le gouvernement affirme avoir augmenté le budget en éducation, le Centre de services scolaire des Patriotes et les syndicats parlent plutôt de « compressions budgétaires » qui entraîneront une réduction des services offerts aux élèves.
« Les annonces récentes concernant des compressions en éducation, allant de 510 millions à 1 milliard de dollars, ne doivent laisser personne indifférent, vous y compris », indique Jean-François Guilbault, président du Syndicat de Champlain en Montérégie, dans une lettre adressée aux députés.
Alors que les syndicats, les professionnels de l’éducation et le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) parlent de compressions budgétaires, Jean-François Roberge, député caquiste de Chambly, remet en question l’« alarmisme » des syndicats.
« Le budget de cette année est plus élevé que celui de l’an passé. Je veux bien que le syndicat ait son narratif et voie toujours le verre à moitié vide, mais le budget est en hausse de 5 %. Je ne vois pas comment des gens, parfois professeurs de mathématiques, pourraient expliquer à leurs élèves qu’une hausse de 5 %, c’est une coupure », a déclaré au journal l’ancien ministre de l’Éducation, aujourd’hui ministre de l’Immigration et enseignant de formation. « Certains centres de services scolaires prévoyaient dépasser le budget alloué. On leur a simplement dit de le respecter. Le budget est en hausse. Utilisez les sommes supplémentaires. Ne dépassez pas votre budget. Il ne s’agit pas d’une coupure par rapport à l’an dernier. »
Incidence sur les élèves
Les centres de services scolaires (CSS) s’apprêtaient à recevoir des budgets répondant aux règles et aux paramètres fixés par le ministère de l’Éducation.
Des critères basés entre autres sur la hausse du nombre d’élèves, l’augmentation des salaires, l’inflation. Les CSS recevront moins que le budget qu’ils avaient calculé en début d’année et ils regrettent que cette annonce se fasse en fin d’année scolaire.
C’est pourquoi le milieu scolaire indique que malgré la hausse du budget en éducation, le compte n’y est pas.
Contacté par le journal, le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) nous a indiqué que « Les nouvelles compressions budgétaires imposées au CSSP sont évaluées à environ 30 millions de dollars pour la prochaine année scolaire. Ayant l’obligation de déposer un budget équilibré au conseil d’administration (CA) au mois d’août, nous évaluons actuellement toutes les options pour y arriver. Des rencontres avec les directions des établissements, des services et des différentes instances syndicales ont eu et auront lieu. Il n’est actuellement pas possible de se prononcer sur les répercussions. Nous ferons tout en notre pouvoir pour atténuer l’impact sur les services directs aux élèves. Par contre, il est certain qu’il y en aura. »
Publiques et privées
Le gouvernement indique que depuis qu’il est arrivé au pouvoir, il a augmenté de 58 % le budget de l’éducation. « Mais à quoi cela sert de donner d’une main pour reprendre de l’autre?, d’indiquer au journal M. Guilbault. On ne peut pas dire que le milieu de l’éducation est un secteur qui roule sur l’or. On avait besoin de cette récupération. Aujourd’hui, c’est un recul, c’est du jamais-vu. »
Même les écoles privées, subventionnées par le gouvernement, recevront moins que prévu. « Comme vous le savez, le gouvernement du Québec a décrété une réduction des subventions accordées aux écoles privées », peut-on lire dans des messages adressés aux parents, qui auront la charge de financer le manque à gagner pour un service identique, ou qui verront eux aussi des services en moins.
Services aux élèves
Clairement, pour M. Guilbault, les services aux élèves qui sont les plus en difficulté seront touchés. « Au chapitre des enseignants, il y a des ratios à respecter. Ce sont des postes qui ne sont pas compressibles. Partout ailleurs, il y aura un gel d’embauche. C’est le service aux élèves qui sera directement ciblé. On est en train de mettre de côté la population qui a le plus de difficulté. »
Pour M. Roberge « Aucun gouvernement avant nous a fait un tel rehaussement et une valorisation de la profession d’enseignant. On a fait la même chose avec les infrastructures, le budget a augmenté de 100 % de hausse ». Il ajoute que « le nombre de professionnels qui viennent en aide aux élèves en difficulté a augmenté de 15 %. Clairement, les élèves en difficulté, depuis que la CAQ est au pouvoir, reçoivent plus d’aide. Le personnel de soutien, lui, a augmenté de 24 %. On a aidé les élèves en difficulté avec des professionnels et on les a aidés aussi avec le personnel de soutien pour aider ces élèves qui sont extrêmement vulnérables. Une fois que l’on a dit ça, la rhétorique syndicale perd de son lustre. »
Lorsqu’on demande au ministre si les services aux élèves seront améliorés, il indique « normalement, le service aux élèves devrait être au moins équivalent à celui de l’an passé ». Il envoie la charge de la répartition des budgets alloués aux CSS.
« Ensuite, les centres de services scolaires feront des répartitions d’effectifs. Il y a le comité de répartition des ressources qui regarde les besoins des élèves. Maintenant, je ne peux pas vous dire quel choix fera chacune des administrations locales et régionales », conclut-il.