Crouler sous la pression sportive… de ses parents

Dans l’article « Écoles secondaires : la prévention avant l’intervention », paru il y a un mois dans Les Versants, on apprenait notamment que les cas d’anxiété étaient en hausse chez les jeunes.
« Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas de théorie sur le sujet, mais nous avons aussi remarqué qu’il y avait de plus en plus de cas d’anxiété dans nos écoles. Nous le constatons. Je ne sais pas si c’est une préoccupation de ce qu’ils vont devenir qui prend une plus grande place dans leur vie, ou une fragilisation de notre société, mais nos étudiants sont plus anxieux », notait la directrice de l’École secondaire du Mont-Bruno, Céline Chagnon.
À partir de ce constat, le journal s’est penché sur la pression que certains adolescents, voire certains enfants, subissent de la part… de leurs parents, et ce, au niveau sportif. Est-ce que cette anxiété peut être une conséquence à la pression de la réussite, au culte de la performance? « Dans un premier temps, je crois que les échecs font partie du développement et nous aident à grandir. Il me semble donc improbable de tout réussir. Mais je suis d’avis que nous devons nous appliquer à faire les choses du mieux que nous pouvons. Nous sommes dans une réalité où la performance est l’indicateur de réussite; il faut toutefois apprendre aux enfants à marcher avant de courir et donc, je crois qu’il est prématuré de mettre autant de pression sur un jeune », mentionne Jean-Marc Schanzenbach, président et entraîneur-chef pour l’organisation de football des Barons de Saint-Bruno.

« Nous sommes dans une réalité où la performance est l’indicateur de réussite; il faut toutefois apprendre aux enfants à marcher avant de courir et donc, je crois qu’il est prématuré de mettre autant de pression sur un jeune. » – Jean-Marc Schanzenbach

En tant qu’instructeur sur le terrain, M. Schanzenbach a déjà été témoin de parents qui n’hésitent pas à mettre de la pression sur le développement de leur enfant. « Habituellement, on le remarque lorsque le parent tente d’entraîner son jeune à partir des estrades ou qu’il quitte les gradins pour venir corriger son enfant », explique-t-il. Selon lui, il s’agit de moins de 5 % des cas. « Comme entraîneur, on se doit d’intervenir! Dans un premier temps pour maintenir la relation entraîneur/joueur, et aussi pour aider le développement du jeune. Il faut comprendre qu’on œuvre auprès des 6 à 17 ans. À cet âge-là, on travaille pour développer leur intérêt pour l’entraînement et de saines habitudes de vie. »
Concept du rêve inachevé du parent
Toujours selon M. Schanzenbach, lorsqu’il y a rétrogradation, la réaction des parents est parfois plus vive que celle de l’enfant qui ne réussit pas à se tailler une place dans la formation. « Certains s’adaptent bien, d’autres bougonnent toute la saison et j’ai même vu des parents retirer leur enfant du programme. » Un parent, qui souhaite conserver l’anonymat et dont le fils a déjà joué au hockey, parle du « rêve inachevé des parents ». Selon ce père, la société d’aujourd’hui est très exigeante et l’appât du gain est très fort. « Au hockey, c’est fou! J’ai vu des parents aller « téter » l’organisation pour que le joueur soit mieux classé ou qu’il joue davantage, et je connais de jeunes arbitres qui ont donné leur démission en raison des parents dans les estrades. »
Pour M. Schanzenbach, il est important de clarifier auprès de ce type de parent (celui qui donne de la pression à son enfant athlète) quels sont les objectifs et les attentes de l’organisation sportive dans laquelle l’enfant ou l’adolescent évolue. « Et je ne crois pas que la situation financière de la famille puisse avoir un impact direct sur cette pression. Je crois plutôt que les valeurs, les priorités et l’égo sont à l’origine de cette pression. »
Et psychologiquement, est-ce que cette pression peut avoir des impacts? « Sans être psychologue, je vous dirais que les cas extrêmes développeront de l’anxiété de performance. Ce qui peut mener à des dépressions, et ultimement des suicides, mais généralement à l’abandon du sport ou de l’activité cible. D’un autre côté, je présume que ça peut également donner des athlètes de haute performance, mais tout dépend de leur résilience. »
QUESTION AUX LECTEURS :
En tant que parent, qu’attendez-vous de vos jeunes athlètes?