Finale de la Coupe Stanley en 1993 : Marc Savard se souvient

Où étiez-vous au printemps de 1993? Marc Savard, le fils de Serge Savard, alors directeur général du Canadien de Montréal, se souvient.

En 1993, Bill Clinton amorçait son titre de président démocrate des États-Unis et Kim Campbell devenait la première femme à détenir le rôle de Première ministre du Canada. Plus tard dans l’année, Jean Chrétien lui succèdera.

Au Québec, le salaire minimum était porté à 5,85 $ puis c’était le début de l’affaire Barnabé.

L’actrice Audrey Hepburn, les acteurs Vincent Price et River Phoenix, le cinéaste Federico Fellini et le chanteur Léo Ferré nous ont quittés en 1993.

Radio-Canada présentait la première émission de La Petite Vie, les dinosaures du Parc jurassique faisaient lsensation sur grand écran et La Liste de Schindler de Steven Spielberg obtenait l’Oscar du meilleur film.

Dans le sport, les Cowboys de Dallas remportaient le Super Bowl, les Bulls de Chicago décrochaient le championnat de la NBA pour une troisième année consécutive, les Blue Jays de Toronto conquéraient les Séries mondiales puis le Canadien de Montréal soulevait sa 24e coupe Stanley, la dernière à ce jour.

À cette époque, Marc Savard a vécu le parcours du Tricolore de l’intérieur. « Quels beaux souvenirs je conserve de 1993! Mais d’avoir la coupe demeure le meilleur moment », lance d’emblée Marc Savard.

Rappelons que la conquête de la coupe Stanley de 1993 s’est d’abord amorcée avec deux revers que le Tricolore a encaissés face aux Nordiques de Québec. La série de première ronde s’est ensuite conclue en six matchs en faveur du Bleu-Blanc-Rouge. Mais à la suite des deux défaites, les sourires se faisaient rares dans la voiture des Savard. « Il y a cette anecdote que j’aime bien. J’avais terminé mes examens à l’Université Concordia, tout avait bien été. Mais mon père, mon frère et moi, on avait la mine pas mal basse sur la route en direction de Montréal. Au Forum, mon frère et moi on se promenait dans les corridors près de la chambre des visiteurs. Nous avons rencontré Marcel Aubut [le président de la concession] dans les couloirs. Il nous a dit « Good luck quand même pour la série! » Puis on les avait battu quatre fois de suite après! », raconte Marc Savard, un sourire dans la voix.

Puis la troupe de Jacques Demers a éliminé les Sabres de Buffalo en quatre duels. En demi-finale, le CH est venu à bout des Islanders de New York en cinq parties. En grande finale, le Canadien de Montréal a vaincu les Kings de Los Angeles et Wayne Gretzky en cinq affrontements pour mettre la main sur le 24e championnat de son histoire. « Je voyageais avec l’équipe. J’ai vécu tous les matchs. Je me souviens chaque but, puis chaque période de prolongation », mentionne le Montarvillois.

Le parcours vers le précieux trophée de la Ligue nationale de hockey reste particulier en 1993. Il est historique en soit. Le club montréalais a réussi à remporter 10 rencontres consécutives en temps supplémentaire. Un record qui demeure encore aujourd’hui.

Une autre statistique que Marc Savard apprécie, mais qui ressort plus rarement, c’est qu’après les deux échecs aux mains des Nordiques, les Glorieux triomphent pendant 11 rencontres de suite : quatre contre Québec, quatre contre Buffalo et trois contre Long Island. « Les sept victoire en ligne du Canadien cette année, contre Toronto et Winnipeg, c’était quelque chose, mais 11 d’affilée, c’est énorme! », poursuit le père de famille. Une autre donnée qu’il aime bien, c’est que le club a gagné la coupe en 20 matchs seulement, enregistrant une fiche de 16-2 après les deux revers du début.

Pourtant, la Sainte Flanelle ne faisait pas partie des clubs favoris pour se rendre au bout de cette campagne 1992-1993. Non seulement l’équipe n’avait pas connu une bonne fin de calendrier, mais des organisations comme les Penguins de Pittsburgh, les Bruins de Boston, les Blackhawks de Chicago et les Nordiques avaient tous obtenu plus de points que Montréal en saison régulière. Or, plusieurs de ces prétendants ont été éliminés dès la première ronde. Puis, éternel optimiste, l’entraîneur-chef Jacques Demers avait répété à ses joueurs « Nous allons surprendre le monde du hockey » tout au long de la saison.

Selon Marc Savard, ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne. « Mais c’est la meilleure à ce moment précis – durant les séries éliminatoires – qui remporte les grands honneurs. Un groupe uni au bon moment, avec la bonne attitude et mené dans la même direction peut aller au bout de quelque chose. Si tout s’agence comme il faut, ça peut arriver, et ce, peu importe le domaine. »

Quand on lui demande à quel moment dans l’aventure la coupe Stanley a été évoquée, l’homme de Saint-Bruno revient sur un repas d’équipe à New York. La formation montréalaise menait alors 3 à 0 dans sa série contre les Islanders. « Il se passait des choses… ça se sentait. Jacques Demers a parlé de coupe Stanley. On a commencé à y croire. »

Pour Marc Savard, l’édition du Canadien de Montréal de 1993 représentait « toute une équipe ». Il évoque à la ligne bleue les Patrice Brisebois, Éric Desjardins, Jean-Jacques Daigneault, Mathieu Schneider, à l’attaque des marqueurs de 40 buts comme Vincent Damphousse, Kirk Muller et Brian Bellows, puis les jeunes tels John Leclair et Gibert Dionne. « Tout le monde avait contribué », se rappelle-t-il avant d’insister sur le tour du chapeau d’Éric Desjardins, un défenseur, lors du deuxième matchs contre les Kings. « Desjardins avait marqué son deuxième but pendant la pénalité de Marty McSorley pour bâton illégal. Il avait égalé le pointage. Mais ce que les gens oublient, c’est que Jacques Demers avait décidé de retirer Patrick Roy pendant cette punition pour évoluer à 6 contre 4. Ça prenait du guts sur celle-là, mais Demers l’avait fait! »

Le président de l’Association du hockey mineur de Saint-Bruno est d’avis que 2021 demeure une année spéciale pour le Canadien de Montréal. « Absolument! Comme 1993 fut aussi une année spéciale. »