Catherine Fournier vice-présidente du Bloc québécois
Le journal Les Versants s’est entretenu avec Catherine Fournier, candidate du Bloc québécois dans la circonscription de Montarville, au lendemain des élections fédérales qu’elle a perdues par quelques points. Une défaite qui lui permet quand même de prendre une place de choix au sein de la direction du Bloc québécois en devenant vice-présidente de son parti.
En quoi consisteront vos nouvelles fonctions?
Cela va être à déterminer avec le caucus, car maintenant, il y a un président d’honneur, qui est Mario Beaulieu, nouveau député de la Pointe-de-l’Île, mais en tant que vice-présidente, c’est moi qui préside le bureau national du parti, donc qui est en quelque sorte le comité d’administration de la formation. Alors, ce sont de grandes responsabilités, mais un beau défi en même temps pour les années qui viennent; surtout, c’est une grande marque de confiance de la part du parti, d’autant plus que c’est M. Duceppe lui-même qui m’a demandé de prendre le poste. J’ai accepté bien entendu avec grand honneur.
Quelle dynamique voulez-vous apporter désormais à votre parti?
De me faire confiance à ce poste, cela marque la place qu’ont pris les jeunes au sein du parti au cours des dernières années. On l’a bien vu avec l’élection qui vient de se passer. Nous étions le parti avec le plus grand nombre de candidats de moins de 30 ans, nous étions 23 %. Au début de la campagne, j’étais la plus jeune ; finalement, il y a eu des candidates encore plus jeunes que moi, mais l’on peut dire que j’étais l’une des plus jeunes. Cela montre aussi que la relève est là et qu’elle prend sa place; alors, c’est tout ce défi-là qui se pose pour les prochaines années. On a eu beaucoup de jeunes dans les candidats, mais dans les organisations également partout à travers le Québec. S’appuyer sur ces assises-là pour bâtir l’avenir, je crois que c’est extrêmement important; il y a beaucoup de défis qui se posent devant le fait de continuer justement d’asseoir ces organisations, d’augmenter notre membrariat, de mettre en marche une machine de financement. Nous sommes 10 élus, nous avons quintuplé notre députation : cela nous donne une poussée. Ensuite, il s’agira de concrétiser tout ça pour le prochain grand rendez-vous qui est, pour les indépendantistes, 2018. Nous devons contribuer à ça également, puis après, la prochaine élection fédérale. Nous avons quatre ans, c’est le temps des bilans qui s’impose, voyons dans quelle direction nous irons pour la suite. Je suis heureuse des gens qui vont élaborer la voie à suivre, mais en concertation avec les militants, car le Bloc québécois est avant tout un parti de membres. De mettre en place ce processus-là par lequel les membres vont pouvoir s’exprimer, puis choisir des directions vers lesquelles on veut aller, je pense que ça cela va être un beau défi.
Est-ce que vous avez des prétentions pour les prochaines élections provinciales?
Je suis déjà impliquée au sein du Parti québécois depuis 2011. J’ai poursuivi mon implication avec le Bloc québécois et je vais continuer. Actuellement, en ce qui concerne une nouvelle candidature, que ce soit en 2018 ou 2019, il est vraiment trop tôt pour moi de le dire. On est à trois jours de la fin d’une élection dans laquelle j’ai donné cœur et âme depuis plus d’un an et demi; j’ai besoin de prendre un peu de recul avant de me pencher vers tout ça, mais je ne ferme pas la porte.
Vous êtes jeune en politique, avez-vous besoin d’acquérir encore de l’expérience?
C’est certain que c’est une expérience de plus que je vais pouvoir accrocher à mon arc. Je ne pense pas que ma jeunesse a été un frein à quoi que ce soit concernant mon implication en politique. Je suis convaincue que l’âge n’a pas vraiment à voir avec le fait qu’on peut faire un bon député ou pas, bien connaître ses dossiers, être impliqué dans sa communauté, vouloir servir ses concitoyens. Je suis persuadée que j’aurais fait un excellent travail en tant que députée de Montarville; les électeurs ont fait un autre choix et c’est tout à fait convenable, c’est la démocratie. Je vais continuer à grandir dans tout ça également et on verra pour une prochaine fois.
M. Duceppe donne le témoin au Bloc québécois, vous êtes là pour reconstruire le bloc?
Non. Je suis là pour poursuivre la reconstruction qu’on avait amorcée en 2011. Selon moi, on va dans le bon sens. Après 2011, tout s’était pas mal effondré au Bloc, mais là, on a fait des gains. On a des organisations beaucoup plus sérieuses dans le Québec. On a des militants. C’est sûr que nos résultats pour ces élections sont en dessous de nos attentes, mais il n’y a pas que du négatif. La députation a quintuplé, les organisations sont plus fortes que jamais, les jeunes sont revenus, donc, il y a vraiment du positif à retenir de tout ça. Repartons sur les bases qui nous ont permis de faire des gains et continuons dans ce sens-là. Je suis très positive pour l’avenir.
Le Bloc s’appuie donc sur sa jeunesse?
Bien sûr. Depuis 2011, cela a été le cas. Les jeunes ont beaucoup contribué à reconstruire après la grosse défaite de 2011. Ils ont été extrêmement présents. Moi, je faisais partie du forum jeunesse du Bloc québécois et on a tenu des événements annuellement, on a fait du recrutement dans les CÉGEPS, dans les universités. Au final, cela a été bien récompensé, car il y a eu énormément de jeunes qui se sont inscrits au Bloc québécois pendant cette élection, ce qui a été porteur d’espoir. Cela montre aussi qu’il ne faut pas lâcher. Il y a eu dans ma campagne plein de militants plus âgés qui ont travaillé dans mon équipe ou ailleurs au Québec, car l’implication des jeunes leur a redonné espoir et redonné envie de s’impliquer pour la cause. Alors, je pense que ça, c’est une bonne nouvelle pour les années qui s’en viennent.
Vous avez été la candidate-vedette du Bloc québécois pour ces élections ; étiez-vous déjà choisie pour ces nouvelles fonctions que vous occupez aujourd’hui avant votre candidature?
Non. Sur le coup, j’ai été plutôt surprise que cela arrive aussi vite. Mardi matin (le jour après les élections), l’appel est venu. Je suis heureuse de poursuivre. Je suis heureuse qu’on ait continué d’avoir confiance en moi. Avant la campagne, je n’avais pas idée que j’occuperais une place aussi importante au sein du Bloc québécois durant la période électorale. Donc, pour moi, c’est une belle marque de confiance. La direction du Bloc a peut être vu que je faisais bien le travail et a placé sa confiance en moi, puis auprès de certains de mes collègues comme Edmond Marchand, un autre professionnel à la fin de la vingtaine. Cela marque bien l’image que l’on veut envoyer comme quoi la relève est bien là. Aussi, qu’elle est là pour rester.
Vous allez désormais vous consacrer pleinement à la politique?
J’ai fini mon baccalauréat en économie l’an dernier et il faut se rappeler que le poste que j’occupe désormais au Bloc n’est pas un poste rémunéré. C’est un poste de militant, de bénévole. Bien entendu, cela va être ma principale implication politique pour l’instant. Je verrai si j’en prendrai d’autres par la suite. Différents défis professionnels risquent de se pointer le bout du nez également.
