Cartes de collection : un passe-temps lucratif?

La pandémie profite aux collectionneurs de cartes, un passe-temps qui a gagné en valeur grâce à la COVID-19. 

À la boutique Imaginaire des Promenades St-Bruno, à 17h30 un jeudi soir, six ou sept personnes sont présentes et font la file devant le comptoir d’achats et d’échanges de cartes. L’un des deux employés derrière le comptoir est un connaisseur en cartes de hockey. 

Selon lui, le prix des cartes a augmenté de façon significative depuis quelques mois. «Quand on a fermé pour la deuxième fois à l’automne, la valeur des cartes a vraiment grimpé. Cette boîte de cartes, qui coûtait environ 130$, est maintenant en vente à 210$ », dit-il en pointant une boîte de cartes de la saison 2020-2021 de la Ligue Nationale de Hockey. « Depuis quelques semaines, on voit des collectionneurs qui viennent après avoir rouvert leurs boîtes pleines de cartes qu’ils gardaient depuis longtemps rangées chez eux.» 

L’employé indique que bien que les cartes de hockey puissent rapporter gros aux chanceux qui retrouvent celles de joueurs étoiles, à l’autre bout du comptoir, il y a également de grosses sommes à faire avec d’autres collections: c’est là qu’on trouve entre autres les cartes Magic, Pokémon et Yu Gi Oh. Ces cartes, que plusieurs jeunes nés à la fin des années 1990 et au début des années 2000 ont parfois collectionné jusqu’à l’adolescence, redeviennent de plus en plus populaires.

Vis-à-vis le comptoir du fond de la boutique, trois jeunes hommes sont justement installés à une table et s’affairent à feuilletter les pages de quelques cartables qui contiennent des cartes Pokémon. « Je les ai achetés à quelqu’un au début de la pandémie pour une fraction du prix qu’ils peuvent désormais me rapporter », dit le propriétaire des cartables, qui invite à y jeter un coup d’œil. Ses cartes font partie des premières qui ont été produites en 1999 pour le marché nord-américain. Elles sont classées dans des pages qui contiennent neuf pochettes de plastique. Dans le lot se trouve le Pokémon que tous les amateurs espèrent avoir parmi leur lot: Charizard. À lui seul, ce morceau de carton avec le dessin d’un dragon se vend parfois pour des centaines de dollars s’il est en bon état. Avec un seul cartable de cartes, le jeune homme pourrait amasser au moins 600$ en choisissant la revente. 

Fabrice Clapuyt collectionne des cartes de hockey depuis 30 ans. (Photo: Gabriel Provost)

 

«Ceux qui achètent en grandes quantités pour tenter d’avoir une seule carte rare peuvent perdre de l’argent, [parfois] beaucoup d’argent. »

-Fabrice Clapuyt

Pas pour les collectionneurs

De plus en plus de personnes se tournent ainsi vers la mode d’acheter des cartes dans le seul but de les revendre  pour faire du profit. Pour les  vrais collectionneurs, qui ne veulent que posséder les cartes pour le plaisir de les avoir, la passion devient ainsi de moins en moins accessible et l’idée de collectionner perd tout son sens.

Fabrice Clapuyt est un de ces passionnés. Depuis près de 30 ans, il s’est spécialisé dans la collection de cartes de hockey, qu’il a cumulées à travers les années au fur et à mesure qu’il les achetait dans les magasins de cartes, ou encore à des particuliers. 

À son avis, les personnes qui ont commencé à rouvrir leurs boîtes pour chercher des cartes qui auraient de la valeur vont souvent être déçues parce que les cartes qu’elles retrouvent n’ont souvent pas une grande valeur marchande. Et «ceux qui achètent en grandes quantités pour tenter d’avoir une seule carte rare vont finir par comprendre qu’il leur en coûtera plus cher d’acheter autant alors que le risque est de ne trouver justement aucune de ces cartes rares et de perdre de l’argent, parfois beaucoup d’argent. » 

Fabrice, de son côté, est justement passionné par le fait d’être en mesure d’avoir toutes les cartes d’une même collection et pas que celles qui ont de la valeur. Il a plusieurs milliers de cartes, qu’il a classées dans des cartables selon leurs caractéristiques particulières. « J’ai un cartable ici: c’est que des cartes de Wayne Gretzky. Ici, c’est uniquement Martin Brodeur. » Dans la même étagère, des cartables remplis de cartes d’époque sont côte-à-côte, classés selon leur année d’édition. « C’est plus facile avec les anciennes cartes de terminer une série. Les nouvelles cartes sont souvent fabriquées en grandes quantités et la compagnie Upper Deck, qui contrôle environ 95% du marché, fait exprès de créer de la rareté et ensuite de fabriquer plusieurs séries par année », dit le collectionneur. 

Valeur ajoutée par la pandémie

Depuis quelques temps, le prix à payer pour faire coter les cartes afin de garantir leur valeur a ainsi grandement augmenté, et le prix des cartes en elles-mêmes a pratiquement doublé. 

Chacune des collections de l’étagère de Fabrice valait déjà quelques centaines de dollars avant même que n’arrive la pandémie de COVID-19. Elles ont donc grandement pris de la valeur. Malgré la hausse le plus grand potentiel de faire du profit en revendant ses joueurs, l’homme n’a pas cédé à la tentation de se débarasser de ses cartes. «Parfois, je me disais que je pourrais vendre une carte pour faire un peu d’argent avec, mais au final je n’ai pas vraiment besoin de m’en débarasser. »

Retour des passe-temps

Ce dernier est d’avis que la collection est devenue une avenue intéressante pour les personnes qui n’avaient pas forcément de passes-temps avant que n’arrive la pandémie. « Pour certaines personnes, c’est les casse-tête, pour d’autres c’est les cartes. » Cette période hors du commun lui a permis de renouer avec sa passion et de tenter de finir des séries qu’il n’avait pas eu le temps de compléter à travers les années. Maintenant, il est à la recherche d’espace pour pouvoir stocker davantage de cartables et ainsi pouvoir les exposer dans la pièce de sa résidence qui est réservée à sa passion pour les cartes.   

Quelle collection avez-vous déjà effectuée dans vos temps libres?