Ateliers de slam dans des écoles secondaires

Emmanuel Hyppolite, un slameur qui réside à Saint-Basile-le-Grand, veut partager son amour pour les mots avec des centaines de jeunes cette année.

Ce poète joue avec les mots depuis son enfance. « En cinquième année, madame Pelletier nous avait demandé d’écrire un texte sur l’automne. Par réflexe, j’ai fait une personnification de la feuille, un procédé d’écriture en poésie. Mon enseignante, qui me faisait un peu peur à l’époque, a pris le temps de souligner mon travail. C’est le moment où j’ai réalisé que j’avais ce talent pour les mots. »

Il a continué de cultiver cet amour et de jouer avec les mots avec ses amis en faisant du « freestyle » et en rappant, en improvisant. « Mes amis me disaient que j’avais un talent, je le voyais aussi. »

Donner à sa communauté

Le Grandbasilois a grandi à Longueuil en écoutant du rap et du hip-hop. « J’ai découvert le slam plus vieux. La musique apporte à mes textes le côté émotionnel à mes mots. C’est ce qui m’a donné envie de le faire », raconte l’auteur de trois albums. 

Fort de cet amour pour les mots, il a voulu créer et, du même coup, redonner à sa communauté. « J’ai commencé à donner des ateliers aux jeunes, un peu par hasard. C’est une école, qui organisait une soirée de slam, qui m’a invité quand j’ai lancé mon premier album en 2012. J’ai ensuite créé un atelier pour ces jeunes. De fil en aiguille, je suis allé dans des écoles primaires et secondaires pour présenter ces ateliers », raconte le Poète Black, de son nom d’artiste. 

C’est aussi dans ses valeurs, qui lui ont été inculquées par sa maman, de redonner aux autres. « Donner des ateliers de slam, ce n’est pas seulement une œuvre artistique, mais c’est aussi une œuvre communautaire. »

Devant 60 groupes

C’est dans cette démarche que le poète souhaite donner des ateliers de slam dans dix écoles défavorisées de Longueuil cette année. « Ce sont 60 classes que j’irai rencontrer. Je vais les voir. Je leur présenterai certains de mes textes pour les éveiller à ce que la poésie peut donner et ensuite, on écrira ensemble. »

Depuis quelques années, Emmanuel Hyppolite visite les établissements scolaires pour engager les jeunes à sa forme d’art, mais aussi dans le but de les accrocher à l’école.

« Je me rappelle une jeune, qui était décrocheuse, même les professeurs étaient découragés par ses absences répétées. J’ai travaillé avec cette école sur le long terme, et le fait de donner rendez-vous à cette adolescente au fil des semaines pour travailler sur ses textes, j’ai vu un changement. Elle était fière de venir en classe, de présenter son texte, qu’elle avait écrit et mémorisé hors des heures de classe », raconte-t-il, reconnaissant de pouvoir faire une différence dans la vie de certains jeunes.

Il se souvient d’un jeune, qui venait d’arriver au Canada, qu’il a mis au défi, au même titre que les autres, d’apprendre son texte par cœur. « Ça lui a permis d’apprendre le français de manière ludique. »

Multitude de projets

Avec son projet, qu’il qualifie lui-même d’ambitieux, l’artiste souhaite venir en aide à encore plus d’élèves. Avec le manque de budget des enseignants, le slameur a mis sur pied une campagne de sociofinancement pour offrir ses ateliers gratuitement. 

Ses projets ne s’arrêtent pas là. Dans son dernier album, Le fils de Marie-Rose, le Poète Black prenait position sur des injustices telles que le racisme ou la violence familiale. Emmanuel Hyppolite travaille sur un recueil de poésie qui sera accompagné de son prochain album, prévu pour 2025. L’auteur s’est toutefois concentré sur sa relation avec la poésie, qui l’a aidé à traverser l’adversité. « C’est difficile d’écrire un ouvrage. Il faut être cohérent, il faut éviter les redondances, c’est beaucoup de travail. J’ai un engagement avec ce livre. Les gens qui participent à ma campagne de sociofinancement recevront cet ouvrage. Je n’ai pas le choix de le livrer », raconte-t-il en riant.

Participation télévisuelle

Après avoir participé à la première saison de La fin des faibles, à Télé-Québec, l’artiste retournera à l’écran, cet automne, à l’émission Quel Talent!, diffusée sur Noovo. Au moment d’écrire ces lignes, le parcours d’Emmanuel est toujours inconnu dans cette émission. Critique de certaines parties de son expérience, il a adoré les tournages et la diversité des participants.