Affronter l’Islande à vélo

Danny Desrosiers, un Montarvillois, et son ami Pascal Marquis, un Granbyen, ont fait le tour de l’Islande à vélo en juillet lorsque le soleil ne se couche jamais.

Le 22 juin dernier, ils ont débuté cette aventure loin de se douter de ce qui les attendait.

« On s’était fait mettre en garde sur la météo avant notre expédition. Le premier soir, on racontait à notre hôte pour la nuit comment nous avions trouvé venteux nos premiers kilomètres. Il nous a répondu qu’il n’y en avait pas eu beaucoup cette journée-là », raconte en riant Danny Desrosiers, quelques semaines après son retour à Saint-Bruno. « La première fois où cela a vraiment soufflé, c’était un peu la panique. Nous n’avons roulé que huit kilomètres cette journée-là », dit-il. Le vent, soufflant parfois à plus de 125 km/h, a été un des multiples défis avec lesquels le duo a dû composer à travers les 2148 kilomètres de son périple. Équipé de plusieurs valises, chaque vélo pesait 120 livres. « On est comme des voiliers. Lorsqu’on roule sur le bord d’une falaise et que le vent de côté veut nous pousser en bas, vers l’océan, c’est un peu stressant », confie Danny, qui en était à son deuxième voyage en cyclotourisme.

Un personnage à part entière

Ils ont dû affronter de rudes températures et des intempéries. « Le climat islandais, c’est un personnage qui te parle. Chaque jour, ça passe par tellement de variations », explique Pascal Marquis. « Il existe un proverbe, »Si tu n’aimes pas la météo, attends quinze minutes ». J’ai ajouté à ça »Attends quinze minutes, tu vas voir que ce n’était pas si pire » », déclare-t-il en riant.

Si les deux athlètes étaient préparés à pédaler quotidiennement sous une température d’environ 14 degrés, ils ont rapidement connu une tout autre réalité. « De ce que l’on a compris de quelques touristes, c’est l’été le plus froid depuis les cent dernières années », mentionne Pascal. Le duo d’amis a roulé malgré une température moyenne de cinq degrés, avec des ressentis de zéro degré. Parmi les quelques cyclotouristes qu’ils ont rencontrés lors de leur voyage, un seul portait le cuissard de vélo court, tout comme eux. 

Danny et Pascal souhaitaient, avant d’arriver en Islande, rouler environ 100 km par jour. Un objectif très réaliste pour les deux adeptes de vélo. M. Desrosiers a fait un voyage de six mois en cyclotourisme en Australie. Pascal, quant à lui, a entrepris plusieurs voyages de vélo. C’était son tout premier accompagné. Une fois rendus en Islande, ils ont modifié leur objectif. « Faire 80 km de vélo par jour en Islande, c’est déjà un défi avec les conditions climatiques », précise Danny.

Redevenir un enfant

Il faut rouler environ 1300 kilomètres pour faire le tour de l’île par la route 1, la route principale. Les acolytes ont toutefois parcouru plus de 2000 km en 29 jours pour aller admirer des péninsules et des fjords. Des paysages à couper le souffle, racontent-ils.

Les cyclistes ont parcouru 17 000 mètres de dénivelé positif, ce qui équivaut à deux fois l’Everest. Après leur journée épuisante, le soleil de minuit ne les a pas empêchés de dormir. Au contraire, Pascal témoigne qu’il n’a jamais aussi bien dormi de sa vie. Danny ne parvenait même pas à le réveiller, même le soir où leurs vélos ont disparu.

Bruits étranges

Dans la nuit entre le deuxième et le troisième jour du voyage, Danny entend des bruits étranges, ainsi qu’une voiture quitter rapidement les lieux et klaxonner sur la route. Il tente, en vain, de réveiller son ami. Au matin, Pascal, dès qu’il sort la tête de sa tente, réalise que leurs vélos ont disparu. 

À 75 kilomètres d’un village, ils sont convaincus de s’être fait voler leurs vélos. « J’avais mis un « airtag » sur mon vélo. Ça indiquait que la dernière fois qu’il a été vu, c’était à côté des tentes, au moment où Danny me criait après pour me réveiller vers 2 h 49 cette nuit-là », explique Pascal.

Catastrophés, ils décident d’aller voir le fermier qui leur a permis de dormir sur son terrain. « Pascal doit toutefois aller faire son petit besoin du matin et se dirige vers les herbes hautes », poursuit Danny.

C’est à cet endroit que Pascal retrouve les vélos, intacts. « Je le crie à Danny et il m’a sauté directement dans les bras », conclut Pascal.

« Nous sommes arrivés à la conclusion que des touristes sur le party ont voulu nous faire une bonne frousse. Si c’était leur objectif, ç’a marché », raconte en riant Danny.

De vrais bons amis

L’amitié entre les deux est récente de quelques années. Ils avaient échangé avant le départ de Danny Desrosiers pour l’Australie, en 2022, au sujet d’équipements technologiques et photographiques. « Ça a tout de suite cliqué entre nous. Quand on est arrivés en Islande, on était de bons amis. Depuis le voyage, avec ce que l’on a vécu ensemble, c’est devenu quelque chose de beaucoup plus fort », confie Danny.

« Probablement que si j’avais fait ce voyage seul, j’aurais cassé à un moment donné. Être deux, ça permet de garder le moral et de rire de situations pénibles », assure pour sa part Pascal Marquis. 

Des traditions se sont vite installées dans leur quotidien, comme les entrées de ramens en sachet sans eau, qu’ils dégustaient comme des chips avant leur souper. La plus marquante pour eux reste leurs biscuits Oreo enrobés de chocolat, qu’ils ont découverts en arrivant en Islande. Ils trempaient leurs biscuits dans le beurre d’arachides avant de les entrechoquer pour trinquer. C’était leur rituel avant d’aller dormir. Ils poursuivent cette tradition depuis leur retour au Québec lorsqu’ils se voient.