36 démissions d’enseignants en 5 ans

Au cours des cinq dernières années, le Centre de services scolaire des Patriotes a été témoin de 36 démissions d’enseignants dans les écoles de Saint-Bruno-de-Montarville, de Saint-Basile-le-Grand et de Sainte-Julie. 

« Je suis fatiguée de nager à contre-courant. C’est très difficile à imaginer et ça me torture d’y penser, mais si les choses ne changent pas, je ferai éventuellement partie des enseignants qui auront quitté l’enseignement à reculons », confie au journal Les Versants l’enseignante de 6e année Marie-Claude Lajeunesse.

Au Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP), 26 enseignants réguliers ont remis leur démission depuis le 1er juillet 2018 sur le territoire du journal. Dix autres professeurs, à contrat à temps partiel, ont aussi quitté leur emploi.     

Six de ces démissions ont été effectives avant la pandémie, soit du 1er juillet 2018 à la mi-mars 2020. Pendant la crise de la COVID, 16 enseignants ont déposé la craie sur le rebord du tableau. Enfin, depuis le 1er août 2022, ce sont 14 autres travailleurs de l’enseignement qui se sont désistés. 

Au-delà de ces chiffres, le CSSP se veut rassurant. « Des démissions sont remises chaque année au CSSP, comme dans tout autre centre de services scolaire, nous dit Julie-Anne Lamoureux, de l’équipe des communications du CSSP. Il est important de noter que 36 démissions sur 5 ans, incluant du personnel non régulier à temps partiel, sur près de 650 enseignants dans une quinzaine d’écoles n’est pas inhabituel. »

Quand on lui demande quelles sont les raisons évoquées derrière ces départs, le CSSP répond qu’il ignore les motifs à l’origine de chaque démission, puisque les professeurs ne sont pas tenus de révéler leur plan de carrière après avoir démissionné. « Nous ne pouvons pas savoir s’ils quittent la profession ou non. Nous ne compilons pas les motifs des démissions », précise Mme Lamoureux.

« On ne peut pas spéculer s’il y aura une vague de départs après le conflit. » – Julie-Anne Lamoureux 

Cependant, les absences que ces désistements ont créées ont toutes été comblées, assure-t-on du côté du CSSP. « Les postes réguliers permanents qui avaient démissionné ont été remplacés par des enseignants qualifiés. Ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les autres, à temps partiel. Il y a une tolérance », commente Julie-Anne Lamoureux.       

Avec le mouvement de grève du Front commun qui prend de l’ampleur au Québec, le CSSP craint-il de nouveaux abandons chez ses enseignants? « On ne peut pas spéculer s’il y aura une vague de départs après le conflit. On l’ignore », explique Julie-Anne Lamoureux.   

Conditions difficiles 

Dans leurs revendications, les enseignants demandent entre autres l’amélioration de leurs conditions de travail. Pour plusieurs, c’est la priorité avant le salaire. « Les élèves et le personnel en souffrent [de ces conditions] et endurent des situations incroyables : crises de larmes ou de colère, morsures, crachats, élèves en fuite, violences physiques et verbales… Du côté des apprentissages, on a aussi des élèves en échec qui ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin. Je travaille à Saint-Basile-le-Grand, un milieu aisé; j’imagine et je sais que ce n’est pas mieux ailleurs », plaide l’enseignante Marie-Ève Cardin. 

Selon les données du CSSP, le nombre d’enseignants à Saint-Bruno-de-Montarville, Saint-Basile-le-Grand et Sainte-Julie dans chaque école primaire varie entre 18 et 41. Pour le même territoire, il oscille entre 69 et 160 au secondaire.