Un miraculé sur la piste

Maxime Duguay

Maxime Duguay portera les couleurs d’Équipe Québec lors des prochains Jeux d’été Olympiques spéciaux du Canada, prévus en juillet prochain, à Vancouver. Pour le jeune homme de Saint-Basile-le-Grand, qui se spécialise en athlétisme, cette sélection témoigne de ses efforts, de son programme d’entraînement et de ses récentes performances à la course.

L’athlète de 22 ans, membre d’Olympiques spéciaux Québec – un organisme qui favorise le sport et la compétition pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle – et représentant la Rive-Sud dans la catégorie 22-39 ans, ira dans l’Ouest canadien avec un seul objectif en tête : « Sur les quatre épreuves auxquelles je participe, je veux rapporter au moins une médaille », mentionne Maxime Duguay, que le Journal de Saint-Basile a rencontré. Il se présentera aux courses de 1 500, 3 000, 5 000 et 10 000 m lors de son passage à Vancouver pour les nationaux.

Des performances

Ce n’est pas la première fois que Maxime voyage pour un rendez-vous sportif. En effet, en 2012, il était d’Équipe Québec aux Jeux nationaux d’hiver d’Olympiques spéciaux, tenus à Saint-Albert, en Alberta, remportant la médaille de bronze au hockey contre la formation hôtesse. « J’en ai gagné déjà plusieurs, mais il s’agit de la médaille la plus importante à mes yeux. Même s’il s’agit d’un sport collectif, contrairement à la course, tout le temps que nous avons mis en entraînements et en tournois, ç’a été une belle victoire d’équipe. Je me souviendrai toujours de cette médaille », explique celui qui jouait alors au poste de défenseur.

En juillet dernier à Pointe-Claire, c’est lors des Jeux provinciaux que Maxime s’est illustré en athlétisme, collectionnant littéralement les récompenses : l’argent au 400 m et au 1 500 m, l’or au 3 000 m, 5 000 m et 10 000 m, ainsi que l’argent au relais 4 x 100 m et l’or à celui du 4 x 400 m. « C’était une belle expérience et je ne m’attendais jamais à récolter autant de médailles. J’ai même réussi à battre l’un de mes rivaux de la région de Québec, qui est l’un des rares, comme moi, à être capable de compléter la distance du 10 000 m. » 

Une méningite presque fatale

Maxime Duguay a une déficience intellectuelle légère attribuable à une méningite subie alors qu’il avait 17 jours de vie. Il est demeuré à l’hôpital Sainte-Justine pendant deux mois et demi. Aujourd’hui, il vit avec sept trous au niveau du cerveau, en raison d’abcès qui se sont créés lors de la maladie. Selon les médecins de l’époque, Maxime ne devait plus jamais marcher. Il aurait pu devenir aveugle, sourd et demeurer dans un état végétatif. « C’est un miraculé. Cette maladie l’a atteint dans plusieurs sphères de sa vie, par exemple sa dextérité, sa motricité fine, son champ de vision. Maxime a aussi un retard de quelques années en âge mental. Il ne devait plus marcher, et aujourd’hui, il court. On peut dire qu’il a été chanceux dans sa malchance », explique Lyne Chiasson, la mère du jeune homme. Depuis quelque temps, Maxime travaille dans un vignoble de Mont-Saint-Hilaire; il a suivi une formation en horticulture à Saint-Hyacinthe après sa 5e secondaire.  

À la suite de sa mésaventure à l’hôpital, le bébé a été pris en main très tôt. À sept mois, ses parents lui ont fait rencontrer physiothérapeute et ergothérapeute afin de le stimuler et l’aider dans son évolution. « À l’hôpital, le médecin m’avait dit : « Votre fils ne gagnera jamais une médaille d’or. » Lorsque Maxime a remporté sa première médaille d’or avec les Olympiques spéciaux Québec, j’ai rappelé ce médecin et je lui ai raconté le parcours de Max. Il était très impressionné et m’a dit qu’avec le temps, il fallait en déduire que mon fils n’était pas comme les autres, qu’il était surprenant », d’ajouter la maman.

La relation de Maxime avec Olympiques spéciaux Québec (OSQ) s’est amorcée en mai 2010. Son père avait un collègue de travail dont l’enfant était inscrit au mouvement sportif. Maxime s’est essayé, pratiquant d’abord le hockey, et ensuite le soccer. C’est sur un terrain de soccer qu’il a fait écarquiller les yeux de l’entraîneur-chef Michel Guyon, qui couvre le secteur de la Rive-Sud pour OSQ. « Il m’a remarqué, m’a dit qu’il voyait beaucoup de potentiel en moi. Il nous a parlé, à mes parents et moi, m’a offert d’essayer l’entraînement en sa compagnie, pour voir si j’avais un intérêt en athlétisme », raconte le Grandbasilois. Maxime se spécialise en course longues distances, mais en athlétisme, il pratique également le saut en longueur, le lancer du poids, les haies. « Plus jeune, quand j’étais au primaire et au secondaire, mes professeurs d’éducation physique me demandaient souvent si je faisais partie d’un club d’athlétisme, alors que ce n’était pas le cas. Je pense que c’est un talent naturel; j’ai ça en moi. Je cours tous les jours, donc mon corps est très endurant; il s’adapte et j’arrive à courir de longues distances. » Pour l’entraîneur Michel Guyon, Maxime fait des progrès exceptionnels depuis son entrée en OSQ. Il a évolué très rapidement. « Notre objectif est de se rapprocher de plus en plus du générique en termes des résultats obtenus et Max fait des progrès énormes chaque année. Il a déjà trois demi-marathons de complétés et nous avons un objectif de faire son premier marathon après les Jeux nationaux. »

« J’ai une belle relation avec Michel. Grâce à lui et la famille d’OSQ, les gens croient en moi. J’ai une meilleure confiance, je parle davantage. Ma mère dit que je suis un combattant et que je ne baisse jamais les bras; je vais jusqu’au bout », conclut celui qui a tendance à se rendre jusqu’au bout des pistes qu’il parcourt!