Une époque révolue racontée par le policier Richard Lallemand

Le 28 août 1951, la ville de Saint-Bruno-de-Montarville, qui compte 1081 habitants, se dote d’un Service de police. Ce jour-là, Albert Plante prête serment comme « constable », peut-on lire dans la note de recherche no 75, de la Société d’histoire de Montarville. La roue a tourné depuis ces débuts. Le journal Les Versants a rencontré M. Richard Lallemand, embauché comme policier en 1974. Il nous raconte l’histoire d’une époque, celle qui a précédé « l’agglomération ».

En septembre 1974, le département de la police de Saint-Bruno-de-Montarville retient les services de Richard Lallemand, 26 ans, originaire de Longueuil. Cependant, cette embauche est conditionnelle à l’obtention de son certificat de l’Institut de police du Québec. Il obtiendra son diplôme en avril 1975, après une formation qui a débuté en novembre 1974, à Nicolet. Par la suite, le constable Richard Lallemand a adoré son travail et il s’y est donné corps et âme. Les souvenirs remontent à sa mémoire avec bonheur.

L’ouverture des Promenades Saint-Bruno

En 1978, c’est l’ouverture des Promenades Saint-Bruno. M. Lallemand raconte : « Lors de l’ouverture, la route 30 était remplie. Je faisais la circulation sur la montée Sabourin et à l’entrée des Promenades. Cette ouverture a mis Saint-Bruno sur la carte, mais elle y a aussi apporté son lot de problèmes : vols à main armée, agressions, vols d’autos, fraudes. La vague de criminalité s’est aussi reflétée sur la municipalité même. » M. Lallemand raconte qu’au cours des premières années, un petit poste de police et un véhicule étaient maintenus en tout temps aux Promenades.

La vie policière à Saint-Bruno

Urgel Chénier est chef de police lorsque le constable Richard Lallemand se joint à la police montarvilloise. Les statistiques révèlent qu’en 1977, les effectifs policiers sont au nombre de 25. Notre interlocuteur ajoute qu’il y a aussi trois enquêteurs et trois secrétaires. « On comptait quatre équipes. Celle à laquelle j’appartenais était formée du sergent Claude Hébert, de Denis Richer, mon coéquipier, ainsi que de Jocelyn Lahaie, Yves Bernard, Pierre Gagnon, et Claude Beauchamp, répartiteur. Une belle équipe où régnait l’amitié », dit-il. Le sergent Hébert nous révélera, lors d’une conversation téléphonique, que Richard Lallemand était un conteur d’histoires et qu’il les a beaucoup fait rire.

Pendant le quart de travail, deux à trois autos sont sur la route. « Toute la journée, on patrouillait dans les rues. Certains endroits étaient plus sensibles, il fallait surveiller de plus près, surtout les fins de semaine et l’été. On faisait aussi la circulation lors des funérailles et même à la sortie de la messe le dimanche. » Le sergent Hébert ponctue : « À cette époque, les policiers étaient en quelque sorte les gardiens de la ville et ils avaient une belle relation avec les Montarvillois.  »

Quant aux appels à domicile, M. Lallemand révèle qu’ils résultaient de vols par effraction et de violence conjugale. Sur la route, l’usage du radar permettait de déceler l’excès de vitesse. « 22 $, peu importe la vitesse, souligne-t-il en riant. On utilisait aussi l’ivressomètre, surtout au temps des Fêtes et on montait des barrages de routes. »

La police fait aussi de la prévention et de l’éducation. En1980, un policier communautaire est nommé. Il intervient principalement à l’École secondaire du Mont-Bruno, mais aussi dans les écoles primaires. Trois policiers ont occupé ce poste: Bernard Gravel, Normand Auclair et Réal Bilodeau.

À l’instar d’un service offert aux États-Unis, le constable Réal Bilodeau a créé ici, en 1990, le programme PAIR. C’est un service personnalisé d’appels automatisés offert aux aînés pour vérifier quotidiennement leur état de santé. Ici, il est maintenant géré à partir de Longueuil, avec la collaboration des Centres d’action bénévole des diverses municipalités de l’agglomération. Le programme est désormais répandu dans tout le Québec.

Jours tristes, jours heureux

Certains jours, avoue M. Lallemand, la tâche était plus difficile. « Ce qui me touchait le plus jusqu’à m’empêcher de dormir, c’étaient des noyades ou des accidents d’enfants, et des suicides, principalement de jeunes. » Mais le travail apportait aussi des jours heureux. Il y a eu le sauvetage d’un enfant de deux ans à qui lui et son coéquipier ont prodigué le massage cardiaque. À leur arrivée, les ambulanciers ont avoué que si ça n’avait été d’eux, l’enfant serait décédé. « Ça, c’était une belle journée, ça faisait chaud au cœur! », s’exclame-t-il.

Ce qu’il préférait dans le métier de policier, c’était de devoir utiliser son flair. Être « sur l’adrénaline », comme dans l’incident raconté en ces pages. Il aimait beaucoup le fait de ne pas avoir de routine, de travailler sur le terrain, de parler aux gens, de ne pas toujours agir « by the book », dit-il, mais d’utiliser son jugement, faire de la prévention et participer à l’ordre public.

En 2002, Richard Lallemand a pris sa retraite. « Nous avions une belle ambiance de travail. J’ai juste de beaux souvenirs, j’avais un bon superviseur, le sergent Claude Hébert. D’ailleurs nous sommes restés de bons amis. J’ai adoré travailler à Saint-Bruno », note ce Montarvillois, père d’un garçon et d’une fille. À « méditer » : au cours des 15 premières années de sa carrière, il avait hâte que les vacances se terminent… Aujourd’hui, il avoue s’ennuyer encore de sa « gang » et aussi du travail. « C’était une belle époque! »

Texte rédigé avec la collaboration de la Société d’histoire de Montarville