Babillard communautaire

Yvon Cuillerier aura 84 ans en novembre prochain. Mais le 9 septembre, après une pause estivale, le violoniste sera à nouveau à la barre des Soirées du mardi soir, qui se déroulent à la Légion royale canadienne de Saint-Bruno-de-Montarville (1622, rue Roberval) depuis près de 20 ans! Rencontre avec un passionné de musique et de violon.

« Je suis un musicien, c’est mon travail principal. Je joue surtout du violon; de toute manière, j’ai juste ça dans la tête, j’en suis passionné! Ça m’apporte beaucoup de satisfaction », mentionne le Montarvillois Yvon Cuillerier, en entrevue avec le journal Les Versants.

Les Soirées du mardi soir, qui rassemblent de 20 à 30 musiciens provenant d’un peu partout, sont très courues et appréciées de tous. L’événement est divisé en deux programmes : d’abord, chaque participant se présente sur scène individuellement pour son numéro, ensuite, les musiciens se réunissent pour jammer en groupe. « Ça permet de faire jouer les musiciens qui n’ont pas l’habitude de le faire, de les sortir de leur chez-soi et de performer pour un public. C’est aussi une occasion de faire de la musique plusieurs musiciens ensemble. Ça met de la vie dans nos soirées et c’est un beau passe-temps », indique Yvon Cuillerier.   

Les musiciens en question, pianistes, accordéonistes, guitaristes, violonistes, et quelques chanteurs country, proviennent de Montréal, Granby, Saint-Jérôme, Drummondville, Saint-Bruno-de-Montarville. C’est un ensemble de musiciens, mais il n’y a ni batterie ni cuillère. « Nous avons lancé ces soirées parce qu’à notre arrivée à Saint-Bruno-de-Montarville, nous cherchions une place pour jouer de la musique. Il n’y en avait pas, alors nous avons inventé les Soirées du mardi soir. En février prochain, ça fera 20 ans! » de lancer la conjointe de monsieur Cuillerier, Florence Downie.

Les jeunes, autant en tant que musiciens qu’en tant que public – parce que ces Soirées du mardi soir sont ouvertes aux citoyens –, sont peu nombreux. Une constatation que dresse le couple. « Ceux qui viennent nous voir, ce sont des amateurs de musique, des mordus. Les jeunes sont rares. Et du côté des performeurs, ils sont âgés de plus de 30 ans. L’aîné en a 90 », explique Yvon Cuillerier, membre à vie de Réseau Québec Folklore (anciennement l’Association québécoise des loisirs folkloriques).

Violoniste depuis 70 ans

Né dans le quartier Chomedey, Yvon Cuillerier apprend l’art du violon pour la première fois alors qu’il a 14 printemps. Vers 18 ans, son amour pour le folklore débute. Encouragé par son père, il étudie intensément la théorie musicale par correspondance. Avec des heures de pratique, le jeune homme perfectionne sa technique. « Mon père jouait aussi du violon, alors j’ai suivi ses traces. L’affaire, c’est que moi, j’ai continué plus longtemps que lui. J’ai pris ça très au sérieux. J’ai appris avec une méthode en 96 leçons que j’avais fait venir de New York. Je me suis débrouillé ainsi. C’est l’une de mes grandes fiertés, ça : d’avoir appris par moi-même et d’en être venu à bout. Après autant d’années, je peux dire que le violon m’a permis de faire de belles rencontres, de me faire des amis et de voyager », de poursuivre le musicien qui, au cours de sa longue carrière, remportera presque tous les concours de grande importance auxquels il participe.

Des exploits

Voici d’ailleurs quelques-uns de ses faits marquants : 1er au concours de l’émission de radio Swing La Baquaise, en 1953; quatre fois premier au grand concours annuel de l’Association des violoneux du Québec; 3e au Grand Masters Fiddle Championship, à Nepean, Ontario; participation à plusieurs émissions télévisées, dont Chez Boubou, Le Temps de Vivre, Le Temps d’une Paix, Tommy Hunter Show, L’Autobus du show-business et Un hommage à Jean Carignan; plusieurs spectacles sur la Colline parlementaire à Ottawa le jour de la Confédération de même que des collaborations à plusieurs enregistrements sur disques et pour la télévision.

Un phénomène musical

Yvon Cuillerier est un musicien hors pair et unique. Doté d’une grande résistance et d’un répertoire inépuisable, il est toujours le dernier à terminer les soirées. « Ça en prend pas mal pour me mettre à terre! Le violon me permet aussi de me défouler. Je suis souvent le premier appelé quand il y a une réunion, une fête. Si je ne peux pas être là, la soirée est annulée ou reportée. » Sa femme confirme : « Sans Yvon, il n’y a pas de party! » 

Le Montarvillois joue aussi avec virtuosité de la musique irlandaise, populaire, du jazz et des pièces classiques. Parfois, il s’occupe de la musique d’ambiance dans les mariages, accompagné d’un trio guitare-saxophone-piano. Ces dernières années, il a composé plusieurs pièces de musique folklorique, dont quelques-unes sont incluses sur ses récents enregistrements. 

Encore aujourd’hui, pour ses engagements, Yvon Cuillerier prend le même violon avec lequel il a amorcé sa longue carrière, il y a 70 ans. Violon qui appartenait à une personne âgée et que lui avait offert une tante. Selon lui, cet instrument a plus de 100 ans. Monsieur Cuillerier possède aussi quatre autres violons, dont celui de son père.  

Mis à part le violon, l’octogénaire n’a pas beaucoup d’autres passe-temps, mais il apprécie ses sorties au magasin Archambault, pour acheter disques et partitions, et aussi les mots croisés, des grilles qu’il complète en allant prendre un café au McDo. Yvon Cuillerier est tellement investi musicalement qu’en fait, il joue de son instrument de prédilection tous les jours. « C’est important! C’est ma vie! Si la musique n’existait pas, je préférerais mourir! »

Si la musique n’existait pas, peut-être l’inventerait-il…