Entrevue avec Philippe Couillard, au lendemain du débat (2e partie)

Lancement du livre Malade et… heureux?

Il y a quelques années, Lucie Mandeville a vu le bonheur lui échapper. Assisse au chevet de son père gravement malade, puis mourant, la psychologue humaniste en a été profondément bouleversée. Mais elle s’est relevée de cette épreuve et aujourd’hui, elle rédige des livres sur la psychologie positive, dont le dernier, Malade et… heureux?, publié en janvier aux Éditions de L’Homme.  

En raison d’une opération pour un cancer, opération qui a mal tourné, le père de Lucie Mandeville a lutté contre la douleur pendant plusieurs années, sans que la famille ne puisse rien faire pour lui venir en aide. « Aujourd’hui, nous ne savons toujours pas de quoi il est vraiment mort. Mon premier livre, Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires, correspondait à son décès après une longue agonie qui n’en finissait plus. Celui-ci, mon dernier, Malade et… heureux?, est beaucoup plus personnel. Je lui rends tout de même hommage dans la première partie du bouquin, celle qui porte sur la maladie », explique la professeure titulaire au département de psychologie de l’Université de Sherbrooke Lucie Mandeville, jointe par le journal.   

Psychologue, auteure, conférencière et chroniqueuse à la radio, aujourd’hui, Lucie Mandeville est considérée comme la principale spécialiste de la psychologie positive au Québec. « C’est une psychologie encore très jeune, qui a vu le jour dans les années 90 aux États-Unis et qui est apparue au Québec environ une décennie plus tard. Progressivement, on commence à voir quelques praticiens dans le domaine. Selon moi, il faudra attendre encore de 5 à 10 ans avant qu’elle soit démystifiée complètement », mentionne la Montarvilloise d’origine.

C’est à l’aide de témoignages, de rencontres, d’entrevues avec des gens qui se sont découvert des forces insoupçonnées face à la maladie que Lucie Mandeville a pu rédiger ce livre, écrit sur une période de deux ans, notamment pendant un périple en Australie, en Nouvelle-Zélande et à Hawaï. Pour certains individus, la maladie est devenue un révélateur, un tremplin, un élément déclencheur vers une vie plus saine, positive et authentique. Parfois, pour mieux partir. « J’ai lu beaucoup sur le sujet et tout est une question d’attitude positive face à la maladie. J’ai effectué de la recherche pendant un an à travers des ouvrages, des témoignages et Internet. Ma recherche m’a permis de constater que des personnes malades ont connu les plus belles années de leur vie lors de leurs derniers moments », souligne l’auteure, qui soutient qu’une attitude positive peut produire des effets remarquables sur l’état physique et psychologique.     

À la suite de ses entretiens et en se basant sur des données scientifiques récentes, Lucie Mandeville met l’accent sur huit attitudes qui favorisent un retour à la santé et qui permettent de reprendre sa vie en mains. La psychologue a donc fait connaissance avec les optimistes, les rusés, les bons vivants, les paisibles, les increvables, les fervents, les sociables et les courageux. « Les traitements en médecine sont nécessaires, les médecins sont importants; ils peuvent guérir les infections et les maladies. Par contre, ils ne recouvrent pas la santé. Il faut davantage. Il faut être bien dans sa peau et s’offrir une vie meilleure pour ne pas retomber. »

Lucie Mandeville souhaite prendre une retraite de sa carrière universitaire d’ici trois ans afin de se consacrer à la formation, à l’écriture, à la pratique privée et aux conférences.

Montarvilloise dans le cœur, la Sherbrookoise évoque sa mère, qui possède la Ferronnerie Pro Mandeville, face à l’église de Saint-Bruno. « À 80 ans, elle est très fière d’y travailler encore, et elle est fière de sa fille. J’adore Saint-Bruno; c’est ma ville, mes racines. Si on me disait que je dois y déménager, j’accepterais tout de suite. Je salue tous ceux que je connais, dont les Amis soleil [un organisme qu’elle a fondé]. »