Ève Dessureault chante Mozart

« Après ma maîtrise au Conservatoire, je souhaite être retenue pour faire partie de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Je pourrais aussi performer partout en Europe, mais mon grand rêve, c’est de pouvoir chanter les plus beaux airs d’opéra, sur les plus grandes scènes de la planète », mentionne la soprano colorature Ève Dessureault, que le journal a rencontrée.

Un texte de Frank Jr Rodi

La Montarvilloise Ève Dessureault est soprano colorature, c’est-à-dire qu’elle possède une voix légère avec agilité dans les aigus. « On dit aussi colorature lyrique. C’est quelque chose que je sais depuis mes débuts : j’ai une voix légère. Je ne serai jamais une mezzo-soprano, ni une contralto ou bien une alto, parce qu’il s’agit de voix plus graves. Et mon timbre de voix ne correspond pas à cette catégorie. Mais ce n’est pas une nouvelle, c’est un constat », souligne Ève Dessureault.

Un tel registre lui permet tout de même plusieurs opportunités, par exemple de tenir des rôles de soubrettes, des femmes de chambre coquettes et délurées de comédie, dans des opéras comme La Flûte enchantée ou encore Cosi Fan Tutte.

Pour une chanteuse, la voix est un outil de travail comme un crayon l’est pour l’écrivain ou le pinceau pour l’artiste peintre; alors, est-ce qu’elle porte une attention particulière à la santé de sa voix? « Si l’instrument est endommagé, je ne peux pas chanter au risque de l’endommager davantage. Alors oui, je dois faire très attention, en ne criant pas, en buvant beaucoup d’eau, en adoptant un mode de vie sain, en chantant avec une bonne technique vocale. Le foulard peut être esthétique, tout en étant nécessaire à la protection de ma voix afin d’éviter un coup de froid », répond l’intéressée.

Apprentissage vocal

La chanteuse a fait ses débuts en chant classique avec Louise Marcotte, soprano, alors qu’elle n’avait que 14 ans. C’était à Longueuil. « En fait, j’étudiais le chant pop, mais il fallait offrir au moins une pièce de chant italien. C’est à ce moment-là que j’ai eu la piqûre », d’indiquer Ève, qui a aussi suivi des cours de chant à Saint-Bruno quand elle avait sept ou huit ans. Elle a ensuite poursuivi pendant trois ans ses études collégiales à l’École de musique Vincent-d’Indy, en chant classique, avec la soprano Marie-Danielle Parent. Elle y remportera d’ailleurs une bourse dans le cadre du Concours d’expression musicale. Aujourd’hui, elle continue son apprentissage avec des études universitaires au baccalauréat du Conservatoire de musique de Montréal, avec la soprano Adrienne Savoie et l’entraîneur vocal, pianiste accompagnateur, Olivier Godin. Elle entame sa deuxième année. Elle a aussi suivi un stage d’art vocal de 17 jours à Bourgogne, en France, en juin dernier, où elle donné des concerts avec la pianiste accompagnatrice et coach vocale Louise-Andrée Baril et la metteure en scène Jeannette Aster. « Le chant a toujours fait partie de ma vie. Aujourd’hui, j’ai une passion pour le chant classique, les comédies musicales et le théâtre, que j’apprends toutes les semaines au Conservatoire. En musique, j’écoute des groupes comme Led Zeppelin, Pink Floyd et Supertramp, que mon père écoutait et qu’il m’a permis de connaître. En fait, je me suis découvert un goût pour les « classiques » de la musique rock. »  

Victime d’intimidation plus jeune, de la 5e année du primaire jusqu’à la fin du secondaire, Ève Dessureault organisait une marche contre ce fléau dans les rues de Saint-Bruno-de-Montarville en mai 2011. Elle a aussi donné des conférences dans les écoles afin de sensibiliser les jeunes à ce problème. « J’ai moins de temps, mais je continue d’être active pour cette cause. Mon intérêt pour la chose n’est pas mort. J’avoue que le chant m’a beaucoup aidée à évacuer les émotions que je gardais à l’intérieur, à l’époque. Les intimidateurs pouvaient me faire du mal et m’enlever ce que j’avais de fierté, mais pas ma voix ni ma passion. Encore aujourd’hui, je considère que le chant est la meilleure thérapie pour moi. »

En mai prochain, Ève Dessureault sera de la production de l’Atelier de l’Opéra du Conservatoire de musique de Montréal dans les rôles de la Second Woman et de la First Witch de l’opéra Dido and Aeneas, de Henry Purcell. « Ce sera un premier opéra complet pour moi. Ce sera une belle expérience! J’ai très hâte! »