La Butte en difficulté financière

Subvention municipale coupée de 50 %

La Maison des jeunes La Butte (MDJ) voit sa subvention municipale coupée de moitié en 2015. Celle-ci passera donc de 67 500 $ à 33 500 $. Bien que l’organisme comprenne le contexte économique qui a poussé la Ville de Saint-Basile à prendre cette décision, il demande néanmoins la révision de celle-ci pour le bien-être des adolescents et la survie de ses services.

Rappelons que depuis 15 ans, la Ville soutient financièrement la MDJ. Entre 2000 et 2014, la subvention municipale est passée de 8 154 $ à 67 500 $. En octobre dernier, La Butte demandait aux élus que sa prochaine subvention soit de 77 000 $, soit 9 500 $ de plus qui permettraient de pallier le manque à gagner récurrent. Mais au lieu d’une réponse négative ou d’un gel, la somme émise a plutôt été coupée de moitié; ce qui inquiète grandement le conseil d’administration de l’organisme.

« Nous sommes conscients que la Ville nous donne un bon montant d’argent année après année, et que, comparativement aux autres maisons des jeunes de la région, elle est la municipalité qui en donne le plus. Mais, en même temps, elle s’était engagée à le faire, puisque nous sommes la maison des jeunes qui reçoit le moins d’aide de l’Agence de la santé et des services sociaux depuis 2006 », exprime Martin Renaud, directeur de La Butte.

Dans une lettre, la municipalité justifie sa décision par des « impondérables importants en matière budgétaire » qui l’ont obligée à couper 340 000 $ dans son budget 2015, dont une grosse partie dans la subvention de la MDJ. « La situation budgétaire de cette année était complexe, extrêmement difficile. La Ville a en effet coupé de moitié sa contribution financière à la maison des jeunes, mais elle n’abandonne pas La Butte pour autant, affirme Line Marie Laurin, conseillère municipale responsable des dossiers de la famille, des aînés et des enfants. Nous aurions pu procéder l’année dernière, ou l’année prochaine, mais, en fait, il n’y a jamais de bon moment pour ça. Nous sommes conscients que l’organisme vit encore avec des problèmes de sous-financement, et je ferai tout en mon pouvoir pour le soutenir. »

Appel aux fonds d’urgence

L’an dernier, rien que les salaires des cinq employés et les frais fixes ont nécessité une dépense de 118 827 $. Le total des subventions était alors de 100 365 $, et la portion de la Ville représentait 67,3 % de la somme. En 2015, elle ne sera plus que de 37 %, pour un total de dépenses semblables.

« Si on veut maintenir les services cette année, sans penser développer, il nous faut trouver 47 000 $, de préciser M. Renaud. Depuis le mois de décembre, nous étudions les impacts sur notre clientèle et travaillons à trouver des solutions. Nous avons approché des partenaires qui ont accepté de nous aider en fouillant dans leurs fonds d’urgence, mais ces montants ne seront pas récurrents. » Le conseil d’administration pense pouvoir ainsi récolter près de 20 000 $, mais ce ne sera pas encore suffisant.

Hausse de l’occupation

Martin Renaud s’explique mal que la Ville doute de la fréquentation des locaux par les adolescents, puisque, d’après les données recensées, les jeunes ont augmenté de 63 % leur présence à La Butte en l’espace d’un an et demi.

Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2014, la MDJ a enregistré la présence de 192 jeunes différents, pour un total de 2 920 visites.

Dans sa mission de soutien auprès des jeunes, la MDJ a calculé 794 interventions individuelles ou en groupe. La dimension des relations interpersonnelles est celle qui en a demandé le plus (194). Ces statistiques démontrent une moyenne de quatre interventions spécifiques par jour.

Quant aux activités structurées organisées, 54 ont été réalisées au cours de l’année dernière et 436 jeunes y ont participé.

Martin Renaud a fait l’exercice de comparer la MDJ La Butte à celles des municipalités environnantes (voir tableau). « Ce que nous essayons de faire comprendre chaque année aux autorités municipales et autres bailleurs de fonds, c’est que nous desservons un bassin d’environ 200 jeunes différents et non juste les 13 jeunes qui viennent, en moyenne, chaque jour, insiste M. Renaud. Les statistiques de nos interventions ne sont pas à négliger. Elles démontrent du bon fonctionnement de la Maison des jeunes et du besoin ressenti par ceux-ci de la fréquenter. »

Campagne locale de dons

Le défi 2015 s’annonce énorme, mais la MDJ pense être capable de le relever. Par contre, qu’en sera-t-il des années subséquentes? « Il y a quelque chose de vraiment inquiétant dans cette situation. Qu’est-ce qui nous garantit que la Ville ne va pas nous arriver avec une autre coupe l’année prochaine?, se questionne Marie-Ève Jannard, présidente du conseil d’administration. Et, surtout, allons-nous être en mesure de maintenir le bateau hors de l’eau d’une année à l’autre si la situation reste ainsi? »

Parmi les solutions, l’idée d’une campagne locale de dons a été apportée… Mais aux dépens de la clientèle? « Toute l’énergie que l’on met à trouver de l’argent, c’est de l’énergie que l’on ne met pas auprès des jeunes, ce qui est la raison d’être de la maison. On essaie que cette situation ait le moins d’impact possible sur les jeunes, mais, au final, il y en a pareil », ajoute Jonathan Bussière, directeur adjoint.

Si vous désirez aider de quelque façon la MDJ La Butte : 450 461-8067 ou infomdj@labutte.org.