Miser sur la promotion et la prévention

Santé mentale

Le 28 janvier se tient la 5e Journée Bell Cause pour la cause, qui se veut un programme pluriannuel consacré à la santé mentale. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la maladie mentale est la principale cause d’invalidité dans le monde, et cinq des dix causes d’invalidité les plus importantes sont liées à des troubles mentaux. Aux yeux de l’Association canadienne pour la santé mentale, il vaut mieux prévenir que guérir en misant sur la promotion et la prévention.

Quand on pense que 20 % des Canadiens seront touchés par la maladie mentale au cours de leur vie, encourager les organismes oeuvrant auprès de cette clientèle est une belle initiative. Mais saviez-vous qu’il y a une différence entre la santé mentale et la maladie mentale? Trop souvent, nous faisons l’erreur de parler de cette première en l’associant à cette dernière. Pourtant, elles représentent deux choses distinctes.

Dans un résumé de projet clinique sur la santé mentale adulte, intitulé Illustration des concepts de promotion et de prévention en santé mentale et daté de 2010, il est justement expliqué que la santé mentale est un « état d’équilibre d’une personne qui s’apprécie par son niveau de bien-être, l’exercice de ses capacités et la qualité de ses relations avec le milieu. La santé mentale peut être considérée comme une ressource collective. »

Donc, qu’est-ce qu’une maladie mentale? « L’expression « maladie mentale » fait surtout référence aux troubles mentaux qui sont caractérisés par la présence de symptômes cliniquement reconnaissables, auxquels sont associées une importante détresse et une interférence du fonctionnement personnel et social d’une personne », peut-on lire dans ce même document.

Parmi les troubles mentaux les plus connus se retrouvent, entre autres : les troubles anxieux, les troubles déficitaires de l’attention, les troubles de l’alimentation, les troubles de l’humeur, la psychose, la schizophrénie et l’automutilation. Pour Germain Loiselle, conseiller en santé mentale au travail à l’Association canadienne pour la santé mentale Filiale Rive-Sud, ces troubles sont ce que l’on pourrait appeler « les extrêmes ». « Les gens ne le savent peut-être pas, mais les problèmes de personnalité, la dépression et l’épuisement professionnel, aussi appelé « dépression situationnelle », sont également nombreux dans la société et considérés comme des troubles mentaux », explique-t-il.

Plus de promotion et de prévention

M. Loiselle n’est pas contre l’initiative d’une campagne nationale comme celle de Bell Cause pour la cause; au contraire, il faut parler de la santé mentale! Mais, selon lui, il vaut mieux prévenir que guérir. « La promotion et la prévention en santé mentale sont les parents pauvres du ministère de la Santé… elles ne sont pas subventionnées! Et pourtant, c’est de là que tout commence, rapporte le conseiller depuis 20 ans et enseignant à la retraite ayant vécu lui-même un burn out. L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) travaille en amont de la maladie et persévère, chaque année, à faire la promotion et la prévention de la santé mentale. »

Le travail, la vie sociale, la famille et l’éducation sont les quatre sphères de la vie qui influencent grandement la santé mentale d’un individu. Dans son approche de promotion, l’ACSM et ses partenaires mettent l’accent sur ce qui est positif. « Même si la première semaine de mai est consacrée à la santé mentale, il est important d’en parler toute l’année. C’est pourquoi l’Association parle beaucoup des facteurs de protection (conditions économiques et sociales favorables, soutien social, estime de soi) avec la population afin que celle-ci travaille à les améliorer », explique M. Loiselle.

Quant aux outils de prévention, ceux-ci sont spécifiques à un individu ou un groupe vulnérable. Ceux-ci peuvent être des activités diverses pour diminuer la tension (méditation, yoga) ou des conférences (la communication consciente, le fait d’éviter les conflits, le stress au travail, le harcèlement psychologique, etc.).

Maintenant, travaillons tous ensemble pour des personnes mentalement saines dans une société saine!

Pour plus d’information sur la santé mentale : Association canadienne pour la santé mentale (450 616-1569), Commission de la santé mentale du Canada, Société pour les troubles de l’humeur du Canada, Jeunesse J’écoute (1 800 668-6868), Centre de toxicomanie et de santé mentale (1 800 463-2338), entre autres.

La santé et la maladie mentale en chiffres

– 2 personnes sur 3 souffrent en silence par crainte d’êtres jugées et rejetées.

– L’Organisation mondiale de la Santé prévoit que, d’ici 2020, la dépression viendra au deuxième rang des causes des années perdues pour invalidité à l’échelle mondiale.

– Le nombre de suicides au Canada est d’environ 4 000 par année. Chez les Canadiens de 15 à 24 ans, le suicide vient au deuxième rang parmi les causes de décès.

– La maladie mentale coûte à l’économie canadienne la somme stupéfiante de 51 milliards de dollars par année, et chaque jour, 500 000 personnes s’absentent de leur travail à cause de problèmes de santé mentale.

– Les troubles mentaux en milieu de travail coûtent aux entreprises canadiennes près de 14 % de leurs bénéfices annuels nets, et jusqu’à 16 milliards de dollars par annéeLe taux de chômage parmi les personnes atteintes de troubles mentaux sérieux varie de 79 % à 90 %.

(Sources : Association canadienne pour la santé mentale et Bell Cause pour la cause)