Des Montarvillois derrière Kanuk

L’entreprise québécoise célèbre ses 40 ans

Kanuk est une petite entreprise québécoise, créée il y a maintenant 40 ans, qui se spécialise dans la confection de vêtements de plein air, surtout des manteaux d’hiver. Elle a été fondée par Louis Grenier, un artisan résidant à Saint-Bruno-de-Montarville depuis trois ans.  

« Louis a le complexe d’être un mauvais administrateur. Il n’a pas d’ambition. Ce n’est pas un homme d’affaires, mais un artisan dans l’âme », mentionne sa conjointe Nathalie Mongeau, en entrevue avec le journal Les Versants

L’objectif de ce passionné de plein air n’est pas de brasser des affaires, mais de confectionner des manteaux chauds et confortables, adaptés aux conditions hivernales du Québec. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, Kanuk se limite au marché que son fondateur connaît : le Québec. Les manteaux de cette marque ne sont pas disponibles à l’extérieur de la province.

Le fondateur et président de Kanuk n’envisage pas un jour de grossir l’entreprise. « Louis raconte toujours qu’il veut voir ce qu’il conçoit. Il a ses propres limites, sa zone de confort, et c’est ce qui fait aussi la personnalité de Kanuk. C’est important pour lui de se promener sur le plancher et de connaître le prénom de ses employés. Cette proximité est importante. Qu’est-ce qui fait une bonne compagnie : qu’elle dure dans le temps ou qu’elle prenne de l’expansion? Des gens nous ont souvent demandé : “Pourquoi vous n’allez pas en Chine?” Et Louis leur répond toujours : “Vous croyez vraiment que je remercierais les employés qui travaillent pour moi depuis 40 ans pour leur dire que je m’installe en Chine? Je n’ai pas cette ambition.” Louis est la preuve que c’est possible de gérer une compagnie avec son cœur. Kanuk, c’est son bébé, sa création. L’hiver québécois lui est nécessaire. Il n’irait donc pas ailleurs », de raconter Nathalie Mongeau.

Elle estime que Kanuk fait partie de la culture québécoise, puisqu’elle représente une des façons dont les citoyens du Québec s’habillent lors de la saison froide. « Même si nos manteaux viennent d’ici, ce serait triste si tout le monde s’habillait de façon identique. Culturellement, je crois qu’on y perdrait. » 

Selon elle, s’il n’avait pas fondé Kanuk, Louis Grenier aurait fait autre chose; mais autre chose dans le domaine de la couture.

Une 5e génération de couturiers

Issu d’une famille œuvrant dans la couture depuis 1860, date de la fondation de Grenier Corsets, Louis Grenier est né à Montréal. Il représente la cinquième génération de couturiers chez les Grenier. Très jeune, vers cinq ans, il apprend à coudre sous les conseils de son père. À 16 ans, il confectionne son premier sac de couchage et ensuite, ses amis lui réclament tentes, manteaux, anoraks. En 1972, après des études de techniques textiles au Cégep de Saint-Hyacinthe, il fonde Kanuk et choisit comme emblème le harfang des neiges, un oiseau qui ne quitte jamais le Québec. Il dessine lui-même le logo qui deviendra la griffe de Kanuk. « Grenier Corsets se spécialisait dans les sous-vêtements. L’hiver, Louis avait froid. Il n’appréciait pas le changement de la laine bouillie au synthétique. C’est à ce moment qu’il a décidé d’étudier les textiles afin de retrouver les mêmes propriétés », explique celle qui se charge du contenu du catalogue Kanuk, publié chaque année en automne depuis 1980.

Catalogue Kanuk

En effet, Nathalie Mongeau, en plus d’être responsable de la publicité de l’entreprise, planche sur le catalogue Kanuk depuis son arrivée dans l’aventure. Le premier numéro a été tiré à 25 000 exemplaires, les photos étaient en noir et blanc et les modèles étaient des membres de la famille et quelques clients. Aujourd’hui, dans le numéro d’hiver 2015, on retrouve notamment les comédiens Benoît McGinnis, Isabel Richer, Guylaine Tremblay, Catherine-Anne Toupin, Sophie Faucher et Danielle Proulx, les athlètes Delphine Duvernay-Tardif, Philippe Gervais, Ophélie Juneau, Emmanuelle Bédard, Marie-Ève Rodrigue, mais aussi les sœurs Boulay, Boucar Diouf, Joé Juneau et l’auteure de la biographie de Georges Brossard, Barbara Kahle. Plusieurs de ces clichés ont été pris dans les décors du parc du Mont-Saint-Bruno. Mais pour d’autres photos, la photographe s’est parfois rendue à la ferme Milibro à Tingwick, au lac Sacacomie en Mauricie, ou encore dans les Chic-Chocs, pendant la Traversée de la Gaspésie.      

Grands amateurs de plein air, Nathalie Mongeau et Louis Grenier font souvent de la randonnée, du camping, du ski de fond et du canot. D’ailleurs, c’est en canot qu’ils se sont rencontrés. « Pour l’apprécier et jouer avec, il faut savoir s’adapter à l’hiver. Avec un bon manteau, c’est possible! » de conclure la Montarvilloise.