Un petit chagrin

Enfant, je ressentais toujours un sentiment de mélancolie lorsqu’une fête se terminait et que je retournais à la maison. Lorsque toute ma famille se réunissait et que j’avais l’opportunité de voir et de jouer avec mes cousins et mes cousines, je me souviens que chaque fois, il y avait ce sentiment de tristesse refaisant surface lorsque venait le moment de se séparer. Une sorte de boule dans la gorge qui durait quelques heures. Pas plus.  

Les célébrations de Noël, de Pâques, du jour de l’An ainsi que les anniversaires constituaient des occasions pour se revoir. On s’amusait beaucoup tous ensemble, parfois dans le sous-sol de mes grands-parents à Mascouche, parfois dans la cave au plancher de ciment de mon oncle et de ma tante à Mascouche, tantôt dans une cour arrière de Rivières-des-Prairies, tantôt dans le petit appartement de ma grand-mère boulevard Maurice-Duplessis, tantôt encore dans un sous-sol de Pointe-aux-Trembles. Bref… que de souvenirs!

Dimanche, c’était le troisième anniversaire de ma fille Alice. Pour l’événement, elle était entourée des siens; de tous ceux qu’elle aime, de tous ceux qui l’aiment.

Ma mère avait accroché son chapelet pour essayer d’amadouer dame Nature, et malgré la pluie du matin, la pluie de fin d’après-midi et les orages de la soirée, l’anniversaire de ma fille a été épargné. Ce qui a permis à Alice et ses amis, les Thomas, Magalie, Jasmine, Jonathan, Édouard, Katerine, Tania, de s’amuser ensemble pendant quelques heures, de s’arroser et de se livrer une belle bataille de ballounes d’eau en milieu d’après-midi, de jouer avec les « bébelles » qu’Alice partageait : petites voitures, livres d’histoire, poupées. Gâteau et cadeaux ont été offerts et vers 17 h, tout le monde avait quitté les lieux. Un bel anniversaire!

Une fois la maison vide, une fois seule avec papa et maman, Alice a repris son train-train quotidien, dans son petit monde. Je la regardais du coin de l’œil, sans qu’elle le sache, alors qu’elle jouait, alors qu’elle se frottait les cils du bout du doigt (un signe qu’elle répète depuis sa naissance lorsqu’elle est fatiguée), et puis je revoyais ce même chagrin que je ressentais à l’époque.

Dans ses yeux, dans son visage, dans ses gestes, cette même nostalgie de la fin de quelque chose. Pour un temps.

Un texte de Frank Jr Rodi

Journaliste et papa