Les CPE lèvent le ton

Coupes du gouvernement Couillard

Les centres de la petite enfance (CPE) du Québec ont vu leur budget coupé de 74 millions de dollars cette année. L’année prochaine s’annonce encore plus difficile avec des coupes annoncées de 126 millions. Pour dénoncer la situation, le regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie a amorcé une campagne de sensibilisation sous le thème « Les CPE en péril». Les CPE Les Contes de fées et Les Copains d’Abord participent à cette campagne.

Denise Bélisle, directrice du CPE Les Contes de fées, explique que pour pallier la coupe de 50 500 $ cette année, le conseil d’administration a décidé de ne pas remplacer une éducatrice qui a donné sa démission. « Nous avons réorganisé les horaires des éducatrices en place. Nous avons aussi aboli un poste de désinfection. Les éducatrices doivent donc prendre de leur temps pour effectuer cette tâche importante. »

La directrice ne peut croire que les CPE devront assumer une perte de 126 millions l’an prochain. « C’est fou, nous avons vécu une tempête. L’an prochain, c’est un tsunami qui nous attend. » L’administratrice ne sait pas comment elle va faire pour offrir des services de qualité aux enfants avec une telle situation. « Je refuse de couper notre conseillère pédagogique. On a besoin d’elle pour aider les enfants avec certaines difficultés à être prêts pour la rentrée à la maternelle. »

Pour le moment, Denise Bélisle envisage de peut-être être obligée de réduire les heures d’ouverture. « Nous sommes actuellement ouverts 11 h 30 par jour, soit 30 minutes de plus que ce que le gouvernement exige. Nous le faisions pour rendre service aux parents qui doivent se rendre à Montréal pour le travail et qui sont pris régulièrement dans les bouchons de circulation. Peut-être devrons-nous en revenir aux heures normales exigées. »

Elle poursuit en indiquant que jusqu’à maintenant, son CPE n’a jamais appliqué la règle qui veut que l’on donne une facture aux parents chaque fois que leur enfant passe plus de 10 heures au sein de l’établissement au cours d’une même journée. « Va aussi falloir commencer à regarder de ce côté pour récupérer de l’argent si le gouvernement va de l’avant avec sa coupe de 126 millions de dollars. »

Pour dénoncer ces coupes budgétaires, plusieurs CPE comme Les Contes de fée ont décidé d’afficher il y a deux semaines un panneau devant leur établissement. La semaine dernière, ils ont ajouté une affiche indiquant le total des années d’expérience cumulées au sein de leur personnel « Il est important que les gens sachent les coupes importantes que nous vivons et qui nous attendent», assure Mme Bélisle.

Regroupement de la Montérégie

Tout comme Les Contes de fées, les CPE de la région se disent à bout de souffle et assurent ne plus avoir aucune marge de manœuvre pour assurer la santé, voire la survie, de leur organisation. La directrice du Regroupement des centres de la petite enfance de la Montérégie (RCPEM), Claudette Pitre-Robin, n’hésite pas à questionner : « Serait-on en droit d’exiger de nos élus qu’ils comprennent l’impact réel des coupes, plutôt que de les aligner froidement sur des colonnes de chiffres? Il semble que personne au gouvernement ne voit que dans les CPE, il n’y a rien à couper : il n’y a ni bonus salarial, ni surplus budgétaire, ni bureaucratie. Plus des trois quarts du budget total sont consacrés au salaire des éducatrices, une masse salariale normée, qui respecte l’ancienneté et la formation; le reste n’est que du soutien et du service direct aux familles et aux jeunes enfants. »

Elle poursuit en soutenant que si les jeunes familles sont les premières victimes des coupes du gouvernement Couillard, c’est toute la province qui devra bientôt faire face aux répercussions sociales de cette orientation. « En effet, si on empêche les CPE de jouer leur rôle au sein de leur communauté; si on les empêche d’offrir des services de proximité aux familles et des services de garde dispensés par des éducatrices qualifiées; si on les prive des moyens leur permettant d’atteindre de hauts standards de qualité et de répondre aux besoins des enfants, on verra tous les efforts investis collectivement en prévention se solder par un cuisant échec pour notre société. »