Saint-Basile réfléchit

Règlement UV et financement des fosses septiques

La tension était au rendez-vous lors de la dernière séance du conseil municipal de Saint-Basile. Soixante-quinze Grandbasilois se sont déplacés pour manifester leur mécontentement et incompréhension devant la décision persistante de la Ville d’interdire le système de traitement tertiaire UV de fosse septique; situation qu’ils dénoncent chaque mois depuis le début de l’année. À défaut d’avoir eu un engagement de changement de décision pour l’adoption d’un règlement autorisant ce système, les citoyens ont obtenu des élus qu’ils réévalueraient l’idée d’une aide financière pour effectuer leurs travaux.

Pendant près de deux heures, des citoyens ont défilé au micro pour expliquer leurs démarches et recherches personnelles, et les raisons de leur préférence pour le système UV. D’autres ont profité de la tribune pour raconter les mésaventures vécues par les travaux déjà faits et faire part de leurs craintes quant au financement de ceux-ci.

D’entrée de jeu, le maire, Bernard Gagnon, a insisté sur le fait que le conseil municipal ne reviendrait pas en arrière pour ce qui était du système UV, et a énuméré les raisons de cette décision : « le système UV est le plus dispendieux de tous ceux autorisés par le ministère de l’Environnement; il est le seul pour lequel les municipalités doivent s’engager à l’entretenir si les propriétaires ne respectent pas leur contrat; il est aussi le seul qui demande à ce que les villes adoptent un règlement; des neuf systèmes autorisés par le ministère, cinq sont moins chers que le UV; et beaucoup de plaintes sur ce système sont enregistrées sur le site de Québec municipal. […] Dans ce contexte, nous ne sommes d’aucune façon intéressés à modifier notre position. » Après vérification, les opinions exprimées au www.quebecmunicipal.qc.ca semblent plutôt partagées sur le meilleur système à se procurer.

D’après la réaction des citoyens dans la salle, la majorité d’entre eux, sinon la totalité, paraissaient rejeter les arguments de la Ville. Des citoyens ont rapporté des faits qui, selon eux, ne représentent que des avantages d’avoir un système UV : moins d’espace pris par le système, financièrement plus rentable à long terme et plus écologique, obligation des propriétaires de faire faire les deux analyses annuelles. « Peu importe que le UV soit plus cher ou moins, nous voulons avoir le choix de notre système », a insisté Marc Dufresne, porte-parole du Regroupement pour l’action citoyenne à Saint-Basile.

Les systèmes possibles

Sur le site Internet du Bureau de Normalisation du Québec (BNQ), l’on retrouve cinq systèmes de traitement des eaux avancés homologués : Bionest (avec ou sans UV), Ecoflo (FDi ou DiUV), Enviro-Septic, EcoBox et Roseau épurateur. Selon Jean-Marie Beaupré, directeur général de la Ville, « tous les systèmes de traitement de fosses septiques sont acceptés à Saint-Basile, exceptés ceux impliquant le UV. Toutefois, à cause des conditions du sol, ce ne sont pas tous les systèmes qui peuvent être installés sur le territoire, ce qui réduit les choix. »

« Nous avons choisi d’habiter dans des secteurs isolés (de la ville) pour avoir plus grand de terrain. Nous vivons avec le fait que notre rue ne soit pas parfaite, en gravelle; que nous sommes les derniers à être déneigés, mais ce sont des choix que nous avons faits. Mais quand nous nous faisons imposer un système Écoflo FDi, alors que nous voulons un UV, nous nous faisons imposer la perte de jouissance de ce que nous avons choisit », a commenté une citoyenne, Annick Joly. Qui plus est, selon les recherches de cette dernière, les propriétaires de système de roseau épurateur seront confrontés d’ici peu à un problème : la disparition de la matière organique de laquelle leur système dépend.

Un règlement avant le 1er juillet

Les citoyens concernés par la problématique demandent à ce que le conseil adopte un règlement pour le UV avant le 1er juillet, date limite pour avoir droit au crédit d’impôt Logirénov.

Au moment d’écrire ces lignes, le conseil annonçait qu’il se pencherait à nouveau sur l’idée du financement des travaux lors de sa prochaine séance plénière, le 8 juin. « Nous ne contestons pas la performance du UV, mais compte tenu du règlement provincial, nous ne voulons pas être obligés de courir après les propriétaires pour leurs analyses d’eau, comme nous le vivons avec des propriétaires de système Écoflo FDi, de souligner M. Beaupré. Advenant que le conseil change d’idée pour le UV, il est certain que ce ne sont pas les citoyens qui décideront de l’entretien. » Quant au financement, il se pourrait que les citoyens aient un choix : ajouter les frais sur leur avis d’imposition ou sur leur hypothèque.

La prochaine séance ordinaire du conseil municipal étant prévue le 6 juillet, ce dernier devra alors prévoir deux séances extraordinaires s’il change d’idée.