Des citoyens ne lâchent pas le morceau

Fosses septiques et règlement UV

Des citoyens aux prises avec des fosses septiques non conformes au règlement provincial Q-2 r.22, et auquel la Ville de Saint-Basile les oblige de se conformer avant la fin de l’année, persistent dans leur demande à la municipalité de pouvoir choisir leur système: UV ou Biofiltre Écoflo FDi.

Rappelons que l’été dernier, la Ville de Saint-Basile a fait inspecter 80 propriétés pour lesquelles les informations sur les fosses septiques manquaient ou n’étaient plus à jour. Les propriétaires ont par la suite reçu un avis les obligeant à se conformer au règlement Q-2 r.22 de la loi sur la qualité de l’environnement, et ce, avant le 1er juillet 2015. À force de discussion, il a été convenu que ceux qui le souhaitaient obtiendraient un délai prolongé « raisonnable », soit avant le 31 décembre 2015. Cet été, 80 autres propriétés seront inspectées.

Ceci étant, les résidants n’ont d’autre choix que de procéder aux travaux de remplacement de leur système de fosse septique, évalués par un ingénieur qualifié. Mais là où certains protestent, c’est sur le choix du système à installer. En mars dernier, la Ville persistait dans son refus d’autoriser l’installation de système UV, et ce, malgré l’avis positif du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques sur ce type de traitement.

180 municipalités acceptent le UV

À ce jour, 180 municipalités au Québec auraient voté un règlement UV. Saint-Basile est d’ailleurs entourée de plusieurs d’entre elles : Saint-Jean-sur-Richelieu, Chambly, Carignan, Saint-Damase, Saint-Mathias-sur-Richelieu, Rougemont, Saint-Jean-Baptiste, Mont-Saint-Hilaire, Beloeil, Saint-Marc-sur-Richelieu, Saint-Denis-sur-Richelieu, Saint-Ours, Sorel-Tracy, Saint-Hyacinthe, Saint-Denis-sur-Richelieu, Saint-Antoine-sur-Richelieu, Saint-Amable, Verchères, Varennes, Saint-Mathieu-de-Beloeil, Sainte-Julie et Saint-Bruno-de-Montarville.

Plus gros et plus coûteux

Dans son refus de réglementer le système UV, la Ville de Saint-Basile oblige alors les propriétaires à installer le système BiofiltreÉcoflo FDi, lequel, selon sa superficie, peut prendre jusqu’à neuf fois plus d’espace (fosse septique, biofiltre et filtre de désinfection : 782 pieds carrés), sans oublier une bosse apparente d’environ deux pieds en surface. Avec la fosse septique et le réservoir de procédé Bionest, le système UV occuperait seulement 85 pieds carrés, et sans aspect visuel.

Aussi, selon le Guide Perrier, le système BiofiltreÉcoflo FDi serait plus cher à installer que le UV. À titre d’exemple, une maison de trois chambres coûterait 10 000 $ maximum pour l’installation du UV, alors que le BiofiltreÉcoflo FDi reviendrait à 17 500 $ maximum.

Quant aux coûts d’entretien, ceux-ci seraient sensiblement pareils pour les deux systèmes. Selon une analyse de coûts réalisée par Aqualabo.ca, un laboratoire accrédité par le ministère de l’Environnement, le prix total pour les deux analyses annuelles s’élèverait à 304,68 $ (2 x 152,34 $) dans le cas d’un système Écoflo FDi. Ces coûts comprennent le prélèvement par un spécialiste et son analyse en laboratoire. À ce montant, il faut ajouter 135 $ pour l’inspection annuelle obligatoire en 15 étapes selon la certification BNQ du produit. Le total des frais d’entretien annuels du système UV se situerait entre 460 $ et 500 $. « La différence est négligeable compte tenu des avantages de la technologie UV », estiment Robert Harvey et Marc Dufresne, deux résidants interpelés par la situation, qui rejettent les arguments financiers de la Ville.

En février dernier, le directeur général de la Ville, Jean-Marie Beaupré, justifiait ainsi la décision du conseil municipal : « Si les citoyens ne respectent pas leurs contrats d’entretien signé avec la compagnie, ce sera à la Ville de payer la facture, et le conseil ne veut pas embarquer là-dedans ».

Dans le cas d’un système UV, les analyses sont obligatoirement réalisées par la compagnie, et les résultats, transmis au ministère de l’Environnement et à la Ville. Quant au Écoflo FDi, il n’est pas obligatoire pour les propriétaires de faire affaire avec une compagnie pour l’analyse de l’eau, deux fois par année. Selon Aqualabo.ca, il en coûterait 97,64 $ pour le faire soi-même; ceci ne compte pas l’achat des contenants stérilisés et le transport réfrigéré vers le laboratoire d’analyse. Toutefois, selon les Laboratoires Bios-Services, « il est préférable de ne pas effectuer les prélèvements vous-même, la validité des analyses pourrait en être mise en cause. […] L’échantillonnage peut nécessiter des méthodes ou des équipements particuliers. De plus, il est parfois souhaitable d’effectuer certaines analyses directement sur le terrain. »

Au moment de mettre sous presse, la Ville de Saint-Basile n’avait pas rappelé le journal.

Un jardin dévasté et une retraite ruinée

Benoit Farly et sa conjointe ont vu leur jardin complètement détruit par les travaux d’installation de leur nouveau système de fosse septique (Écoflo FDi). « Mon épouse et moi avons travaillé plus de quarante ans afin de créer un jardin pour les oiseaux. Nous ne comptons pas les dépenses pour les achats des végétaux afin de ne pas nous enlever le courage qu’il nous reste pour tout reconstruire, exprime-t-il. Notre jardin était composé d’arbres matures que nous avions plantés un à un, d’un jardin d’eau nécessaire à la faune ailée, ainsi que d’une partie qui reste en fleurs comprenant plusieurs espèces suivant les temps de la saison pour les floraisons. »

Bernard Tardif pense pouvoir oublier sa retraite tranquille. Il y a 38 ans, il achetait sa maison sur le boulevard Richelieu. Il y a cinq ans, après le décès de sa femme, il a dû hypothéquer sa résidence, puisque des raisons de santé l’ont obligé à arrêter de travailler. À 60 ans, sa maison est totalement payée et, aujourd’hui, il ne vit que de ses rentes du Québec. « Je vis sous le seuil de la pauvreté et là, je suis dans une impasse alors que la Ville me demande de trouver une grosse somme d’argent pour changer ma fosse septique, raconte-t-il. On m’a refusé le délai d’un an que j’avais demandé pour trouver une solution financière. »

M. Tardif a jusqu’au 1er octobre pour réaliser ses travaux, sinon il pourrait recevoir une amende située entre 1 000 $ et 5 000 $. « Je vis une angoisse terrible qui n’aide pas à ma santé. Je serai alors dans l’obligation de vendre ma maison… Triste fin de vie pour moi qui ai travaillé toute mon existence pour atteindre un peu de sérénité à 60 ans. »

Des membres du Regroupement pour l’action citoyenne à Saint-Basile, mis sur pied par messieurs Harvey et Dufresne, se présenteront au prochain conseil municipal, le 1er juin. « Nous ne sommes pas contre le fait qu’il nous faille changer nos systèmes de fosses septiques; nous sommes contre l’obstination de la Ville de refuser le UV. Nous voulons avoir le droit de choisir notre système! » La prochaine séance sera décisive pour ces résidants qui attendent un signe de bonne foi de la municipalité dans ce dossier.

Une pétition est disponible en ligne pour ceux qui voudraient soutenir la cause: http://www.petitions24.net/fosses_septiques_a_st-basile-le-grand.